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Défis et risques d’une Eglise médiatrice

L’expérience de l’Eglise catholique dans le conflit du Chiapas

Elena LASIDA

04 / 1999

L’histoire du Chiapas est celle des Indiens de Mexique, mais plus largement, celle des populations indigènes en général. C’est leur autonomie, leurs terres et leur droit à vivre qu’ils défendent. Cette lutte a donné lieu à des mouvements de résistance indigène présents dans la région depuis de nombreuses années. La terre de Chiapas a été le témoin de plusieurs soulèvements, dont le dernier est celui du 1er janvier 1994, appuyé par l’Armée Zapatiste de Libération Nationale (EZLN). Suite à ce soulèvement, des négociations de paix entre le gouvernement et l’EZLN se sont mises en place. Une première partie des négociations réalisées à San Andrés, a abouti à des accords. Mais quelques éléments de ces accords ont été ensuite jugés inacceptables par le gouvernement, ce qui a provoqué l’interruption des négociations. Depuis janvier 1997, le dialogue s’est interrompu et la situation détériorée.

Pendant les négociations, deux institutions de médiation ont été créées, dont l’une - la CONAI - était présidée par Mgr Samuel Ruiz, évêque de San Cristobal de las Casas. Suite à l’interruption des négociations, la CONAI, et notamment Mgr Ruiz ont continué leur travail de médiation en déployant leurs efforts pour que le dialogue soit repris. Mais le gouvernement a, au contraire, endurci sa politique d’agression et d’extermination des populations indigènes. D’une part, il a créé des groupes paramilitaires avec des indiens, en leur donnant des armes, des aliments et de l’alcool. Le conflit a ainsi pris l’aspect d’une guerre de basse intensité ; la politique d’extermination a pris la forme d’une guerre inter-communautaire. D’autre part, le gouvernement a commencé une persécution systématique contre l’Eglise catholique, et notamment contre le diocèse de San Cristobal de la Casas et son évêque : agression physique contre des proches de Samuel Ruiz et campagne de discrédit à son égard, expulsion de 7 prêtres sur la base de fausses accusations, refus concret pour les agents de pastorale étrangers de pouvoir résider sur place, emprisonnement de 4 prêtres accusés faussement et en violation flagrante des droits de l’homme, fermeture de quelques 40 églises, mandats d’arrêt à l’encontre de nombreux prêtres, religieuses et missionnaires, pression exercée sur divers paysans pour qu’ils affirment que le diocèse livre des armes à leurs communautés, directives données à différents moyens de communication pour qu’ils faussent les nouvelles, création d’un climat de lynchage, profanation du Saint-Sacrement dans différentes églises par la police de sécurité. Cette agression contre l’Eglise catholique, contre le diocèse de San Cristobal de las Casas, contre l’évêque médiateur, et plus largement encore, contre toute médiation, déclarée par le gouvernement comme non nécessaire, a conduit Mgr Samuel Ruiz à la démission de la présidence de la CONAI, laquelle a décidé par la suite de se dissoudre. Mgr Samuel Ruiz a donné les raisons de sa démission dans une homélie prononcée le 7 juin 1998. Il a alors souligné que sa démission à la commission d’intermédiation n’était pas un renoncement au travail pour la paix au Chiapas, mais tout au contraire, un cri pour réclamer les conditions essentielles pour la construire.

Palabras claves

mediación para la paz, represión, negociación


, México, Chiapas

Comentarios

La démission de Samuel Ruiz à son rôle de médiateur a été jugé par certains comme un signe de faiblesse face aux pressions subies. L’évêque a pourtant répété à plusieurs égards que son renoncement n’était pas une résignation face à l’escalade de violence, mais un changement dans la façon de s’y opposer. N’empêche que le travail de médiation a échoué. Cet échec pose des questions au rôle médiateur de l’Eglise. Jusqu’où l’Eglise peut être médiatrice sans prendre partie ? Peut-elle garder la nécessaire neutralité du médiateur quand la relation d’injustice qu’une partie exerce sur l’autre est si flagrante ? Comment réagir quand elle passe de médiatrice à victime ? Dans quelles conditions la médiation de l’Eglise peut-elle se révéler efficace ? De quoi dépend l’éventuelle réussite de sa médiation : d’une personnalité charismatique, de sa force institutionnelle, de sa base communautaire, de sa capacité de négociation ou de sa dimension symbolique ? C’est finalement toute la relation entre le sacré et le politique qui est en jeu dans le rôle médiateur de l’Eglise.

Notas

Homélie de Mgr Samuel Ruiz, Dial, D 2229, 16-30 juin 1998.

Fiche réalisée dans le cadre de l’atelier sur ’ Religion et Paix ’, La Haye, mai 1999

Fuente

Relato de experiencia ; Artículos y dossiers

Homélie de Mgr Samuel Ruiz in. Dial, 1998/06, 2229

Centre de Recherche sur la Paix - Institut catholique de Paris - 21 rue d’Assas, 75006 Paris FRANCE- Tel 33/01 44 39 84 99. - Francia - www.icp.fr/fasse/crp.php

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