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La réinsertion sociale des enfants-soldats au Mozambique

La référence à la culture mozambicaine a servi à initier à la guerre les enfants-soldats ; elle peut aujourd’hui servir à les réinsérer

Sidiki Abdoul DAFF

03 / 2001

Le Mozambique, ancienne colonie portugaise, acquiert son indépendance en 1976 après une guerre de libération nationale menée par le Front de Libération pour l’Indépendance du Mozambique (FRELIMO). Très tôt l’Etat doit faire face à la résistance nationale du Mozambique (Renamo)qui entretient une guerre civile sanglante pendant plus de dix ans. En réalité ce mouvement a été créé par les services secrets rhodésiens en 1976 afin de déstabiliser le nouveau régime mozambicain, puis a été soutenue, à partir de 1980, par l’Afrique du Sud dans le même dessein. Avec les bouleversements intervenus en Afrique Australe (indépendance de la Rhodésie qui devient Zimbabwé; puis fin de l’apartheid en Afrique du Sud), ce mouvement obtient une totale autonomie et se mue en mouvement politique armé ayant pour objectif la prise du pouvoir.

L’une des caractéristiques de ce mouvement est l’enrôlement des enfants dans son armée. Les enfants présentaient l’avantage sur les adultes de pouvoir s’identifier et de se mouler totalement à un nouveau groupe auquel ils appartenaient. La formation de leur personnalité étant en construction, il était facile de leur inculquer des valeurs militaires. Tout au long du conflit et plus particulièrement dans la seconde moitié des années 1980, la RENAMO a recouru à l’enlèvement de jeunes enfants dont elle soumettait un certain nombre à un entraînement militaire et à un processus de socialisation guerrière destiné à en faire de véritables combattants. Une fois l’enfant ’recruté’, on créait une rupture avec son milieu d’origine par la transgression majeure des valeurs transmises durant l’enfance, ce qui est une forme de rupture de la transmission des valeurs que les parents ont commencé à inculquer à leurs enfants. Par exemple, plusieurs enfants ont été obligés d’assassiner eux-mêmes leurs propres parents ou d’assister à leur exécution. Ensuite les enfants étaient soumis à une série d’épreuves douloureuses destinées à éprouver leur résistance physique et morale et en même temps, ils subissaient une initiation violente empruntant des éléments de la culture mozambicaine.

Après leur premier meurtre, ils avaient droit à une cérémonie rituelle, célébrée par un ’curandeiro’ (prêtre traditionnel-médecin)appuyant sa pratique sur la communication avec les ancêtres et les esprits. Cette cérémonie était généralement suivie de réjouissances festives. Les curandeiros initiaient ainsi les jeunes recrues à tous les aspects de la culture magico-religieuse, les lavaient de leur culpabilité et leur offraient des breuvages ou des talismans supposés les rendre invulnérables aux balles ennemies. Au terme de cette cérémonie, le jeune enfant accédait officiellement au statut d’adulte et de ’guerrier’, ce qui lui était symboliquement signifié par l’octroi d’ornements particuliers et de protections magiques. Il pouvait, dès lors, prendre part au partage des richesses conquises au cours des attaques ; de la nourriture, des biens de consommation - en particulier des vêtements - mais aussi des femmes. Beaucoup de jeunes adolescents étaient ainsi ’mariés’ et pouvaient éventuellement avoir plusieurs épouses. D’enfants pubères, ils passaient directement à l’âge adulte en échappant au contrôle des parents. Le rite permettait aussi de les déculpabiliser des tabous transgressés - notamment le meurtre des parents.

Dès lors, il apparaît que la violence a une fonction intégratrice et de familiarisation avec la souffrance d’autrui, fut-il un proche. Vis-à-vis des populations, la dimension culturelle et spirituelle est mise en avant car la Renamo se définit comme l’envoyé des ancêtres, pour mener une ’guerre des esprits’. Une telle pratique a eu pour effet de paralyser les populations paysannes, qui ont en face d’eux des enfants tuant et mutilant des civils sans exprimer la moindre hésitation ni le moindre doute, et tout à fait incapables d’entendre raison. Les paysans étaient pris d’une peur panique qui les poussait à fuir dans le meilleur des cas, ou inhibait toute capacité de résistance.

Palabras claves

guerra civil, niño soldado, educación para la paz, cultura de paz, cultura de violencia, reintegración de los combatiente


, Mozambique

Comentarios

Les accords de paix conclus le 4 Avril 1992 ont mis fin à la guerre. La Renamo, consciente qu’elle ne peut gagner cette guerre, s’est convertie en force politique civile participant aux élections. Le gouvernement mozambicain doit rééduquer et réinsérer ces enfants soldats. Cette phase est la plus complexe car elle fait appel à la culture mozambicaine dont certains aspects ont été négativement utilisés par le Renamo pour embrigader les enfants dans son armée. Cette dimension n’a pas été pas toujours été comprise par les organismes internationaux qui ont envoyé des bataillons de psychologues et psychiatres armés d’un savoir-faire universel qui n’a pas été payant dans le cas du Mozambique. Il a fallu recourir aux curandeiros qui ont utilisé des rituels de purification et des sacrifices pour déculpabiliser ces enfants, première étape pour les socialiser. Il a fallu aussi réactiver tout un ensemble de processus de réconciliation et de pardon dont les enfants ont été les premiers bénéficiaires.

Pour que cette réinsertion soit efficiente, il est indispensable qu’il y ait des mesures d’accompagnement pour offrir à ces adolescents, privés d’enfance et de la possibilité d’étudier et qui ne savent que faire la guerre, des sources légales de revenus. C’est à ce niveau que la communauté internationale peut intervenir efficacement en fournissant au gouvernement un appui conséquent.

Fuente

Informe ; Artículos y dossiers

WEISSMAN,Fabrice, LEGRAND, Jean-Claude, Enfants-soldats et usages de la violence au Mozambique, - Françoise SIRONI, Les stratégies de déculturation dans les conflits contemporains, La revue de psychiatrie Nord/Sud, n°12, 1999.

CERPAC (Centre d'Etudes et de Recherches Populaires pour l'Action Citoyenne) - HAMO 6 villa N81, Guédiawaye, SENEGAL - Tel/fax : (221)837 12 10 - Senegal - sidiki.daff (@) sentoo.sn

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