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La sénégalisation d’une ONG américaine (RODALE International)

Espoirs et désillusions d’un responsable

Ansoumana SANE, Benoît LECOMTE

10 / 2001

Ansoumana Sane, cadre de l’ONG Rodale-Sénégal, explique ceci :

"Au départ l’équipe était dirigée par un américain mais à partir de 1990 l’équipe a été sénégalisée à 100 pour cent. C’est en 1995 qu’on a posé le principe qu’au bout de 10 ans normalement l’Institut Rodale devait se retirer pour laisser la place à l’équipe sénégalaise et en tout cas d’arriver à un processus d’autonomisation. Les gens se disaient que quand on accompagne quelqu’un pendant 10 ans, après cette période la personne peut voler de ses propres ailes et l’Institut Rodale se situait dans ce sillage. Depuis 1995, l’équipe a commencé à travailler sur ce processus de "sénégalisation" en élaborant des statuts, des règlements intérieurs, en nommant un comité directeur qui devait servir de conseil d’administration et en essayant de trouver avec les autorités du pays un moyen d’introduire le dossier au niveau de l’Administration pour qu’en août 1999 (soit 10 ans après la création de Rodale International au Sénégal en 1989), on puisse entrer dans la phase réelle de sénégalisation.

On a travaillé dur jusqu’en 1998 compte tenu du fait qu’on avait un an pour accéder à cette phase d’autonomisation. On a essayé de faire un plan stratégique qui pouvait nous orienter, nous permettre de savoir où on devait aller et comment faire en sorte que tous les financements d’ici là puissent être trouvés soit localement au Sénégal soit à l’extérieur. On a fait une autocritique de ce qu’on avait fait de 1989 à 1998 ainsi que des projections pour l’avenir. L’équipe a demandé à l’Institut Rodale, quand on faisait la restitution du plan stratégique, que le partenariat ne soit pas terminé en août 1999, car il fallait qu’on trouve un schéma pour prendre la relève de façon efficiente. On avait demandé à l’Institut de nous accompagner sur le plan institutionnel jusqu’en 2002. Puisqu’en août 1999 on devait être une organisation sénégalaise on voulait que les financements soient dégressifs. On demandait 75 pour cent de financements en 1999, 50 pour cent en l’an 2001 et 25 pour cent en l’an 2002. On pensait aussi qu’il devait y avoir un protocole d’accord à partir d’août 1999 pour régir les rapports entre les deux organisations, l’organisation locale qui était américaine et devenait sénégalaise et l’ancien partenaire, l’Institut Rodale qui a beaucoup apporté à Rodale Sénégal. En Juin 1999, on a reçu une mission de l’Institut Rodale venue à Thiès pour essayer de discuter du problème de sénégalisation à deux mois de la fin du programme.

Notre grande surprise fut d’entendre les Américains remettre en cause le système d’autonomisation. Leur représentant a dit que selon la perception de Rodale sur la vie de l’équipe au Sénégal, il y avait trois raisons fondamentales pour surseoir à la sénégalisation : l’équipe du Sénégal n’était pas encore assez forte pour devenir autonome ; il y avait un déficit de communication entre l’équipe de Thiès et l’Institut Rodale aux Etats-Unis ; enfin que ce serait dommage qu’ils travaillent avec nous pendant une dizaine d’années et qu’ils nous laissent partir comme ça. Ce qu’il faut dire c’est que celui qui disait cela gérait ce dossier depuis 1995, et se trouvait être l’ancien directeur de Rodale Sénégal qui est maintenant basé aux Etats-Unis et qui est sénégalais d’origine. Nous avons relevé certains équivoques.

Selon nous, les "américains" n’ont pas expliqué clairement pourquoi ils remettaient en cause le système de sénégalisation. Ils disent que l’équipe n’est pas forte ? Nous pensons qu’il y a une contradiction. Parce que sur le plan des ressources humaines je crois que l’équipe Rodale-Sénégal est l’une des ONG qui a le plus de cadres et sur le plan de la compétence, de la performance et de l’endurance au travail, je crois que c’est une équipe qui a fait ses preuves. Par exemple on nous avait demandé d’essayer de mobiliser des financements au niveau local (50 millions CFA - 500 000 FF à trouver en 2 ans). Or entre 97 et 99, l’équipe de Rodale a pu mobiliser, au Sénégal même, au moins 172 millions de CFA pour de petits programmes élaborés par les comités de base et pour des programmes de communication destinés à relancer le département communication de Rodale. Si l’équipe était faible elle ne serait pas arrivée à ce résultat ! De plus l’équipe était prestataire de service pour des donneurs d’ordre et de programmes pour lesquels la sélection était très rigoureuse.

Sur le deuxième point on s’est dit que c’était un problème de communication entre la directrice (sénégalaise) qui dirige l’équipe de Thiès et le directeur technique (sénégalais) basé aux Etats-Unis, ancien directeur de Rodale Sénégal donc un problème de personnes.

Enfin des gens qu’on a accompagnés pendant 10 ans, ne faut-il pas un jour les lâcher ? Nous pensons qu’une coopération au développement doit avoir un temps et que cet appui institutionnel doit essayer de s’estomper progressivement, sinon est-ce que cette personne pourra marcher toute seule ?

En définitive, ce que l’équipe a retenu, c’est qu’on n’a pas le choix, que les rapports entre ONG du Nord et ONG du Sud sont ainsi et que ce sont des rapports de force inégaux. Comme c’est Rodale Institute qui a les moyens de faire fonctionner l’équipe qui est au Sénégal, on voit mal comment contrer sa décision de renoncer à l’autonomisation bien que l’équipe du Sénégal sait, elle, qu’elle est prête pour affronter ce nouveau défi."

Palabras claves

ONG del Norte, ONG del Sur, cooperación, alianza


, Senegal, Thies

Comentarios

Deux pas en avant, trois pas en arrière. Telle paraît être la façon de faire d’une ONG américaine qui semblait d’accord pour faciliter l’autonomie de son équipe sénégalaise. Notre interlocuteur conclut, désabusé, que la balle est rarement du côté de ceux qui n’ont pas de fonds propres...

Notas

Entretien avec SANE, Ansoumana, réalisé à Thiès en juillet 1999.

Fuente

Entrevista

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