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Formation et sensibilisation à l’environnement par des plantations villageoises volontaires à Bla au Mali

La méthode de travail de l’Association pour la Promotion du Secteur Rural (APSR)

Issa DENON, Christophe VADON

2001

Issa DENON, membre-fondateur de l’APSR (Association pour la Promotion du Secteur Rural) explique leur démarche : " Etant donné que dans l’association il y a toujours des ressortissants de tel village, on a essayé de distribuer, gratuitement d’abord, des plants à chaque responsable de village pour que ceux-ci puissent planter aux abords de leur village, essayer de créer un petit bourg villageois. Nous nous sommes dits : "ce sont les villageois eux-mêmes qui peuvent protéger la forêt et l’environnement, mais pas l’administration." Donc ce transfert de compétences et technologies a commencé comme ça dans la commune de Bla.

Aujourd’hui on commence à voir les premiers résultats de nos plantations. En voici quelques exemples le service public des Eaux et Forêts a vu notre méthode d’approche participative et trouve que c’est la meilleure. Ils nous ont alors proposé de nous aider : si on leur fournissait des plants, ils étaient prêts à collaborer afin de faire un hectare d’eucalyptus juste à l’entrée du village ; c’est une fierté pour nous.

A Kadiara, il y a un potager : c’est une pépinière en culture maraîchère, d’une superficie d’un hectare et les paysans ramassent eux-mêmes les pots, produisent les plantes et ils les vendent. L’année dernière je leur ai envoyé 2000 pots (1000 à chaque pépiniériste). A Bla, je fais un communiqué à la radio pour dire aux enfants : " pendant les vacances, au lieu de rester chômer, ramasser les sachets plastiques, et ramenez les à l’ASPR, nous les payons. " Après avoir passé le communiqué, pendant deux ou trois jours, nous sommes envahis. On achète de 2000 à 5000 sachets et ensuite nous payons les enfants pour qu’ils les nettoient. On les stocke pour les envoyer dans les pépinières.

Les paysans nous ont aussi demandé la poursuite de l’action pisciculture que nous avions commencé puis laissé tombé faute de moyens. Cela leur tient à coeur. Cependant le besoin principal c’est la formation et l’échange entre paysans. Par exemple, prendre des paysans de Kadiara, les amener à Ségou pour qu’ils comparent leurs méthodes de travail.

Depuis l’année dernière, nous avons essayé de restructurer notre association. Nous nous sommes dits qu’il fallait que les villageois aient conscience du développement, que la protection de l’environnement était leur affaire ! Mais on ne peut pas protéger un environnement sans une formation, sans une connaissance. Il faut d’abord qu’il y ait un changement de mentalité. Nous sommes en train d’oeuvrer pour cela, pour que les villages prennent conscience de la protection de leur environnement, parce que c’est à eux qu’appartient cet environnement. Donc à Bla, nous avons installé une antenne dirigée par un militaire écologiste en retraite. Il est dévoué à la cause de la protection de l’environnement, parce que tout ce que nous faisons, nous le faisons par vocation, par amour pour le métier et surtout il faut que l’intéressé soit disponible en tout temps et en tout lieu pour aller de la ville à la campagne, sensibiliser les villageois, les paysans, pour leur montrer que leur devenir ne tient qu’à la protection de l’environnement. Que quand ils ont un environnement sain, une bonne santé, ils ont de la nourriture, ils pourront se vêtir, etc... Tout passe par la protection de l’environnement. Comme vous voyez, notre premier objectif c’est de protéger l’environnement. Cela prend plusieurs aspects, mais ce qui préoccupe les gens, c’est la formation, la communication, sans cela les villageois ne peuvent pas percevoir la réalité. Maintenant ils commencent à comprendre que la protection de l’environnement, leur vie en dépend.

Nous les encadrons, nous cherchons des marchés pour eux, parce que ce sont des privés, mais tout en insistant sur le fait que la production de plants en soi, est une bonne chose. Mais il faut que le résultat final vienne des villageois, que les villageois aient conscience qu’il faut produire les plantes, planter, entretenir pour protéger notre environnement.

Malheureusement nous n’avons pas pu avoir toutes les séances de formation que nous voulions. En plus, ceux qui travaillent avec moi, comme volontariat, ils ont tendance à ne pas continuer.

Je vais vous raconter comment nous procédons à nos séances d’animation. Quand nous arrivons dans le village, nous contactons le responsable administratif, le chef du village et ses conseillers, nous associons les femmes et les jeunes, et ensuite les partis politiques. On demande quels sont les problèmes environnementaux. Ils nous présentent leurs problèmes. On leur dit : "C’est très simple ! Il faut d’abord planter, pour planter il faut avoir des semences, il faut avoir un petit endroit dans vos jardins. Chaque famille devrait arriver à produire 5 ou 6 karités, 3 nérés, des arbres locaux, des essences locales qui se trouvent dans votre village, de l’eucalyptus et toutes les essences utiles pour le bien être qui rentre dans l’alimentation. Vous les produisez, puis vous les redistribuez à d’autres familles. Un chef de famille doit au moins planter 5 arbres. Il y a certaines clairières qui entourent le village, il y a certain parcours, il y avait assez de grands arbres qui ont disparu donc, il faut planter à la place de ces grands arbres. Si vous arrivez à planter comme ça et dans des endroits jadis boisés pour former un rideau brise vent, vous protégerez votre village. Non seulement vous arriverez à protéger votre village mais vous allez en plus produire les fruits que vos enfants mangeront. Au moment des pluies, les marigots vont faire leur plein et le poisson qui avait quitté le marais reviendra.

Ensuite ils prennent petit à petit conscience, ils demandent : "comment faire ? Nous n’avons pas les moyens". On leur répond qu’il y a les moyens dont ils disposent ici : beaucoup de dabas, vos vieilles calebasses qui servent à ramasser les ordures etc. Il faut tout utiliser avant que la solution n’arrive de l’extérieur. Ce don extérieur n’est pas une paix en soi, car un jour ou l’autre ça va s’arrêter. Donc il y aura encore les petits problèmes, alors autant compter sur ses propres forces. Souvent les vieux sont d’accord et disent : " donc, nous produisons nos plants sur place et nous les plantons. Tout ce que nous vous demandons c’est l’encadrement. Venez voir certains jours, comment c’est planté, là où il faut planter, comment entretenir et nous encadrer techniquement ".

Palabras claves

reforestación, protección ambiental, comunidad campesina, educación ambiental, medio rural


, Mali, Bla

Comentarios

Notre interlocuteur présente ici sa méthode de sensibilisation aux problèmes d’environnement. Il se déplace dans les villages et convainc chaque famille de planter au moins cinquante arbres chaque année. Chaque village a une pépinière. Son objectif est simple : rétablir un environnement viable et sain, avec les moyens du bord tout en faisant prendre conscience aux villageois de leur intérêt dans cette démarche.

Notas

Voir fiche GRAD extraite du même interview.

Entretien avec DENON, Issa réalisé en 1998 à Mopti par VADON, Christophe

Fuente

Entrevista

VADON, Christophe ; GUERIN Jérémie.

GRAD (Groupe de Réalisations et d’Animations pour le Développement) - 228 rue du Manet, 74130 Bonneville, FRANCE - Tel 33(0)4 50 97 08 85 - Fax 33(0) 450 25 69 81 - Francia - www.grad-france.org - grad.fr (@) grad-france.org

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