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Expériences et réflexions sur la reconstruction nationale et la paix

Coordonné par Claire Moucharafieh, FPH

1994

Ce dossier est un recueil d’expériences, de témoignages et de réflexions préparé en vue de la rencontre « Rwanda : reconstruire » qui a eu lieu à Kigali en octobre 1994.

Il a servi d’outil de travail aux 150 participants rwandais mobilisés pendant une semaine à Kigali pour réfléchir aux moyens de relever les principaux défis de reconstruction de leur pays et jeter les bases d’un plan de paix durable au Rwanda. Ces textes et fiches de cas, lus et analysés en séance de travail, avaient pour but d’alimenter et d’enrichir la réflexion des participants, de donner des pistes de travail ou des éclairages spécifiques sur d’autres expériences de passage de la guerre à la paix, à travers le monde.

Onze défis pour la paix au Rwanda

Ces 11 défis pour la construction de la paix, identifiés par les Rwandais, vont structurer tout le travail préparatoire, puis le séminaire international de Kigali. C’est à partir de cette trame stratégique que l’appel à contribution a été lancé, en France et dans le monde : chaque personne sollicitée, en fonction de son expérience spécifique sur l’une des problématiques, devait raconter la manière dont son pays avait relevé le défi, ou, s’il s’agissait d’un responsable d’ONG, tirer les enseignements d’une pratique sur le terrain. Il était donc important, pour la compréhension générale de ce dossier et du processus général de la Conférence d’en rappeler les termes.

1. Justice et impunité

Tout le monde s’accorde à dire qu’il est fondamental que les criminels soient jugés pour ne pas confondre tout un peuple avec les auteurs du génocide. Après un génocide, peut-on fonder la réconciliation sur l’oubli ? Les massacres précédents, depuis 1959, ont été impunis : cette impunité n’a-t-elle pas porté en germe le génocide de 1994 ? comment séparer justice et vengeance ? quelle différence de traitement appliquer au crime de génocide rwandais le tribunal international crée pour l’ex-Yougoslavie ? Dans ce cas, le processus judiciaire permettra-t-il de démontrer les mécanismes qui ont conduit au génocide ? Sera-t-il en même temps un moment d’éducation populaire à la paix ? comment distinguer la responsabilité des instigateurs du génocide, qui ont parfois gardé les mains blanches, de celle des exécutants aux mains rougies de sang qui sont parfois des enfants ? quels rapports entre justice et pardon, entre justice et réconciliation ? comment renforcer un appareil judiciaire national exsangue ? comment atteindre réellement les principaux responsables réfugiés à l’étranger ? comment sanctionner la complicité active ou passive, par intérêt géopolitique ou inconscience, de certains gouvernements étrangers dans la mise en place des conditions psychologiques et matérielles du génocide ?

Les fiches sur ce thème :

2. Les réfugiés

La guerre, souvent, suscite un afflux de réfugiés, de personnes déplacées qu’il faut ensuite réinsérer dans des structures agraires, économiques, sociales, bouleversées. Le Rwanda double la mise. Il y a les « anciens » réfugiés, principalement Tutsis, produits des massacres de 1959, 1963, 1973 et 1990, qui sont massivement rentrés au pays. Il y a les « nouveaux », principalement Hutus, dont il faut faciliter le retour. Quelle place faire aux uns et aux autres ? y a-t-il d’autres issues que le « retour au pays » ? faut-il privilégier retour collectif ou retour individuel ? comment combattre la manipulation de l’information dans les camps de réfugiés ? Comment créer des structures d’accueil tant à court terme qu’à long terme pour assurer les conditions matérielles de leur rapatriement, mais aussi envisager globalement les conditions de leur réinsertion ? quels doivent être les rôles respectifs du Haut Commissariat aux Réfugiés (HCR), des ONG spécialisées et du gouvernement rwandais ? Comment aborder le problème des réfugiés dans un contexte régional ?

Les fiches sur ce thème :

3. Les terres

Le Rwanda, composé à 95 % de paysans, est un pays d’habitat dispersé, de collines et de versants aménagés et cultivés aux limites du possible. Avant la tragédie actuelle, il revenait en moyenne à une famille 1/4 d’hectare de lopin de terre. Dans un pays surpeuplé, où reloger anciens et nouveaux réfugiés ? comment associer cet afflux de population à une stratégie d’intensification de l’agriculture ou à un développement non agricole ? quelles réformes mettre en route ? peut-on agrandir l’espace agricole en conquérant des terres vierges ? que faire des droits de propriété des « anciens » réfugiés ? comment et à quel niveau gérer les inévitables conflits pour la terre ? Comment mobiliser l’aide internationale et comment marier l’aide d’urgence actuelle avec la sauvegarde de la capacité de production des paysans rwandais ?

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4. La reconstruction de l’administration

Clientélisme, ethnicisme, passe-droits, incompétence, corruption, centralisation, bureaucratie. L’administration du régime précédent n’était pas idéale, c’est un euphémisme. Mais elle existait. 80 % de cette élite hutu a été la cible des massacres. Si les hauts fonctionnaires ou les préfets ont trop souvent été les organisateurs du génocide, les cadres intermédiaires de l’administration, les enseignants, les magistrats ont été tués ou ont fui. Plus d’appareil judiciaire, peu de professeurs, des locaux saccagés, des archives brûlées ou dispersées. Des cadres, anciens réfugiés, reviennent chez eux après avoir été formés dans un autre pays, une autre culture, ou un autre système scolaire ou judiciaire. Quel État, alors, reconstruire ?

Les fiches sur ce thème :

5. L’Eglise

Le Rwanda, enfant chéri des églises missionnaires, le pays le plus catholique d’Afrique… Sur chaque colline, des églises. Et maintenant sur chaque colline des charniers. Des églises encore pleines de fidèles mais découpés en morceaux. De quoi interroger sur l’enseignement de l’Evangile, sur la profondeur des vocations, sur la pertinence des actions de développement, sur le dévoiement des messages de fraternité et d’égalité. Quelle Eglise alors reconstruire ? sur quelles bases, sur quelles valeurs ?

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6. La jeunesse

65 % des Rwandais ont moins de 25 ans. Les jeunes, comme toujours, plus que toujours, ont été utilisés comme fer de lance de la violence. Des milliers, de moins de 15 ans, de moins de 10 ans parfois, ont du sang sur les mains. Des milliers d’autres ont dans les yeux le meurtre horrible de leurs parents, de leurs frères et soeurs, le viol de leurs mères ; ils ont fui, erré trop longtemps. Par milliers, ils sont seuls, sans ressource. D’autres à naitre, fruit du viol. Et tout cela s’ajoute au sida. D’autres, nombreux, sans emploi ni perspective économique, connaissent une dérive des valeurs. Il ne peut y avoir de paix sans projet constructif qui intègre les jeunes avec leurs espérances. Comment leur donner des perspectives, les mettre dans une dynamique de projets, pour les empêcher de succomber facilement aux sirènes de la haine ? quelles réformes introduire dans le système éducatif, dont l’échec est patent ? Comment construire avec eux un nouveau pays ?

La fiche sur ce thème :

7. Les médias

Le venin de la haine a été instillé par les médias. La radio des Mille Collines ou le journal Kangura ont orchestré le génocide. Loin d’être artisans de paix, des journalistes ont été souvent inspirateurs de la violence. Les autres sont morts. Comment fonder un renouveau démocratique sur une éthique des médias ? et comment cette éthique peut ne pas être le prétexte d’une nouvelle censure ? quel rôle doit revenir aux médias dans la dépollution des esprits, et comment en faire des vecteurs de paix et de message d’unité ?

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8. La société civile

Dans une dictature, tout ce qui s’organise est suspect, peut constituer, qui sait, les germes d’un contre-pouvoir à moins d’être soigneusement contrôlé par le pouvoir. Le régime précédent s’est employé à ce contrôle. Comme partout en Afrique et par une étrange perversion du terme, la « société civile » désigne en réalité presque exclusivement « les ONG », des structures non gouvernementales d’appel au développement financées presque exclusivement par l’aide étrangère. Ces ONG ont souvent été décapitées ou « en fuite » ou « en accompagnement de la population en exil ». Comment aider une société traumatisée à se restructurer, à faire naître en son propre sein des organisations capables de fédérer des aspirations et des intérêts, d’agréger des talents et des élans, d’assurer des médiations entre les individus, les familles et la société tout entière ?

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9. Les victimes de guerres

Est-ce mieux, parfois, d’être rescapé que mort ? Le mot de réparation a-t-il un sens quand l’irréparable a été commis ? les anciens réfugiés, d’il y a 20 ans, d’il y a 30 ans, ont-ils encore droit à réparation ? Et, surtout, comment réparer les âmes et les coeurs ? Quel programme de formation mettre en route pour les mutilés et victimes de guerre, pour leur permettre d’être autonomes et pour qu’ils ne constituent pas demain les mendiants de Kigali ?

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10. L’aide internationale

Le Rwanda est le pays le plus aidé d’Afrique par tête d’habitant. Ce n’est pas seulement le pays des Mille Collines. C’est aussi le pays des mille « projets » de développement, le pays des mille coopérants. Le pays du pire génocide. Sans doute n’existe-t-il pas de relation de cause à effet mais la tragédie rwandaise n’est-elle pas aussi l’échec de la coopération classique ? Le pays, exsangue, n’aura guère de chances de s’en sortir sans l’appui massif, au moins temporaire, de l’aide internationale. Comment conjuguer aide d’urgence et aide au développement, mais plus encore sur quelles nouvelles bases rebâtir la coopération internationale ?

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11. La mémoire

Le génocide s’est conçu dans les têtes avant d’avoir été mis en oeuvre sur le terrain. Il repose sur une mémoire construite, trafiquée, historiquement datée, faisant des Tutsis et des Hutus des ennemis irréconciliables, condamnés à partager le pays. Comment déconstruire les mythes de l’historiographie officielle (le mythe du Tutsi envahisseur) et reconstruire une mémoire plus juste ? comment faire entrer à son tour cette mémoire dans les têtes, dans la culture ? et comment faire de la mémoire trafiquée, de l’histoire des massacres eux-mêmes, un morceau de la mémoire d’un peuple qui puisse contribuer à ses fondations et non entretenir une immense et inexpiable vendetta collective ? Quels programmes d’éducation mettre en route pour dépolluer les esprits ? Quels symboles communs pour assurer la cohésion nationale ?

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