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dialogues, propositions, histoires pour une citoyenneté mondiale

Se former à l’interculturel

Réalisé par le CDTM de Paris

2000

De la culture…

Cerner le concept de culture s’avère un exercice difficile : les anthropologues puis à leur suite, les linguistes, les psychologues, les sociologues, les philosophes et, en fait, l’ensemble des chercheurs et acteurs en sciences humaines ont tenté d’apporter leur définition de la culture. Aussi savons-nous qu’elle met en jeu l’identité de l’individu par rapport à l’Autre et plus généralement au groupe, qu’elle est collective, transmissible, évolutive, qu’elle comporte une part consciente et inconsciente, que les appartenances culturelles sont des appartenances imaginées et qu’il faut plutôt la penser au pluriel.

Nous sommes ainsi le produit non pas d’une culture mais de plusieurs cultures, multiples facettes d’un même diamant. Nous mettons en avant l’une ou l’autre facette, la faisons scintiller en fonction de la situation. Ceci rend son contour encore plus complexe à délimiter car on ne peut pas la figer sur le papier une fois pour toutes.

… à l’interculturel

Dans ce contexte, l’interculturalité se laisse appréhender avec tout autant de difficultés. L’interculturalité suppose en effet une interaction et dans cette interaction, distinguer ce qui relève de la culture — des cultures — ou des enjeux de pouvoir ou des conditions sociales est un exercice périlleux, d’autant que la tendance à l’ethnicisation de tous les problèmes peut facilement brouiller les cartes. Dès qu’un problème survient, la culture a bon dos. Or, la réalité est plus complexe et il convient de ne pas s’en éloigner pour mieux la comprendre.

Le parti pris de ce dossier est donc résolument pratique. Il rapporte des expériences de terrain, des expériences authentiques qui nous permettent de toucher du doigt l’intérêt de l’entreprise interculturelle.

Un débat d’actualité à l’aube du XXIe siècle

La mondialisation donne à l’interculturel un tour très médiatique au point que l’on peut se demander si l’on ne fait pas face à un phénomène de mode plutôt qu’une nécessité. Or, l’interculturel a toujours existé sans que l’on s’attache à le nommer. Car la rencontre des cultures a toujours eu lieu et elle a permis à l’humanité d’évoluer. Il n’est pas de culture qui soit restée à l’identique au cours des siècles. Certes, les changements se sont souvent effectués au gré de contraintes, de ruptures, de mises en jeu de pouvoir. Mais les repères culturels se sont également modifiés de l’intérieur. Mandela et Gandhi n’ont-ils pas amorcé un changement au sein même de leur culture ? Toutefois, ce changement ne devient culturel qu’après plusieurs générations car les transformations d’habitudes culturelles ne se décrètent pas du jour au lendemain. Mais si, aujourd’hui, l’interculturel devient si prégnant c’est parce que nous sommes dans un monde de changement qui va s’accélérant.

C’est donc autant les mutations d’avec nos repères culturels d’hier au sein de nos sociétés que les évolutions liées à la rencontre de cultures différentes, la tendance pluriethnique de nos sociétés que les mutations des autres sociétés face au déferlement de valeurs étrangères qui sont en jeu.

Aujourd’hui l’interculturel se prolonge donc par la recherche de solutions qui prennent en compte les enjeux hors de la culture pour la faire évoluer.

Un nécessaire apprentissage…

Le champ défini est tellement vaste qu’il n’est pas possible de prétendre épuiser le sujet d’emblée ni de l’embrasser dans sa globalité. C’est pourquoi ce dossier s’attache à éclairer un aspect de la problématique interculturelle, celui de la formation et de la pédagogie interculturelle. L’angle d’attaque peut sembler modeste au regard de l’ampleur du sujet mais il ouvre la voie à une réflexion riche en la matière sur les initiatives des institutions et des organisations non gouvernementales.

Une palette d’expériences récentes est ainsi rassemblée dans ce recueil articulé autour de l’apprentissage. Elles émanent d’acteurs et de zones géographiques diversifiées. Ce dossier fait une large place aux expériences menées dans les écoles car celles-ci constituent un levier d’action puissant pour éveiller les jeunes aux enjeux de la diversité culturelle. Il aborde aussi les formations professionnelles pour adultes qui se posent non seulement en instrument de perfectionnement culturel mais aussi comme un moment de recul nécessaire par rapport aux pratiques quotidiennes. Soulignons d’ailleurs l’importance du processus, de la démarche d’apprentissage. Plus qu’un contenu figé, c’est une attitude qu’il faut acquérir et ce n’est pas la moindre des difficultés car toute personne demande du temps pour être modelée et infléchir sa pensée. La démarche interculturelle nécessite non seulement un apprentissage des autres mais aussi une plongée en soi-même pour voir de quelle façon son propre conditionnement culturel façonne le regard sur les autres.

… pour inventer de nouveaux modes de vie

La question centrale de la démarche interculturelle pourrait être celle-ci : un meilleur apprentissage interculturel peut-il amoindrir les conflits ou encore qu’a-t-on à gagner de l’apprentissage culturel ? On pointe ainsi souvent les différences culturelles mais on aborde plus rarement la complémentarité culturelle.

Les expériences de travail ensemble, évoquées dans ce dossier, ouvrent une réflexion utile à ce propos. Car appréhender l’autre, ce n’est pas seulement l’appréhender comme porteur d’une culture mais aussi comme une personne humaine. Seule cette démarche permet de rompre les logiques de violence au sein d’une même société ou entre deux sociétés que l’on tente de poser en rivales. À cet égard, ce dossier propose des éclairages sur l’utilisation de la pédagogie interculturelle comme moyen d’action sur les problèmes de société.

Si l’interculturel se place autant au centre des préoccupations de cette fin de siècle et évoque souvent les difficultés et les freins qui l’accompagnent, le débat se posera peut-être demain en des termes différents, à savoir comment mettre à profit la diversité culturelle croissante de nos sociétés, la dynamique inhérente à chaque culture, et créer des synergies pour inventer de nouvelles façons de vivre ensemble et d’organiser la communauté.

Dominique Blu

Dominique Blu a effectué un doctorat d’économie sur les malentendus culturels de la mondialisation. Elle intervient en formation interculturelle à l’université, en entreprise et auprès d’associations humanitaires.

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