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Le soja et l’asphyxie des mers

Luc Vankrunkelsven

03 / 2004

Je savais depuis longtemps qu’il y avait un rapport sérieux entre la pêche excessive dans les océans du monde et l’élevage intensif. Parallèlement au conflit mondial entre deux modèles d’agriculture, la pêche artisanale est sur le point d’être supplantée par les navires de pêche industrielle du Japon, d’Europe, du Canada… Ils pêchent tout type de poissons, petits et grands. Les poissons très petits sont moulus et sont destinés à l’alimentation animale. Récemment, cette farine de poisson a surtout été distribuée en Chine.

Et aujourd’hui, le journal « De Tijd » [Le temps], informe : le manque d’oxygène dans la mer, dépassant celui de la pêche excessive, est le principal problème de la faune marine. Dans l’océan, il existe environ 150 zones inaptes à la vie, quasiment dépourvues d’oxygène. Ces « zones mortes » sont le résultat d’une surabondance d’azote, principalement. C’est ce qu’affirme le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE), dans son premier rapport annuel. À partir des années 60, à chaque décennie, le nombre de zones manquant d’oxygène double. Certaines de ces zones font moins d’un kilomètre carré, mais d’autres font, facilement, 2 fois la superficie de la Belgique. Les premières « zones mortes » sont apparues dans la Mer Baltique, dans la Mer Noire et au nord de la Mer Adriatique. Mais, aujourd’hui, d’autres zones ont été recensées dans les fjords scandinaves. La zone morte la plus connue se trouve dans le golfe du Mexique et celle-ci est la conséquence des produits chimiques charriés par le fleuve Mississipi.

Qui dit Mississipi dit monoculture de soja, de maïs et de blé. L’élevage intensif et la pêche ont, donc, deux liens avec l’extinction de la faune marine : la pêche excessive (pour la production d’intrants pour l’élevage intensif et l’aquaculture sous forme de farine de poisson), l’excès d’apport de fertilisants (en partie pour la production d’intrants pour l’élevage par l’apport d’engrais chimiques ou de fumier pour la production de l’alimentation animale ; en partie comme résultat de l’élevage intensif avec un problème de surproduction de fumier des entreprises sans terres, principalement).

« De Tijd » continue : « La faible teneur en oxygène est étroitement liée à l’usage de fertilisants dans l’agriculture, aux émissions des automobiles et des usines et des résidus/déchets, affirme le PNUE. Ils contaminent le sol avec des nitrates, donc de l’azote, les nappes phréatiques et, enfin, la mer, ce qui favorise la prolifération d’algues. Leur croissance exponentielle et leur décomposition consomment toute l’oxygène de l’eau et asphyxient les poissons. »

L’article du journal conclut par un commentaire positif : « ‘Si aucune mesure n’est prise, la situation s’aggravera’, affirme le directeur du NPUE, Klaus Toepfer. Il ajoute que certaines interventions donnent déjà des résultats. Par exemple, il existe un accord concernant le Rhin en Europe, au titre duquel des pays se sont engagés à réduire de moitié les niveaux d’azote déversés. Cela a réduit de 37 % les apports d’azote dans la Mer du Nord. D’autres mesures sont prises pour éviter de gaspiller trop de fertilisants ou pour contrôler l’émission des automobiles et planter plus de forêts et de prairies afin d’absorber l’excès d’azote. »

La situation est irréversible. Nous n’allons pas enfouir nos têtes dans le sable comme des autruches, mais nous allons continuer le travail pour promouvoir une politique plus équilibrée pour l’agriculture et la pêche.

Mots-clés

soja, pêche industrielle, dégradation de l’environnement, pollution de la mer, agriculture et environnement, fertilisation du sol

dossier

Des navires qui se croisent dans la nuit : une autre image du Soja

Notes

Ce texte est extrait du livre « Navios que se cruzam na calada da noite : soja sobre o oceano » de Luc Vankrunkelsven. Edité par Editora Grafica Popular - CEFURIA en 2006.

Il a été traduit du portugais par Elisabeth Teixeira.

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