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Les six principes de Nyéléni

Extraits du document de synthèse du Forum international pour la souveraineté alimentaire de Nyéléni (Mali), 23-27 février 2007.

Forum international pour la souveraineté alimentaire

01 / 2008

La souveraineté alimentaire place ceux qui produisent, distribuent et consomment une alimentation locale et saine au cœur des systèmes et politiques alimentaires, agricoles, d’élevage et de pêche, en lieu et place des exigences du marché et des transnationales qui réduisent l’alimentation à de simples produits échangeables sur le marché mondial. Elle offre la possibilité de construire une stratégie de résistance et de démantèlement d’un système à la fois inéquitable et non durable qui conduit tant à la sous-nutrition chronique qu’à l’augmentation rapide de l’obésité.

La souveraineté alimentaire suppose le respect du droit à l’alimentation – le droit des populations à une nourriture saine, respectant les cultures, produite selon des pratiques respectueuses de l’environnement et des droits sociaux. Elle reconnaît le droit des populations à participer au processus de décision et à définir leurs propres systèmes d’alimentation, leurs pratiques agricoles, d’élevage et de pêche. Elle défend les intérêts des générations futures et suppose des relations sociales égalitaires, libres d’oppression, entre les hommes et les femmes, les peuples, les groupes raciaux et les classes sociales. Elle encourage une véritable réforme agraire et défend l’accès et le partage des terres productives, loin de la menace de privatisation et d’expulsion.

La souveraineté alimentaire défend les intérêts, le droit à l’alimentation et celui de produire des populations et communautés, incluant celles sous occupation, dans des zones de conflits, celles qui font face ou qui reconstruisent après des désastres naturels, aussi bien que celles socialement et économiquement marginalisées, comme les dalits, les peuples indigènes et les travailleurs migrants. La souveraineté alimentaire donne un cadre politique permettant des pratiques de production, de cultures, d’élevage, de pêche, de pastoralisme et des systèmes d’alimentation définies par les communautés locales.

1. La priorité donnée à l’alimentation des populations

La souveraineté alimentaire place au centre des politiques alimentaires, agricoles, d’élevage et de pêche le droit à une alimentation suffisante, saine, respectueuse des cultures, pour l’ensemble des individus, des populations et des communautés, englobant celles souffrant de la faim, sous occupation, dans des zones de conflits ou marginalisées ; elle rejette l’assertion selon laquelle l’alimentation est un produit comme un autre, géré par le secteur agro-alimentaire.

2. La valorisation des producteurs d’aliments

La souveraineté alimentaire valorise et soutient les pratiques, de même qu’elle respecte le droit, des hommes et des femmes, des paysans et des petits agriculteurs familiaux, des pasteurs, des pêcheurs artisanaux, des habitants de la forêt, des peuples indigènes et des travailleurs agricoles, des travailleurs de la mer, dont les migrants, qui cultivent, font pousser, récoltent et transforment les aliments ; elle rejette les politiques, actions et programmes qui les dévalorisent, menacent leurs moyens de subsistance et contribuent à les faire disparaître.

3. L’établissement de systèmes locaux de production

La souveraineté alimentaire rapproche producteurs et consommateurs, les place au centre du processus de décision sur les questions alimentaires. Sur les marchés locaux, elle protège les producteurs du dumping des importations et de l’aide alimentaire, elle protège les consommateurs d’une nourriture nutritionnellement pauvre et malsaine, d’une aide alimentaire inappropriée et d’aliments contaminés par des organismes génétiquement modifiés. Elle permet de résister aux institutions, aux accords et aux pratiques qui dépendent de et qui promeuvent un commerce mondial non durable et inéquitable et qui donnent un pouvoir considérable et injustifiable aux transnationales.

4. Le renforcement du contrôle local

La souveraineté alimentaire place la gestion des territoires, des terres, des pâturages, de l’eau, des semences, du bétail et des ressources halieutiques dans les mains des producteurs locaux et respectent leurs droits. Ceux-ci peuvent en faire usage et les partager selon des systèmes socialement et écologiquement durables, qui permettent le maintien de la diversité. La souveraineté alimentaire reconnaît que les territoires locaux ne respectent parfois pas les frontières géopolitiques et permet aux communautés locales d’habiter et d’utiliser leurs territoires. Elle promeut la concertation et l’action collective entre les producteurs de différentes régions et territoires, de différents secteurs d’activités, contribuant à la résolution de conflits internes ou de conflits avec les autorités locales ou nationales. Elle refuse la privatisation des ressources naturelles, qu’elle soit permise par des lois, des contrats commerciaux ou des régimes de propriété intellectuelle.

5. La construction des savoirs et savoir-faire

La souveraineté alimentaire se construit sur les savoirs et savoir faire locaux des producteurs et sur leurs organisations locales qui préservent, développent et gèrent les systèmes de production et de cultures locaux. Pour cela, elle permet le développement de programmes de recherche appropriés et qui ne menacent pas les générations futures. Elle rejette donc les technologies qui les soumettent, les menacent ou les contaminent, comme par exemple l’ingénierie génétique.

6. Le travail avec la nature

La souveraineté alimentaire utilise les apports de l’environnement selon des pratiques de cultures et de production agro-écologiques diversifiées et faibles consommatrices d’intrants, qui optimisent les apports des écosystèmes, améliore la résilience et l’adaptation, particulièrement face au changement climatique. Elle cherche à guérir la planète pour que la planète puisse nous guérir. Elle refuse les pratiques qui mettent à mal les écosystèmes, les monocultures et les élevages intensifs fortement consommateurs d’énergie, les pratiques de pêche destructrices et les autres modes de production industriels, qui détruisent l’environnement et contribuent au réchauffement mondial.

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