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Les types de réseaux créés par l’ADEPA

Effets induits

Demba Yeum KANE

2000

Exécuter un Programme qui couvrait 16 pays supposait une mobilisation sans faille des ressources humaines de la région. Cet objectif spécifique était d’ailleurs visé par le Programme. C’est l’une des raisons pour lesquelles l’ADEPA a opté pour la mise en place d’une équipe réduite basée à Abidjan dont le rôle était d’assurer la coordination et de veiller aux orientations.

Les différents réseaux sont constitués d’institutions et de personnes choisies sur la base de leurs compétentes dans les domaines afférents au développement de la pêche artisanale en Afrique de l’Ouest. Ce sont :

- Les Partenaires Associés (PA)

Ce sont en général des ONG locales, des institutions para-publiques ou des Personnes Ressources ayant une compétence à faire valoir au profit du Programme. Ils appuient les organisations professionnelles (OP) dans la mise en oeuvre de leurs activités, et servent de relais à l’ADEPA.

Jusque-là, l’ADEPA a travaillé avec 22 Partenaires Associés.

- Le réseau des Personnes Ressources

Le réseau des Personnes Ressources a été créé dans le cadre l’animation des sessions de Programmation des activités des OP. Ce réseau a été opérationnel lors de la préparation du Devis-Programme AN II, pour en 1997 et 1998. Il est constitué de onze (11) personnes compétentes dans le domaine du diagnostic participatif.

A travers ce réseau, l’ADEPA a changé radicalement les méthodes utilisées avant qui consistaient à passer par l’entrée « identifier les problèmes » pour aboutir aux plans d’action des OP.

- Le réseau sur le Crédit

Le Programme PPAO ne disposait pas de lignes de crédit. Cela était une volonté affichée par l’ADEPA, compte tenu des fonds mobilisables qui circulent dans le secteur. Le problème était de trouver l’outil approprié pour canaliser et redistribuer cet argent.

Des institutions de crédit et des personnes ressources ont été identifiées et une première rencontre fut organisée les 13 et 14 avril 1996 à Abidjan. Le réseau fut créé à l’issue de cette rencontre.

Il a suscité plusieurs rencontres et mené des réflexions qui ont permis de conclure que les outils bancaires de type mutualiste sont les plus appropriés pour répondre aux besoins de la pêche artisanale.

Ces conclusions ont été approuvées par les administrations des pêches et les organisations professionnelles. Une rencontre en Guinée entre OP et institutions de crédit a permis de nouer des alliances. Il a alors été décidé que le PPAO mettrait auprès de ces structures mutualistes, un fonds de garantie qui aiderait l’opération de micro-crédit en faveur des OP surtout des femmes. Malheureusement, jusqu’ici ce fonds de garantie n’est pas encore mobilisé.

- Le Réseau des Experts en Technologie du poisson

Le PPAO avait une forte composante « valorisation des produits ». Les OP étaient appuyées par différents technologues.

Pour harmoniser les approches et faciliter les échanges, l’ADEPA avait initié la mise en place de ce réseau qui comprend 12 Experts qui avaient décidé de se retrouver périodiquement, pour confronter leurs expériences, faire le point des anciennes technologies et discuter des nouvelles, donner leurs avis sur les actions du Programme. Il a été créé en septembre 1996.

- Le Réseau sur l’évaluation des pertes après captures

Ce réseau implique des organisations professionnelles et des institutions de recherche de la pêche artisanale, africaines et non africaines.

Sa tâche consiste à mettre au point une méthodologie fiable, capable de mesurer les pertes après capture dont la réduction constitue l’objectif spécifique du PPAO.

- Le réseau des journalistes de la Pêche artisanale en Afrique de l’Ouest

Le premier objectif spécifique du Programme PPAO était l’amélioration de la communication des acteurs.

La situation qui a toujours prévalu, c’est la marginalisation du secteur et le cloisonnement des acteurs. Les hommes et les femmes du secteur ne s’ouvraient pas vers l’extérieur. Certaines expériences très intéressantes tant au niveau de la technologie des produits que des modes d’organisations n’étaient connues que dans les pays où elles étaient menées.

Par ailleurs, les problèmes du secteur ont fait rarement la une des journaux. Ceci procède du manque d’intérêt habituel de la presse aux problèmes de la pêche. Cette situation n’a pas permis d’attirer l’attention de nos politiciens (parlementaires par exemple) sur les difficultés auxquelles sont confrontés les acteurs concernés.

La communication devenait dès lors un vrai enjeu. Il fallait relever ce défi.

Pour ce faire, en janvier 1996 le réseau des journalistes fut créé à l’issue d’une rencontre à Abidjan. Il regroupe actuellement 12 journalistes.

Les tâches assignées aux journalistes sont les suivantes :

  • envoyer au ST, au moins deux fois par mois, des articles à publier dans le bulletin Bonga ;

  • sensibiliser les médias à la cause de la pêche artisanale, en suscitant auprès des journalistes, la publication d’articles dans les journaux et la diffusion d’émissions à la radio et à la télévision ;

  • aider les Professionnels du secteur à aller vers les médias pour faire connaître leurs problèmes.

Les effets induits par les réseaux : exemple du réseau des journalistes

Un autre résultat du Programme vis-à-vis de ces ONG et Instituts, est le renforcement de leur capacité dans le domaine de la planification (méthodes de diagnostic participatif) pour mieux aider les OP à identifier leurs activités.

Le réseau de journalistes a considérablement contribué à la sensibilisation des populations ouest africaines aux problèmes de la pêche. En réalité, ces populations consomment beaucoup de poisson, mais ignorent les principaux défis auxquels sont confrontées les communautés de pêcheurs. A partir de la constitution du réseau, ces populations ont commencé à prendre conscience des préoccupations du secteur.

Nous assistons donc à l’émergence d’une nouvelle catégorie de journalistes qui, au sein de ce réseau, ont acquis une expertise leur permettant de faire des analyses approfondies de certains problèmes du secteur.

Il est cependant regrettable que les activités du réseau s’arrêtent en même temps que celles du Devis-Programme de l’An 1.

Les réseaux ont contribué tout d’abord à l’identification des ressources humaines de la région jusque-là sous-utilisées et mal connues qui ont contribué de manière déterminante à l’atteinte des objectifs du PPAO.

Au niveau des Organisations Professionnelles et des partenaires Associés, des liens se sont noués et les contacts se poursuivent en dehors de l’ADEPA.

Quelques exemples :

  • les béninois et les sénégalais : contacts d’affaires, échange d’expériences en matière de crédit, etc.

  • les guinéennes et les sénégalaises : la naissance de l’ONG ADEPEG a été inspirée par Crédétip

Concernant les ONG, l’ADEPA a permis leur mobilisation pour le secteur de la Pêche. Le nombre d’ONG s’adonnant exclusivement à la pêche pouvait se compter sur les doigts. Actuellement, certaines qui n’avaient jamais été en contact avec les opérateurs de la pêche artisanale, appuient les acteurs de la pêche artisanale (INADES-Formation au Togo et en Côte d’Ivoire, MORABI au Cap-Vert etc…). Des ONG sectorielles se sont créées (ID-PECHE, ADEPEG, FOOD BASKET, GAMFIDA). Ces ONG aujourd’hui sont les interlocutrices des bailleurs de fonds et de l’administration.

L’initiative la plus remarquable pour apprécier les effets induits d’une telle approche est le réseau de journalistes. Il y a encore quelques années, rares étaient les journalistes qui s’intéressaient au secteur.

La session régionale annuelle qui s’est tenue à Abidjan en 1998 a permis de mesurer la force potentielle du réseau. Les débats, à cette réunion, ont permis d’apprécier le niveau de maturité atteint par les journalistes en matière de connaissances sur la pêche. Le fait de faire adhérer le réseau à la cause de la pêche artisanale est un atout favorable en vue de la démarginalisation du secteur par sa couverture médiatique.

Aujourd’hui, ces journalistes consacrent de plus en plus de temps à la couverture des événements marquants de la pêche. Le réseau de journalistes a considérablement contribué à la sensibilisation des populations ouest africaines aux problèmes de la pêche.

L’exemple le plus éloquent est le journaliste de la station Sud/FM de Ziguinchor en Casamance au Sénégal, qui a permis aux OP de la région d’animer des émissions sur les différents problèmes qui les préoccupent : la transformation du poisson, la pollution et l’environnement, l’hygiène, la préservation des ressources, etc. Le comité d’animation a été créé pour répondre à l’esprit participatif que sous tend le programme. Les OP ont donc acquis une expérience en matière d’orientation d’une émission radiophonique.

Mots-clés

organisation socioprofessionnelle, échange de savoirs, pêche artisanale, radio


, Afrique de l’Ouest

dossier

La pêche artisanale en Afrique de l’Ouest

Commentaire

Les émissions de radio rurale qui ont été diffusées pendant 2 ans à Ziguinchor au Sénégal ont eu des résultats certains, vu l’engouement des populations de la pêche, mais également du public de façon générale. Les interviews et autres éléments vivants enregistrés sur le terrain sont toujours des occasions de contacts directs et passionnants avec les populations du secteur leur permettant de s’exprimer dans leurs langues ; ce qui suscite de leur part beaucoup d’intérêts.

L’émission de radio rurale de Ziguinchor a une audience qui dépasse la seule région de la Casamance, pour s’étendre en Gambie et en Guinée-Bissau où l’une ou l’autre des 3 langues de l’émission est comprise par les populations.

La Présidente de l’Organisation féminine UR SANTA YALLA de Ziguinchor confie que, depuis la diffusion de l’émission sur l’actellic (un produit pour préserver le poisson transformé), elles sont débordées de demandes au point où le produit manque.

Les actions d’assainissement en vue de la salubrité des plages ont été menées plus fréquemment et par un mouvement social plus important. La participation des jeunes et des femmes aux actions d’assainissement des plages est des plus remarquables.

La sensibilisation faite à travers les émissions « Bonga » ont donné un regain de dynamisme aux Conseils Locaux de Pêche (CLP) dans les localités de Kafountine, Elinkine, Diogué, Boko.

Au plan de l’expression, les professionnels de la pêche se sont petit à petit familiarisés avec la radio et ont appris à s’exprimer librement sur les problèmes qui les concernent. Ils n’hésitent pas à se déplacer pour venir participer à l’émission ou à téléphoner.

L’engouement du public à l’émission est telle qu’à l’issue du Devis-Programme AN1, le PA, DEFI-SUD a donc continué avec un financement du PROPAC (Programme d’Appui à la Pêche Artisanale en Casamance), géré par DEFI-SUD et financé par l’UE. L’émission a changé de nom et s’appelle désormais « uweena », ce qui signifie « ramons ». L’émission de radio rurale de Ziguinchor est la seule activité à avoir survécu au Devis Programme.

ADEPA (Association Ouest Africaine pour le Développement de la Pêche) - Cité Lobatt Fall. BP 958. Dakar, SÉNÉGAL - Tél/Fax. : (221) 854 98 13 - Sénégal - www.adepa-wadaf.org - contact (@) adepa-wadaf.org

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