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Reconsidérer le piéton en ville : pour une ingénierie de l’enchantement

Yves Winkin

2009

  • De la recherche à l’innovation dans les politiques publiques

Y. Winkin, en tant que professeur de sociologie et chercheur, se réjouit de se savoir lu par l’Agence d’urbanisme et d’inspirer en partie ses réflexions ! Les axes de travail sur lesquels il planche depuis plusieurs années trouvent ainsi un écho dans les politiques locales et dans les projets des collectivités. C’est rare, pour un chercheur, de cerner les retombées de ses écrits !

  • L’observation des citadins et des marcheurs et leur « reconsidération »

A partir de son approche de l’anthropologie urbaine, appuyée sur les écrits de Goffman, mais aussi d’Isaac Joseph et d’Yves Grafmeyer, Y. Winkin donne des cours d’ « observation urbaine ». Il apprend aux étudiants à observer les comportements quotidiens en milieux urbains ordinaires, et ce à « l’oeil nu », considérant que l’outil photographique perturbe l’observation et établi une distance entre observé et observateur. Il a comparé les comportements des piétons dans plusieurs quartiers de Grenoble et de Genève.

  • La montée en puissance des associations de piétons (empowerment)

On peut transformer la ville en s’appuyant sur la marche urbaine à condition de « reconsidérer le piéton». Pendant longtemps, ce dernier a été jugé « docile », car moins organisé en associations que ne le sont les automobilistes, les cyclistes, ou les pratiquants du roller. Ainsi, techniciens et politiciens ont pu l’ignorer, par facilité parfois.

Les premières organisations collectives vraiment actives de piétons sont nées en Suisse allemande. Lassés de se sentir sacrifiés, contraints d’utiliser des passages plus ou moins contraignants (au profit des autres modes de transports mécanisés), ces piétons ont voulu être pris en considération et récupérer du pouvoir d’influence, de « l’empowerment » comme disent les anglo-saxons. Si l’on veut que des associations similaires se développent en France, il faut les encourager financièrement ou matériellement (mise à disposition de locaux…etc.) et en faire de vrais partenaires.

  • Le piéton, unité véhiculaire !

Le piéton doit aussi s’affirmer à titre individuel. Y. Winkin affirme que le piéton est une « unité véhiculaire » comme les autres, qui a le même droit à l’espace que les autres unités, bien qu’il aille moins vite, et qu’il ne soit pas « mécanisé ». Il faut donc passer d’une attitude défensive, revendicative, à une attitude proactive, positive : du design pour l’équipement du piéton, à l’ingénierie de « l’enchantement » de la ville et de ses espaces communs.

  • Ré-enchanter le cadre de vie urbain, réintroduire le plaisir dans la pratique de la ville

Il est nécessaire d’enchanter le milieu urbain, de le rendre joyeux pour que le piéton trouve du plaisir à marcher : faire qu’il vive la marche d’abord comme un rêve ou comme un jeu. « L’enchantement » est un mot magique, qui a un pouvoir de séduction et donc de conviction pour l’usager, ou le décideur. Il réfère à la posture du spectateur de théâtre qui suspend pour un temps son esprit critique. Il s’agit d’une suspension volontaire et temporaire de l’incivilité.

  • Oui aux Berges du Rhône, mais on peut faire moins cher et plus rapidement !

Y. Winkin considère les berges du Rhône comme l’exemple d’une réussite d’aménagement piétonnier. Les aménagements ludiques participent à l’enchantement du piéton. A Genève, chaque année en décembre, le festival « Arbres et Lumières » crée une scénographie sur des arbres de la ville. Ces paysages éphémères encouragent la marche à pied.

Pourquoi ne pas faire travailler des designers pour enchanter et chahuter les usages sur la dalle de la Part-Dieu ? Il n’y a pas forcément besoin de moyens importants, on peut créer des paysages ou des ambiances éphémères qui vont être un début pour faire évoluer les comportements et faire réfléchir les gens sur leurs pratiques habituelles de mobilité. Des actions concrètes, des projets ponctuels peuvent commencer à les faire changer.

dossier

De Londres à Bilbao : marche urbaine et nouveaux systèmes de mobilité

Commentaire

Tiré du compte rendu de la séance Repères européens, Urbalyon.

De Londres à Bilbao: marche urbaine et nouveaux systèmes de mobilité. Impacts sur l’aménagement et les politiques de déplacement dans les métropoles européennes (Séance organisée avec l’appui de Mme Sonia Lavadinho, Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne)

22 octobre 2009

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