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Les coopératives agricoles syriennes

Katia HALABI

02 / 1993

Une loi oblige les bénéficiaires de la réforme agraire (qui se met en place entre 1958 et 1963)à se regrouper en coopérative. Il s’agit de coopératives de service et non de production. Car elles servent d’intermédiaire entre les paysans adhérents -qui exploitent cependant individuellement- et les organismes publics situés en amont et en aval de la production agricole (Office des céréales, Office du coton, Raffinerie de sucre, Banque agricole...). Dans le cadre de la planification de l’agriculture, au début de chaque campagne, la coopérative reçoit des directives stipulant le type de cultures à réaliser et leurs surfaces, ainsi que les quantités de semences, engrais, et le montant des crédits à court terme correspondants, auxquels elle a droit. Le chef de la coopérative répartit cet assolement entre les adhérents.

La coopérative enregistre puis regroupe les demandes de crédit et les commandes de semences, engrais et produits de traitement des cultures. La Banque agricole accorde cela à titre de prêt en nature, et se rembourse directement en prélevant le montant des prêts, augmenté d’un intérêt, sur le paiement des récoltes (les quantités produites par chaque paysan étant également comptabilisées au sein de la coopérative).

Dans la pratique apparaissent des dysfonctionnements de ce système:

* la répartition de l’assolement peut donner lieu au niveau des exploitations à de grandes variations dans les types de cultures et leurs pourcentages relatifs. Cela se compense dans l’espace à l’échelle de la coopérative dans son ensemble, et en principe dans le temps sur quelques années pour chaque exploitation. Cependant certains chefs de coopérative peu consciencieux réservent préférentiellement à leurs amis les cultures les plus rentables.

* un des objectifs à l’origine de ces coopératives était d’éviter que les bénéficiaires de la réforme, souvent sans assise financière, ne recourent à l’usure pour assurer leurs frais de campagne. Là encore certains chefs de coopérative, au lieu de redistribuer les engrais à chacun selon ce qu’il doit cultiver, préfèrent les garder pour les revendre au prix fort sur un marché parallèle. Cela oblige alors les paysans les plus pauvres, s’ils veulent obtenir des rendements suffisants, à s’endetter auprès d’un usurier pour en racheter.

* les coopératives peuvent obtenir des prêts à moyen terme pour l’achat de matériel agricole, mais personne ne veut se charger de l’entretien, et cela ne suffit pas pour répondre aux besoins lors des pointes de travail.

Le système coopératif apparaît donc essentiellement comme un instrument pour la réalisation des Plans agricoles édictés par l’Etat. Cela ne motive évidemment pas d’éventuelles initiatives d’origine interne. Ainsi il reste très rare de voir les cultures complémentaires (non imposées par la planification, et pouvant être vendues sur le marché libre)commercialisées par l’intermédiaire des coopératives...

Mots-clés

agriculture, coopérative, planification, banque, intervention de l’Etat dans l’agriculture, politique agricole, assolement, économie planifiée, crédit


, Syrie

Notes

La présente fiche résulte d’une synthèse d’entretiens avec des paysans et des ingénieurs agronomes. Voir aussi "Etude des systèmes agraires et des systèmes de production de la région de Mhardé, nord-ouest de Hama, Syrie", mémoire soutenu par K.HALABI (diplôme d’ingénieur agronome, 1993).

Source

Entretien

HALABI, Katia, 1992

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