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En Colombie, la construction de la paix, qui passe par la réinsertion des anciens guerilleros dans la vie civile, ne se limite pas pour autant à leur simple démilitarisation

Bérengère CORNET

03 / 1994

Pour les anciens guérilleros, faire le choix de la paix est plus dangereux que de continuer la guerre. Car agir pour la paix revient à désarmer face à des adversaires encore nombreux et menaçants. Après 15 ans de conflit, la paix est une alternative nouvelle qui génère un certain nombre d’inconnues. Jusque là, la violence était la seule référence.

Pourtant, et malgré cela, certaines guérillas choisissent de désarmer. C’est le cas du M19, première organisation qui a cherché une réconciliation, une solution politique au conflit. William Cesar MORENO était un des leaders du M19. En 1990, conscient que la Colombie était en voie de désintégration, il vote l’abandon de la lutte armée. Avec d’autres, et malgré les difficultés, il crée la coopérative pour la paix (COOPRAPAZ).

La motivation principale des guérillas pour désarmer est de contribuer au progrès de la nation, en obtenant un espace démocratique large afin d’exercer une participation politique véritable. Ceci implique qu’elles se reconvertissent vers une action politique légale. La paix naîtra de la participation de tous ceux qui n’ont jamais pu jouer un rôle dans la prise de décision de l’Etat.

Aussi, face à la détérioration de la situation et à la prolifération de toutes sortes de violences et de guérillas, la recherche par l’Etat d’une solution négociée est vraiment la seule possibilité de réunifier le pays et de bâtir la paix.

Mais pour bâtir une paix durable, il faut aboutir à une vraie solution politique. Pour l’instant, la négociation est mal engagée, car le gouvernement fait peu de concessions, et a tendance à confondre réinsertion et amnistie. Le projet de réinsertion des anciens combattants est marqué par l’improvisation car il n’y a pas de véritable volonté politique. Le seul intérêt du gouvernement, c’est de parvenir au désarmement pour enrayer le cercle vicieux de la violence.

Or, le processus de réhabilitation des anciens guérilleros ne doit se limiter ni à la simple démilitarisation, ni même à l’aspect économique de leur réinsertion. Une formation à la gestion et à la prise de responsabilité doit nécessairement accompagner l’octroi des prêts qui sont pour l’instant accordés aux guérilleros sans suivi. Ceux-ci ont gardé de la guerre le sens de l’obéissance, de la dépendance et ne sont le plus souvent pas prêts à se lancer dans une quelconque activité économique. Il ne faut pas négliger les traumatismes psychologiques causés par la guerre.

La volonté de démobilisation des guérilleros dépendra en grande partie de la capacité du gouvernement à envisager l’ensemble des conditions de leur réinsertion dans la vie civile. Sinon,les groupes armés auront un argument supplémentaire pour le rester.

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