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Solidarité africaine au delà des frontières villageoises

Edith SIZOO

12 / 1993

Thierno Kane, directeur du mouvement associatif sénégalais "Fédération des associations villageoises pour le développement" explique que ce mouvement constitue une nouvelle forme de solidarité africaine : "Cette fédération s’est formée sur une base très particulière. C’est qu’avec l’exode rural qui est survenu dans la région du fleuve, à la frontière de la Mauritanie, beaucoup de jeunes dans les associations villageoises partirent en exode, aussi bien à Dakar ou dans d’autres villes africaines que parfois en Europe, pour aller chercher du travail. Dans ce mouvement que nous avons pu mettre en place à travers ces associations, chaque village a ses représentants dans les villes et même en Europe. Nous avons donc des sections villageoises qui se retrouvent à Dakar, à Abidjan, à Lumumbassa ou dans d’autres zones, mais aussi à Paris, au Havre, à Marseille, ainsi de suite. Ce qui est intéressant dans tout cela c’est que malgré l’éclatement de l’association ou du village en tant que corps, à cause de facteurs externes de sécheresse, de famine et autres, les gens, de par un réflexe tout à fait intéressant, se sont tous retrouvés comme membres du même village dans les lieux où ils travaillent ensemble. Ce qui a créé une espèce de diaspora. Donc, la Fédération des associations du Foutah aujourd’hui essaie de regrouper la diaspora de l’ethnie halpoular qui est mon ethnie au nord du Sénégal. La base de la solidarité est que chacun de nous est tenu, quel que soit son poste de responsabilité, qu’il soit premier ministre, ministre, député ou cireur de chaussures, de cotiser, chaque fin de mois, une ration en fonction de son revenu. Celle-ci doit être envoyée au village pour que les gens puissent régler les problèmes d’eau, de nutrition, de santé. Et c’est seulement dans un deuxième temps, après la collecte de cet argent effectuée dans les différentes sections villageoises, que nous pensons à rentrer effectivement en contact avec l’extérieur pour avoir un appui additionel."

Mots-clés

développement rural, développement culturel, exode rural, solidarité, économie populaire


, Sénégal

Commentaire

Ces quinze dernières années, on a pensé que le mouvement associatif en Afrique est un mouvement qui n’existe que depuis qu’on a commencé à parler du développement, alors que le mouvement associatif date des empires ! Durant l’empire de Kankamoussa, le mouvement associatif était en fait déjà un mouvement solide. Les cibles de son action et la conjoncture historique faisaient qu’il était différent du mouvement associatif d’aujourd’hui ou du mouvement alternatif, mais il ne faut pas croire que le mouvement alternatif a commencé seulement avec l’avénement des ONG. Quand les empires furent détruits par la colonisation, le mouvement associatif a continué effectivement à travailler de manière interne, par une sorte d’hibernation. Les gens ont continué à régler leurs problèmes d’un point de vue économique mais aussi ils ont essayé de gérer leurs relations avec le pouvoir colonial existant. Enfin, durant la période post-coloniale, le mouvement associatif s’est également organisé sous la forme actuelle.

Notes

conférence "Vivre avec la Terre", Canada, 1-3 mai 1992

Source

Compte rendu de colloque, conférence, séminaire,…

KANE, Thierno, INSTITUT INTERCULTUREL DE MONTREAL, 1993/03 (Canada)

Réseau Sud Nord Cultures et Développement - 172 rue Joseph II. B-1040 BRUXELLES. BELGIQUE. Tel (19)32 2 230 46 37.Fax (19)32 2 231 14 13 - Belgique

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