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Structure des réseaux de trafic nigérians

11 / 1994

En dépit de l’ampleur des trafics et des capacités entrepreneuriales démontrées par les Nigérians, il ne semble pas qu’il existe dans ce pays d’organisations centralisées qui méritent le nom de mafia ou cartel. Les filières fonctionnent indépendamment les unes des autres, même si elles sont renforcées par des liens ethniques, claniques ou familiaux. Ainsi à Lagos, les réseaux verticaux qui s’occupent du recrutement des courriers, de l’organisation des passages, des transferts de capitaux et du recyclage de l’argent sont ibos ou yorubas. Ils sont haoussas à Kano, fulanis ailleurs.

Les éventuels services entre groupes s’achètent. Si les Nigérians sont majoritaires, ils travaillent avec des représentants d ’autres nationalités, en particulier des Libanais, Indiens, Pakistanais, Philippins et peut-être Chinois de Hong Kong. Les membres de ces groupes sont équipés d’armes modernes dont ils n’hésitent pas à se servir. A partir des interrogatoires des passeurs arrêtés dans différents pays, il est possible de reconstituer le fonctionnement des réseaux nigérians :

a)Une première équipe de passeurs se charge de convoyer la drogue des lieux de production vers un pays de transit. Soit ils sont ressortissants d’un autre pays africain, soit ce sont des Nigérians munis de faux passeport permettant de dissimuler leur nationalité, afin d’éviter la suspicion. Là, un deuxième groupe s’occupe de l’acheminement vers Lagos. Les passeports de ces derniers sont vierges de tout visa asiatique.

b)A Lagos, après reconditionnement, c’est une autre équipe qui assure le passage vers l’Europe ou les Etats-Unis dont les membres ingèrent des boulettes. Elle est composée de cinq à dix personnes, se présentant toujours à la dernière minute à l’embarquement, afin d’éviter la fouille. Bien que de nouvelles façons d’opérer aient été mises en place, ce modus operandi existe toujours.

c)Les fourmis ne connaissent généralement du réseau pour lequel elles travaillent que les intermédiaires qui les ont recrutées et leur ont fourni visa, billet d’avion et argent (de 7 000 à 10 000 FF par passage), et ceux qui les prennent en charge à l’arrivée. Ces passeurs sont souvent des étudiants ou des chauffeurs de taxi. On compte également de nombreuses jeunes femmes parmi eux. Une étude menée en 1991 dans les prisons anglaises révèle que 29,8% des courriers nigérians détenus sont des femmes. Les commanditaires, de riches commerçants ou des personnalités ayant pignon sur rue, restent dans l’ombre.

d)L’un des aspects importants de ces organisations est l’obtention de visas. On a pu constater que la grande majorité des passeurs arrêtés en France étaient détenteurs de vrais visas. La première façon de les obtenir, c’est qu’une importante personnalité politique ou administrative écrive une lettre de recommandation pour son protégé. Les ambassades occidentales, lorsqu’elles ont des soupçons, délivrent le visa de façon à procéder à une livraison surveillée. L’arrestation du passeur permet d’établir la complicité de son protecteur.

Mots-clés

corruption, drogue, trafic de drogue, trafiquant, délinquance, mafia, organisation criminelle


, Nigéria

Notes

Les sources d’information de cette fiche sont confidentielles et non communicables.

Source

Enquête

OGD=OBSERVATOIRE GEOPOLITIQUE DES DROGUES

OGD (Observatoire Géopolitique des Drogues) - France

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