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Une stratégie ’main stream’ pour l’éducation à la paix au Québec

06 / 1993

Le mouvement qui a conduit au lancement d’une campagne d’opinion d’envergure "Un F-18 pour la paix" a pris naissance dans les milieux progressistes, et notamment chrétiens, du Québec dont le raisonnement peut être illustré par le rappel de la "leçon" tirée de la participation à une rencontre avec des responsables de la défense.

Des propos tenus par un haut responsable militaire dans un colloque "fermé", à l’Université Laval, ils avaient retiré que :

- les responsables civils et militaires de la défense ne sont pas opposés par principe à la manifestation d’opinions pacifistes puisque cela permet d’affirmer que la liberté d’expression existe

- d’un point de vue pratique les manifestations des mouvements pacifistes traditionnels sont l’occasion pour les services d’information officiels de souligner le caractère marginal de ces protestations et de déconsidérer leurs auteurs

- les autorités sont plus attentives lorsque ces mouvements représentent un large courant d’opinion (d’où l’expression "main stream").

Ces considérations, l’évolution de la situation internationale et la nécessité d’envisager les menaces contre la paix de manière plus globale ont poussé à la recherche d’une mobilisation plus importante.

En 1984, ce fut le cas avec "Un F-18 pour la paix" puisque, outre la forte progression du nombre des manifestants, des syndicats ont admis la nécessité de soutenir des analyses économiques, et l’assemblée des évêques a fait signer la pétition dans les églises, notammant en distribuant - sous le pseudonyme de Jeanna d’Arc Tremblay ! - le livre "La défense du Québec et la famille Tremblay", fruit d’une recherche de deux ans sur tous les aspects de la politique canadienne de défense.

En 1987, PACIJOU était créé : organisme sans but lucratif destiné à sensibiliser les jeunes à d’importantes réalités socio-culturelles et à contrer la violence véhiculée par les jouets et les jeux vidéo. Ses moyens principaux sont la recherche sur ces problèmes, l’organisation de sessions de formation et de conférences, l’intervention auprès des médias, la production de documents pédagogiques (par exemple : "Pacijeu", cahier de jeux pour la paix, les droits humains et l’environnement, publié avec les Cercles de fermières du Québec auxquels sont affiliées cinquante mille Québécoises).

Il a été très actif dans l’organisation de grandes campagnes de sensibilisation sur "la culture violente, guerrière et sexiste" consommée par les jeunes :

- La première campagne, à l’automne 1988, a permis de récolter plus de 25 000 jouets de guerre dans les écoles primaires du Québec, et de les "recycler" à travers deux monuments à la paix.

- La seconde campagne, en 1989-90, comportait deux volets : plus de 156 000 adultes signèrent une pétition demandant au gouvernement fédéral de bannir les émissions pour enfants qui proposent la violence comme mode normal de solution des conflits et de constituer un fonds spécial pour encourager la production de séries télévisées pour enfants mettant en valeur les droits humains, la paix, la coopération internationale, l’écologie... ; un concours coopératif, pour que les jeunes du primaire et du secondaire imaginent des alternatives aux actuels jeux de guerre en fabriquant de nouveaux jouets et jeux pour la paix.

Aujourd’hui, PACIJOU a décidé de soutenir la campagne de Virginie Larivière qui, en réaction à l’agression dont sa soeur a été victime, veut recueillir un million de signatures pour s’opposer à la violence télévisée.

Mots-clés

paix, pédagogie, jeune, éducation et changement social, éducation, éducation à la paix


, Canada, Québec

Commentaire

Le mouvement décrit ci-dessus traduit bien un changement de dimensions de la réflexion sur la paix en général et sur l’éducation à la paix en particulier dans les milieux concernés au Québec. Un double objectif est recherché :

augmenter considérablement le nombre de personnes sensibilisées aux problèmes de la paix et ainsi la pression à exercer sur les autorités concernées ; élargir le champ des questions ayant trait à la paix et identifier les liaisons et les interactions entre elles.

On peut mesurer la portée du label "main stream" dans le contexte nord-américain en notant, par exemple à propos d’armement, que la "National Rifle Association", qui défend aux Etats-Unis le droit pour tout Américain de posséder une arme, doit sa force au fait qu’elle se réclame pour cela du second amendement de la Constitution. C’est donc une question de droit fondamental de la "Main Stream America", et, partant, d’idéologie dominante.

Source

Entretien

CADOTTE, Robert

Ecole de la Paix - 7 rue Tres-Cloîtres, 38000 Grenoble, FRANCE - Tél. : 33 (0)4 76 63 81 41 - Fax : 33(0)4 76 63 81 42 - France - www.ecoledelapaix.org - ecole (@) ecoledelapaix.org

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