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L’éruption cyclique de l’affrontement violent

L’ennemi de mon ami est mon ennemi

Elsa BLAIR

03 / 1993

La région de "Magdalena Medio Santandereano", au nord-ouest de la Colombie, a été une zone particulièrement violente depuis sa constitution. Là vont confluer des problèmes économiques (propres aux zones à économies enclavées, en particulier la production de pétrole), culturels (zone réceptrice de migrations de groupes sociaux très divers et manquant de cohésion au sein des communautés), politiques (présence précaire de l’Etat, parfois même seulement la répression, illégitimité des partis politiques traditionnels et existence permanente d’acteurs sociaux contestataires).

Cette zone a donc été l’objet "d’éruptions cycliques" de violence: La violence des années 20, liée à l’apparition des luttes ouvrières et du mouvement socialiste; celle des années 30 pendant la période connue sous le nom de "république libérale"; LA VIOLENCE (en majuscules)du milieu du siècle et celle ultérieure au Front National (période actuelle).

Au delà des raisons historiques de problèmes structuraux non résolus ou des continuités ou ruptures entre les diverses périodes en termes d’acteurs, de zones et de stratégies, ce qui est à retenir, c’est le jeu permanent, à chaque conflit, des images et des "contre-images" qui se reproduisent entre les protagonistes de la confrontation.La manière dont l’"autre" est perçu. Non pas dans la dimension du conflit où il est possible de négocier et d’établir des régles de jeu mais dans celle de la contradiction où prime la négation de l’autre moyennant l’exclusion, la marginalité ou la destruction physique... la logique militaire de l’ami-ennemi. Les deux dernières analyses sont reprises de la définition donnée par Guy Bajoit (voir notes)sur l’Action collective conflictuelle comme "une catégorie sociale (membres d’une classe, d’une race, groupe sexuel, religieux, régional, linguistique, urbain, rural). Cette catégorie sociale est mise en évidence par l’inégalité dont elle est victime et qui est le résultat de ses échanges avec d’autres catégories sociales. Cette évidence de l’inégalité n’exclue pas l’adversaire, non plus qu’elle ne supprime la relation: elle tend seulement à l’améliorer et/ou à la redéfinir sur de nouvelles bases. Réciproquement, la catégorie sociale adverse, qui bénéficie de l’inégalité ne peut pas ou ne souhaite pas opter pour une stratégie d’exclusion et se voit ainsi obligée à entrer dans un échange conflictuel" et sur l’Action conflictuelle contradictoire définie comme "une catégorie sociale (une armée en guerre, une minorité persécutée, un parti révolutionnaire opposé à un Etat, un groupe délinquant...)qui cherche à exclure de la relation une autre catégorie sociale ou qui, est menacée par cette dernière d’exclusion. L’exclusion met un terme à la relation, et il ne s’agit pas nécessairement de l’existence physique de l’autre. Il n’y a pas ici, comme dans le cas du conflit, de finalités communes en jeu: chacun cherche à éliminer l’autre pour exercer le contrôle, il n’y a pas de "règles de jeu" respectées par les adversaires. Tous les coups sont permis s’ils aident à renforcer ou à détruire l’inégalité".

La manière, ou plutôt les processus avec lesquels les acteurs sociaux construisent et reproduisent ces images méritent une étude en profondeur mettant en cause de nombreuses disciplines scientifiques.

Mots-clés

développement culturel


, Colombie, Magdalena Medio Santandereano

Commentaire

Si, ainsi que le présentent K. et K. Spillmann "L’image de l’ennemi est le résultat d’une perception uniquement déterminée par des évaluations négatives et profondément subjectives... et que dans la dynamique même des conflits les véritables raisons qui sont à son origine perdent de leur importance tandis que l’attention et l’intérêt sont axés sur les caractéristiques générales de l’adversaire désignées de plus en plus à l’aide de "stéréotypes collectifs" pour mieux le mépriser, ... "c’est alors à la lumière des "représentations" (individuelles et collectives)de "l’autre" que le problème de la violence colombienne doit être posé. Cette violence a, en effet, mis en évidence le rôle déterminant de cette "image de l’enemi" qui se construit et se reproduit chez les différents acteurs confrontés et qui pourrait expliquer cette "image" itérative sociale et politique en termes de violence.

Notes

Le livre s’intitule : "Magdalena Medio Santandereano : colonisation et conflit armé". Voir BAJOIT,G. "Les Paradigmes de la Sociologie".Notes de cours.Université Catholique de Louvain.Belgique.1990.

Source

Livre

VARGAS, Alejo, CINEP, CINEP, 1992/08/27 (Colombie), "Société et conflit"

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