español   français   english   português

dph participe à la coredem
www.coredem.info

rechercher
...
dialogues, propositions, histoires pour une citoyenneté mondiale

Pêche en Méditerranée

La nécessité d’une gestion durable de la ressource

Leïla KEBIR

08 / 1996

La pêche en Méditerranée ne représente qu’un petit pourcentage de la production mondiale (environ 1,5%). Destinée à la consommation immédiate, elle revêt pourtant une grande importance pour les populations locales. Essentiellement artisanale, cette activité occupe un grand nombre d’individus (sur mer et sur terre)et détient ainsi une valeur socio-économique parmi les plus élevées du monde. Vu la croissance de la population riveraine résidente et touristique (on s’attend à une augmentation d’environ 50% d’ici 2025), il paraît essentiel de gérer de manière durable la ressource (ce qui est loin d’être le cas aujourd’hui)afin de pouvoir maintenir la pêche et répondre à la demande future de produits halieutiques.

Il existe une grande variété d’espèces en Méditerranée (éponges, coraux rouges, algues, poissons, coquillages et crustacés...). Elles se répartissent de manière très hétérogène dans la région. Seul un petit nombre d’entre elles sont commercialisées (pour des raisons de goût essentiellement). Il est difficile d’évaluer les stocks de ressources; l’instabilité de ces dernières, leurs cycles souvent mal connus, ainsi que la différences des moyens économiques, politiques, institutionnels engagés (engageables)par les dix-huit Etats de la région en sont les principaux responsables. De nombreux efforts sont mis en oeuvre pour permettre la diffusion et le développement de méthodes statistiques plus fines.

La pêche étant surtout artisanale, l’évaluation des efforts de pêche et de la production est assez hasardeuse. Cela dit, il a été mis en évidence que le phénomène de surpêche se retrouve dans toute la région. Les espèces démersales sont particulièrement touchées car se commercialisent mieux (pour des raisons de goût). Lois et réglementations concernant les méthodes et les moyens de pêches (maillage, respect des périodes de recrutement...)existent. Cependant, le caractère artisanal de la pêche (grand nombre d’embarcations à faible tonnage, multitude de ports, vente directe...)complique la mise en oeuvre. Il n’y a pas de zones exclusives (sauf pour le Maroc)et l’espace Méditerranéen est en général ouvert à tous (le droit de la mer ne s’appliquant pas entièrement). Les pêcheurs effectuent en principe des sorties de durée inférieure à vingt-quatre heure et restent ainsi près des côtes nationales. Certaines flottilles exploitent des stocks se situant à l’intérieur des eaux territoriales des pays voisins. Ceci pourrait à terme provoquer des conflits si la pêche y devenait surabondante. On note aussi la présence de pêcheurs japonais dont l’activité limitée se concentre sur une espèce très prisée au Japon. Les "grands pêcheurs" sont l’Espagne, l’Italie, la France et la Grèce (67% de la production totale), puis viennent la Tunisie, l’Algérie et l’ex-Yougoslavie.

En pl us de la surexploitation, la pollution menace sérieusement les ressources halieutiques (disparition d’espèces, destruction des zones frayères...). D’origines multiples (industrielle, agricole, domestique...)la pollution est difficile à combattre, les moyens financiers et institutionnels engagés étant insuffisants (en 1990, seul 1

3 des eaux usées étaient traitées avant d’être rejetées dans la mer). De plus, le manque de volonté politique fait passer au second plan les problèmes de pollution; le développement économique étant prioritaire. Les perspectives d’avenir sont peu optimistes étant donné les prévisions concernant l’accroissement des transports maritimes, l’industrialisation des pays du sud-est de la région (se faisant sans les équipements les plus propres), l’urbanisation et l’augmentation de la population. La dégradation du milieu due à la pêche elle-même est aussi importante. Le rejet de matériel inutilisable (filets cassés...)et l’usage de grands filets dérivants non sélectifs tuent certains animaux (cétacés et tortues particulièrement). Quant à la pêche au chalut, bien qu’interdite dans la zone côtière, elle se pratique régulièrement et détruit les herbiers, les frayères entraînant ainsi la désertification des fonds.

Plusieurs institution s ont été créées pour stimuler la coopération régionale en matière de pêche (recherche, protection...). La plus importante est le Conseil général des pêches pour la Méditerranée (CGPM)qui, créé dans le cadre de la FAO par les Etats riverains (sauf l’Albanie)est reconnu comme étant le responsable international du développement des pêches en Méditerranée. Il se charge de promouvoir le développement, la conservation, l’aménagement rationnel et la valorisation des ressources halieutiques.

La pêche en Méditerranée est menacée par la surexploitation qu’elle occasionne, la pollution et la dégradation de l’environnement marin. Le manque de connaissance concernant les milieux, les espèces, la production et les contextes socio-économiques empêche une compréhension globale de la problématique et complexifie la mise en place d’une gestion durable de la ressource.

Mots-clés

pêche artisanale, pollution de la mer, dégradation de l’environnement, droit de la pêche, droit de la mer, ressources halieutiques


, Pays méditerranéens

dossier

Biodiversité : le vivant en mouvement

Source

Autre

CHARBONNIER, Daniel, Pêche et aquaculture en Méditerranée: Etat actuel et perspectives, ECONOMICA, 1990 (France); Les fascicules du <Plan bleu 1>

mentions légales