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Des experts du Nord et du Sud étudient le secteur de la pêche en Afrique de l’Est

Les enjeux financiers d’une mission qui contribue à la valorisation de l’expertise du Sud

Sophie NICK

02 / 1996

Philippe Prigent a été salarié et secrétaire général de l’Association pour le développement des activités maritimes (CEASM)pendant sept ans. Au cours d’une mission d’identification en Afrique de l’Est, financée par la CEE, il a collaboré avec des experts locaux. Il nous raconte ici les problèmes financiers que cela implique.

"Cette mission avait pour thème : "Dispositifs de crédits et de formations pour les petits opérateurs privés de la pêche artisanale dans les pays membres de l’IGADD (Intergovernmental Authority on Drought and Development)". Elle était menée par deux équipes dans six pays d’Afrique de l’Est, le Kenya et l’Ouganda d’un côté et Djibouti, l’Erythrée, l’Ethiopie et le Soudan de l’autre. Ces équipes étaient formées de trois experts européens : un socio-économiste, un spécialiste du crédit et un architecte naval. Avant la première mission (dite "de débroussaillage"), en février et mars 1994, nous avons fait savoir suffisamment à l’avance que nous souhaitions travailler avec des experts locaux. Dans certains cas, des administrateurs des pêches nous ont été imposés ; dans d’autres cas, un appel d’offre a été publié et les experts ont été recrutés par les services de l’Etat. Nous aurions souhaité faire le recrutement nous-mêmes mais cela n’a pas été possible, nous nous sommes retrouvés devant le fait accompli. D’une manière générale, les experts qui se sont présentés après l’appel d’offres étaient plutôt bons. Il y avait bien sûr des enjeux financiers considérables derrière tout cela et nous nous sommes beaucoup interrogés pour savoir comment gérer ce problème. Par exemple, les experts éthiopiens gagnaient en une journée l’équivalent d’un mois de salaire avec une rémunération inférieure à la notre. On les payait de la main à la main en leur faisant signer un reçu parce qu’il n’existe aucun cadre juridique pour cette procédure. Sinon, il aurait fallu faire des démarches six mois à l’avance. Les experts issus de l’administration ont du prendre ou non des vacances pour se rendre disponibles. Au Soudan, et surtout en Erythrée, ces personnes n’ont pas voulu être rémunérées parce qu’elles considéraient que cela faisait partie de leur travail d’oeuvrer pour la reconstruction de leur pays. Nous avons pourtant insisté parce que l’un des buts de cette mission était de valoriser l’expertise locale. Nous souhaitions que les personnes qui possèdent un savoir-faire dans un domaine donné puissent l’investir plus largement. Ce sont donc les Ministères et non les experts en particulier qui ont été payés."

Mots-clés

pêche artisanale, mer, ONG, consultant, valorisation du savoir faire, formation, financement du développement


, Afrique de l’Est

Commentaire

Les enjeux financiers conditionnent énormément les rapports que l’on peut entretenir avec les personnes rencontrées lors des missions. Quand on est un expert occidental, ils savent que, d’une manière ou d’une autre, cela apportera de l’argent tout de suite ou plus tard.

Notes

Entretien réalisé par Sophie Nick au CEASM dans le cadre de la capitalisation d’expérience de cette association.

Entretien avec PRIGENT, Philippe

Source

Entretien

CEASM (Association pour le Développement des Activités Maritimes) - Le CEASM a arrêté ses activités en 2001. - France

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