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La démarche Diobass pour réfléchir, au village, entre paysan(ne)s, agents et chercheurs, au Sénégal et en Afrique noire francophone

Bernard LECOMTE, Brigitte REY

11 / 1996

1. Le point de vue d’un leader-paysan, Demba Keita, chargé de la coordination des programmes de l’APRAN (Association de la Promotion Rurale de l’Arrondissement de Nyassia)et président de la Commission Formation de la FONGS (Fédération des ONG Sénégalaises).

"Avec la méthode Diobass, on essaie de régler en même temps plusieurs préoccupations; celles des paysans, celles des agents et celles des chercheurs. J’ai participé à un atelier conduit par Hugues Dupriez.

Je l’ai tout de suite beaucoup apprécié parce que, d’abord, on va une semaine sur le terrain. Je commence à critiquer un peu les sessions, les séminaires qu’on organise dans les salles de réunion où on est là pendant cinq à 10 jours avec seulement des bâtiments en face de nous. Mais avec la démarche Diobass, on va sur le terrain, on voit le concret, on palpe des choses, on a des préoccupations auxquelles on va réfléchir. Nos interlocuteurs sont valables; ce sont les gens qui exécutent et réalisent ces activités-là. Ce ne sont pas des présidents d’Union, d’association ou des secrétaires généraux, mais les pratiquants qui ne parlent pas français, qui parlent leur langue. On a cela aussi dans les échanges entre paysans d’associations différentes, mais alors le thème d’échange est centré sur une seule préoccupation. Alors qu’avec la méthode Diobass, tu réfléchis à beaucoup de choses. Aujourd’hui, les gens commencent à réfléchir au sein de leur famille, des groupements et même au sein des villages. Si on veut que cette réflexion soit plus large, qu’une réflexion externe vienne les trouver, il faut le faire mais en s’appuyant toujours sur leurs réalités. Et Diobass fait cela. Après la rencontre, les gens continuent à réfléchir sans nous, là où les activités se mènent, parce que si il n’y a pas de riz, ce sont eux les 1er qui le sentent, pas nous. C’est cela l’amour que j’ai pour la démarche Diobass".

2. Les principes de la méthode Diobass, selon Hugues Dupriez.

Cette pédagogie s’inscrit nécessairement dans le cadre d’organisations de base structurées. Ses grandes lignes sont les suivantes :

a)la valorisation des connaissances de tous les acteurs économiques, sociaux et techniques du monde rural, dans le cadre d’échanges égalitaires entre paysan(ne)s, agents ruraux, techniciens supérieurs, etc. On cherche à rassembler des connaissances diffuses pour les concentrer dans un bagage culturel ou technique commun et dynamique.

b)La socialisation des informations et de la formation. En milieu rural, il existe peu ou pas de lieux où s’échangent librement les connaissances techniques des divers agents économiques et sociaux. En regroupant des personnes de milieux divers, on favorise les échanges et le partage des connaissances hors des hiérarchies sociales et étatiques. On élargit les espaces, les sources de savoir et d’expériences.

c)Des techniques de formation en groupes diversifiés. Les agriculteurs, comme les agents techniques ou sociaux, organisent la réflexion et valorisent les connaissances de chacun des membres du groupe.

d)La mobilité des groupes sur le terrain et sur les matières à analyser. L’objet dont on parle doit se trouver sous les yeux, alors on se déplace.

e)Le questionnement dirigé favorisant l’observation, la réflexion et l’évolution propres des groupes. Le choix des thèmes se fait avec l’organisation paysanne concernée.

f)La concrétisation des analyses et synthèses communes par la pratique du "maquettage" : tous les participants présentent en commun, par une maquette, leurs observations et en tirent des conclusions opérationnelles.

g)L’approche systémique des problèmes de gestion de la terre, de santé, etc. On cherche à développer des connaissances générales autant que des gestes techniques précis. Ces derniers prennent alors une place raisonnée dans le contexte des connaissances : "Apprendre la vie du vent, avant de chercher à lutter contre le vent".

h)Les sessions Diobass, collectives et publiques, sont organisées comme des "microcosmes" préfigurant ce que pourrait être une société rurale organisée autour de ses problèmes de production, de relations, d’association. Le plus souvent, la socialisation des informations et de la formation se fait dans un cadre public (villages, associations ou délégations). La formation participe ainsi au développement culturel de la collectivité autant qu’à celui des individus en formation".

Mots-clés

agriculture paysanne, organisation paysanne, savoir paysan, vulgarisation agricole, technicien et paysan


, Afrique de l’Ouest, Sénégal

Commentaire

Sans de nouvelles façons de communiquer entre paysans, chercheurs et formateurs, la synergie entre acteurs du développement local est bloquée. La méthode (et l’esprit)"Diobass-Ecologie et Société" chercher à promouvoir cette révolution.

Notes

Interview de Demba Keita par Bernard Lecomte, mars 1996

Entretien avec KEITA, Demba

Source

Entretien ; Récit d’expérience

DUPRIEZ, Hugues, Diobass, écologie et société, réunion du 3 avril 1996

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