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Proposition pour la création d’une banque communautaire villageoise adaptée au contexte africain

Agnès CUNEGATTI

04 / 1996

La banque communautaire représente en quelque sorte la mutuelle des mutuelles de solidarité. Elle n’est vraiment utile que si plusieurs mutuelles fonctionnent dans la même région depuis au moins six mois.

La banque communautaire collecte les surplus de liquidité des mutuelles, mais aussi l’épargne libre des membres ainsi que celle des non-membres si les membres le décident. Cette épargne n’est pas forcément rémunérée, au moins dans un premier temps.

La banque communautaire remplit six fonctions majeures :

1. transférer les surplus de liquidité des mutuelles pour obtenir des revenus de placement et assurer la sécurité des dépôts

2. accorder des prêts d’investissement destinés aux membres des mutuelles ainsi que certains prêts aux sociétés de développement

3. servir d’intermédiaire avec les institutions financières pour satisfaire les besoins de crédit dépassant les possibilités de la mutuelle ou celles de la banque elle-même

4. assurer un contrôle sur les mutuelles, notament pour donner un aval sur les crédits demandés

5. assurer la diffusion locale de mutuelles de solidarités, ce qui permettra de collecter de plus en plus d’épargne libre et d’augmenter la capacité financière

6. assurer la sécurité du montage financier en veillant à la régularité des crédits octroyés et remboursés.

La banque communautaire est toutefois d’un abord plus difficile pour les membres que la mutuelle de solidarité. En effet, les ressources sont plus diversifiées et l’intermédiation financière plus complexe. Il est possible de schématiser le fonctionnement de la banque en utilisant l’image de deux canaris, du grenier et du puits :

  • Le premier canari est celui des sociétaires : y entrent des dépôts et n’en sortent que les crédits, les retraits et les placements en banque. Cet argent n’appartient pas à la banque rurale. Il ne communique pas avec le deuxième canari.

  • Le deuxième canari appartient à la banque. Il est alimenté par les participations aux frais de gestion (notion plus facile à accepter que celle de taux d’intérêt) que doivent payer tous les bénéficiaires de crédit. C’est le conseil d’administration de la banque communautaire qui décide de l’utilisation de cet argent.

  • Le grenier, quant à lui, est alimenté par les parts sociales des sociétaires et les droits d’adhésion. C’est de l’argent disponible pour longtemps, qui peut donc servir à couvrir les risques. Le grenier est aussi alimenté par les bénéfices qui restent en fin d’année, quand les produits (ce qui entre dans le deuxième canari) sont supérieurs aux charges (ce qui sort du deuxième canari). En fin d’année, on vide le deuxième canari dans le grenier.

Toutefois, la réserve de sécurité que représente le grenier peut ne pas suffire. Pour se prémunir contre les gros problèmes, les banques cotisent entre elles et tout l’argent des cotisations est versé dans un puits qui est un fonds de secours entre toutes les caisses.

Les ruraux et les urbains comprennent très bien qu’on ne peut faire sortir du premier canari plus de crédit qu’il n’entre d’épargne, de même qu’on ne peut dépenser plus en charges que ce qu’on gagne en produits, c’est-à-dire en intérêts sur crédit. Ils comprennent aussi très bien le rôle de protection du grenier avec les parts sociales et les réserves puisque eux-mêmes savent à quoi leur sert leur grenier.

Mots-clés

système d’épargne et de crédit, méthodologie, mutuelle, banque


, Afrique

dossier

Microfinances pour le développement : diversité et enjeux des crédits alternatifs

Commentaire

Cette proposition pour la création d’une banque communautaire est à rapprocher des propositions pour la mutuelle de solidarité, la société de développement et le club d’investissement, quatre outils financiers qui peuvent être mis en place de façon progressive et qui se complètent efficacement.

Source

Livre

TAILLEFER, Bernard, Karthala, 1996 (France)

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