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dialogues, propositions, histoires pour une citoyenneté mondiale

L’association DJOLIBA au Mali

S’informer et réfléchir pour un développement harmonieux

Idrissa SIDIBE

1995

L’origine et le développement du centre DJOLIBA sont intimement liés à l’évolution de la vie politique, économique, sociale et culturelle du Mali. Il a été créé en 1964 à l’initiative de l’Eglise catholique dans le souci de contribuer à la formation et à l’information de l’homme malien en vue de sa promotion, dans le respect de sa personnalité. Notre pays était alors dominé par une idéologie et une politique marxiste-léniniste.

Le fondateur, l’Abbé David Traoré, entouré d’un groupe de laïcs décidés, a su conquérir et préserver une liberté de pensée et d’expression pluraliste à un moment où les partis politiques et les syndicats libres avaient très peu de latitude. Son nom « DJOLIBA » reprend l’appellation en langue bambara du fleuve Niger : « abondant qui nourrit ».

Développement - rencontre - dialogue, sont les 3 options fondamentales qui sous-tendent « l’esprit Djoliba » et régit ses activités. Par sa démarche de développement, le Centre Djoliba veut vivre en situation de recherche avec les hommes et les femmes qui agissent pour un progrès global et participatif.

Les notions de rencontre et de dialogue sont primordiales. Le Centre se veut un lieu de contact, de réflexion et de recherche autour des problèmes concrets du tiers monde en général, de l’Afrique et du Mali en particulier. Il favorise les relations entre personnes de professions, de responsabilités et d’origines diverses, les mettant à même de confronter leurs points de vue et d’élargir leurs perspectives. Il est ouvert à tous, hommes et femmes, adultes et jeunes, intéressés au progrès du pays, au service de « tout homme et de tous les hommes », au-delà des particularismes et des frontières étroites. Dans le respect de toutes les convictions philosophiques et religieuses, et des options politiques de chacun, le Centre Djoliba se veut un lieu de dialogue entre les nationalités et pour paraphraser son fondateur, « un des arbres à palabre disséminés à travers l’Afrique ».

Ce n’est qu’en 1992 que le Centre DJOLIBA est officiellement devenu association de droit national malien, dénommée « Association DJOLIBA Homme et Développement », dotée d’un comité exécutif et d’une assemblée générale.

Pour être membre de l’association, il faut être parrainé par un membre et agrée par le comité exécutif. Notons que ce dernier contient en son sein un conseiller spirituel.

Depuis sa création en 1964, le Centre n’a pu que progressivement, souvent au gré des contraintes, développer ses activités, pourtant denses à ce jour. C’est la réalité quotidienne qui détermine ses projets et lui fait découvrir les méthodes et voies appropriées. Durant les longues années pendant lesquelles les libertés politiques étaient réduites, Djoliba a constitué, à Bamako, le seul espace d’information, d’échanges et même de propositions, ouvert à tout public. C’est la mise en place de la bibliothèque qui a constitué la première activité, à partir de 1964. Créée pour contribuer à l’information et à la formation des cadres et intellectuels maliens, la bibliothèque met aujourd’hui à la disposition de ses usagers (15 à 18 000 par an) près de 25 000 ouvrages généraux, documents spécialisés ou collections de revues.

Dès 1969, un véritable forum du développement s’est constitué à la faveur d’un nouveau contexte politique. Il se compose d’une équipe pluridisciplinaire de cadres et intellectuels maliens qui se réunissent régulièrement pour réfléchir à des questions d’actualité (problèmes économiques, culturels, sociaux, etc…). Le Cercle de réflexion organise des Causeries-débats, conférences, séminaires sur les sujets résultant de sa réflexion. Ses rencontres, qui trouvent parfois un écho dans les médias nationaux, visent à procurer des perspectives nouvelles aux cadres et étudiants, à permettre aux participants de développer leur sens critique et d’affiner leur jugement, et à éveiller une volonté d’engagement.

En 1980, le Centre a intégré un volet « promotion féminine » dont la devise est de rendre la femme malienne actrice de l’amélioration de sa propre condition. Pour ce faire, le Centre Djoliba travaille à l’insertion consciente et libre des femmes dans la société en mutation. Il appuie des initiatives génératrices de revenus, incite la prise de parole et de responsabilisation, sensibilise aux problèmes de vie par des sessions sur des thèmes liés à la qualité de la vie, à la protection de l’environnement, ou à l’organisation de groupements féminins. Ces sessions sont actuellement très sollicitées tant en ville qu’en brousse.

En 1988, sur l’initiative de jeunes, le « forum des jeunes » est mis en place. C’est la contribution du Centre Djoliba à la recherche de solutions autour des problèmes de formation et d’emploi de la jeunesse malienne. Il offre aux jeunes un lieu d’information et d’échange sur le marché de l’emploi, les structures de financement et d’appui, etc.

Pour appuyer ses deux derniers volets, une cellule de formation vient d’être créée. Elle organise des sessions de formation de formateurs pour des agents de développement, et des sessions itinérantes ouvertes au public des quartiers et villages, souvent analphabète.

En 1989, un nouvel axe voit le jour : la formation à la recherche. Initiés avec le concours d’écoles supérieures maliennes et de l’ORSTOM (office de recherche), les séminaires de formation à la recherche du Centre Djoliba ouvrent aux cadres, enseignants et étudiants, une fenêtre sur le monde de la recherche scientifique et technique. Ils proposent une formation continue, et permet à des chercheurs de faire connaître les résultats de leurs travaux. A ce jour, une cinquantaine de séminaires a été tenue.

Mots-clés

liberté d’expression, dimension culturelle du développement, formation de formateurs, diffusion des savoirs, relations réflexion action, liberté d’information, recherche et développement, culture et développement


, Mali

dossier

« On ne ramasse pas une pierre avec un seul doigt » : organisations sociales au Mali, un atout pour la décentralisation

Commentaire

Le Centre Djoliba n’est pas seulement une école de formation pour tous, intellectuels ou analphabètes. C’est aussi un forum de développement animé par des cadres maliens exigeants, motivés, et compétents. C’est d’ailleurs grâce à l’engagement de son personnel, de ses membres et au soutien financier de plusieurs organismes, que le Centre poursuit son avancée au service de l’homme et du développement du Mali.

Ce lieu privilégié d’échange a joué un rôle dans le tournant historique du Mali avec l’avènement de la démocratie. Réflexions et actions générées par le Centre Djoliba l’ont propulsé au devant de la scène. Plusieurs membres du Centre Djoliba occupent d’importantes fonctions dans les instances administratives. Aujourd’hui, il apparaît essentiel de tout faire pour développer à la fois une « culture démocratique » et une meilleure compréhension des mécanismes économiques, éléments indispensables à la consolidation des acquis démocratiques. Et c’est sur cette voie que Djoliba s’engage.

Notes

Cette fiche a été réalisée sur la base d’une enquête effectuée entre 1994 et 1995. L’ensemble dans lequel elle s’inscrit a fait l’objet par la suite d’une publication séparée, sous le titre : On ne ramasse pas une pierre avec un seul doigt : organisations sociales au Mali, un apport pour la décentralisation, FPH; Centre Djoliba, juillet 1996. S’adresser à la Librairie Fph, 38 rue Saint-Sabin, 75011 Paris.

Source

Enquête ; Présentation d’organisme

Centre Djoliba - BP 298, Bamako. MALI. Tél. : (223) 222 83 32 - Fax : (223) 222 46 50 - Mali - centredjoliba (@) afribone.net.ml

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