español   français   english   português

dph participe à la coredem
www.coredem.info

rechercher
...
dialogues, propositions, histoires pour une citoyenneté mondiale

A Aix-les-Bains les bénéficiaires du RMI sont accueillis par petits groupes afin de favoriser l’expression de leurs attentes et besoins

Gérald VANZETTO

04 / 1996

"L’Espace +" rassemble aujourd’hui dans un même lieu un point Permanence Information Jeunesse, l’association intermédiaire Défi, la Maison de l’Information sur la Formation, la Commission Locale d’Insertion, le bureau de l’Association pour le Développement de la Promotion Sociale, organisme de formation, la Permanence d’Accueil d’Information et d’Orientation et le Centre d’Information et d’Orientation

Ce regroupement de partenaires différents est l’aboutissement d’un travail engagé dans le cadre du dispositif RMI par la responsable de circonscription d’action sociale et par le directeur du Centre Communal d’Action Sociale. Une commission informelle s’est constituée avec des travailleurs sociaux, des responsables d’associations et d’organismes de formation pour réfléchir sur les initiatives à prendre, les actions à engager dans le cadre de la lutte contre l’exclusion. L’accueil collectif permet des rapports plus équilibrés entre professionnels et bénéficiaires.

Au printemps 1994, les travailleurs sociaux constatent un décalage entre leur façon d’accueillir et d’accompagner les personnes et les besoins repérés sur le terrain. Elles font état d’un manque de cohérence dans leurs pratiques entre ce qu’elles souhaitent et ce qui se passe réellement.

Ce constat est lié à l’augmentation importante du nombre de bénéficiaires du RMI particulièrement entre 1992 et 1994. Les assistantes sociales doivent mener un nombre sans cesse croissant d’entretiens individuels pour établir le contrat d’insertion et manquent de temps pour un échange approfondi avec chaque bénéficiaire.

Une réflexion est engagée sur l’idée de construire un dispositif d’accueil qui permettrait, au moment de l’élaboration du contrat d’insertion, d’instaurer des rapports plus dynamiques entre professionnels et bénéficiaires basés sur la notion d’échanges.

Cette nouvelle démarche a conduit également à créer de nouveaux outils pour mieux comprendre l’attente des nouveaux bénéficiaires et mieux répondre aux besoins exprimés. Ce travail a été délicat car il a dû tenir compte des différentes approches des partenaires membres de la commission locale d’insertion.

Entre les constats de départ et la mise en oeuvre de l’action, plus de six mois de travail ont été nécessaires pour concrétiser cette volonté d’engager une démarche d’intervention sociale différente avec la mise en place d’un accueil collectif.

Lors de l’accueil, les bénéficiaires expriment leurs attentes et les professionnels expliquent comment ils conçoivent leur rôle. Au sein du lieu d’accueil, la démarche des professionnels est triple :

- accueillir, informer sur leurs droits les personnes ayant fait une demande de RMI

- expliquer comment chacun des intervenants (travailleur social, formateur ...)conçoit son rôle, sa place au sein du dispositif RMI et comment il se représente les dynamiques d’insertion

- soutenir les bénéficiaires dans l’auto-évaluation de leur situation et préparer la signature du contrat d’insertion.

La rencontre commence autour d’une tasse de thé ou de café, temps d’échange où certains expriment ce qu’ils ressentent, comment ils vivent, ce qu’ils pensent ... Il faut, dans un premier temps, accueillir la colère des personnes, leur découragement. Les professionnels doivent écouter, gérer les paroles, les émotions.

Lors de la deuxième rencontre, les participants se répartissent en plusieurs sous-groupes et sont invités, à l’aide d’outils projectifs construits spécialement pour eux, à confronter leurs idées, leurs sentiments sur ce qu’ils perçoivent de leur situation.

Une troisième séance permet à chacun de préciser ses pensées, ses désirs, de dégager ses priorités. L’objectif est que le bénéficiaire du RMI puisse formuler, lors de l’entretien individuel prévu pour négocier le contrat, les démarches qu’il souhaite engager. Ce moment d’échange est souvent apprécié.

A la fin de ces trois rencontres étalées sur trois semaines, un bilan avec le groupe permet aux professionnels de réajuster leurs pratiques et "d’être plus encore à l’écoute des besoins".

Les rencontres favorisent une plus grande proximité entre accompagnants et accompagnés; l’image du dispositif RMI en est changée.

Chaque "session" apporte un éclairage nouveau sur la qualité d’écoute entre les participants ainsi que sur le respect de la parole d’autrui. Les différences entre les manières d’être dans le groupe sont prises en compte et acceptées.

Passée l’inquiétude de départ liée au fait de se trouver aux côtés de personnes le plus souvent inconnues, les participants s’impliquent dans les échanges ; ceux qui avaient le sentiment d’être isolés, dévalorisés par ce qu’ils vivaient, se sentent moins seuls et moins "un cas unique". "Il était pratiquement impossible au départ d’imaginer que des personnes en difficulté puissent participer de manière aussi importante" remarque un professionnel. L’image du dispositif RMI est changée, il y a plus de proximité entre accueillant et accueilli, entre accompagnant et accompagné. "Quand les personnes reviennent au secrétariat de la Commission Locale d’Insertion, le contact est plus direct, elles connaissent les personnes qui y travaillent..."

Mots-clés

revenu minimum, travail, lutte contre l’exclusion, paupérisation, insertion sociale, accompagnement social


, France, Savoie, Aix-les-Bains

Commentaire

Dans ce dispositif d’accueil, les rencontres permettent des échanges très riches grâce à la diversité des parcours des personnes et les différents niveaux d’intervention des professionnels. Une complémentarité se distingue, une solidarité se fait jour. Alors est rendue possible la confrontation de regards sur la société et de ce que chacun comprend des différentes situations vécues.

A partir de là, la recherche de solutions n’est plus l’exclusivité des professionnels mais associe étroitement celles des bénéficiaires. Pour les travailleurs sociaux, c’est un "grand changement" dans leur façon de travailler.

Notes

L’auteur est membre du Conseil Général de Savoie, il a réalisé cette fiche pour la MRIE à partir d’un entretien avec Brigitte Boyer de la Commission Locale d’Insertion d’Aix-Les-Bains tél. 04 79 88 83 16.

Texte mis en fiche et diffusé par le CR-DSU=CENTRE DE RESSOURCES SUR LE DEVELOPPEMENT SOCIAL URBAIN, 4 rue de Narvik, BP 8054, 69351 Lyon cedex 08, FRANCE. Tel 78 77 01 43. Fax 78 77 51 79

Entretien avec BOYER, Brigitte

Source

Entretien ; Document interne

MRIE RHONE ALPES=Mission régionale d'information sur l'exclusion, Agir avec les plus défavorisés, MRIE RHONE ALPES, 1996 (France)

MRIE RHONE ALPES (Mission Régionale d'Information sur l'Exclusion) - 14 rue Passet, 69007 Lyon, FRANCE - Tél. 33 (0)4 37 65 01 93 - Fax 33 (0)4 37 65 01 94 - France - www.mrie.org - mrie (@) mrie.org

mentions légales