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Les caractères d’un réseau ouvert

Claire HEBER SUFFRIN

12 / 1996

Je vais énoncer un certain nombre de caractères des réseaux ouverts que j’ai pu déceler dans la pratique des réseaux d’échanges de savoirs (RERS). Le réseau d’échanges réciproques de savoirs propose une démarche pédagogique et sociale fondée sur un principe d’apprentissages mutuels (tous enseignants et apprenants). Le pluralisme en est un des principes. Il se manifeste concrètement par :

* la pluralité des personnes (toutes cultures, toutes origines, tous âges, tous degrés de réussites sociales et professionnelles)

* La pluralité des savoirs (s’orienter dans le métro, éléments de sociologie, jardinage, lire des articles d’économie, cuisine, peinture à l’huile, piano, lire, danses, connaître le droit.)

* La pluralité des lieux d’échanges (écoles, lieux "sociaux", lieux privés, lieux publics, cafés.)

* La pluralité des structures relationnelles d’apprentissage (un offreur/un demandeur ; 2 offreurs /8 demandeurs.).

Pour former des animateurs de réseaux, nous avons réfléchi sur la dimension écologique et systémique d’un Réseau d’Echanges Réciproques de Savoirs. Nous savons que le sens et l’effet d’un apprentissage changent selon la nature des systèmes, des dispositifs dans lesquels il est inscrit et selon le statut donné aux personnes et aux relations. Apprendre c’est indissociablement apprendre des connaissances, des savoir-faire et des savoir-être et intégrer les valeurs du système social qui a organisé ces apprentissages. Si l’on apprend dans des RESEAUX OUVERTS, où chaque élément du système est un élément essentiel, l’on apprend ce qu’est un système ouvert, comment il se construit et se maintient ouvert, l’on apprend à s’y déplacer, à s’y repérer, à saisir les inattendus, à vivre et à gérer le mouvement. Un réseau ouvert est une incitation à des apprentissages permanents, non plus seulement liés à des lieux, contenus, temps et liens institutionnels formels mais utilisant toutes les ressources humaines du réseau.

Les réseaux de savoirs sont une écologie des savoirs par la mise en réseaux des porteurs de savoirs, des savoirs, des intelligences, des relations sociales.

Ecologie, force d’échanges énergétiques : ici, les savoirs, les désirs de savoirs, les manques conçus comme richesses parce que connectés positivement, les relations et désirs de relations.

Ecologie, force de régulation ; les médiations, les mises en relations sont nécessaires au fonctionnement des réseaux ; elles ont un rôle de maintenance d’un équilibre dynamique, équilibre de la réciprocité, équilibre des diversités des personnes, des savoirs.

Ecologie, force d’intégration et de synthèse des savoirs, des expériences, des relations. Réseau catalyseur des savoirs et expériences existants, dans un territoire, un quartier, une ville, une école, une institution. catalyseur des échanges multiples pour que ces mêmes savoirs, modifiés, essayés, enrichis par les échanges, retournent à l’environnement, au quartier, à la ville, aux groupes sociaux concernés et les enrichissent.

Les caractères d’un réseau ouvert dépendent toujours de ce qui se met en réseau. Ici, des personnes dans leur globalité, libres d’entrer et sortir du réseau, libres de se déplacer dans les savoirs. Un réseau bouge, se fortifie, s’enrichit, se maintient ouvert quand tous et chaque membre commence, par décision propre, à se mouvoir. Ce sont des individus "pairs" : tous, à la fois, offreurs et demandeurs ; tous, à la fois, enseignants et apprenants. En principe, dans un réseau ouvert, non vertical, tous les membres du réseau ont le même pouvoir de décision, parce qu’ils ne décident que sur leur propre action et non sur celles des autres. Tous ont le même niveau de responsabilité, qui se transforme en co-responsabilité, dans la réalisation des objectifs. Chaque membre du réseau est autonome dans son action mais responsable de ses effets dans la réalisation des objectifs de l’ensemble.

Mots-clés

échange de savoirs, réseau d’échange de savoirs, réseau de citoyens, réseau d’échange d’expériences


, France

Notes

Le MRERS est une association créée par Claire et Marc HEBER SUFFRIN en 1985 et qui fonctionne sur un mode de réciprocité ouverte, chaque participant étant à la fois offreur et demandeur de savoirs. Les fiches ont été produites dans les ateliers d’écriture de ce réseau.

Claire Héber-Suffrin est coauteur, avec son mari, Marc, de :

- "L’école éclatée" (1981), réédité aux éditions EPI-Desclée de Brouwer en 94

- "Appels aux intelligences" (1988), Ed. Matrice

- "Echanger les savoirs" (1992),Ed. EPI-Desclée de Brouwer

- "Le cercle des savoirs reconnus" (1993), EPI-DDB.

Source

Texte original

(France)

MRERS (Mouvement des Réseaux d’Echanges Réciproques de Savoirs) - B.P. 56. 91002 Evry Cedex, FRANCE - Tel 01 60 79 10 11 - France - www.mirers.org - mrers (@) wanadoo.fr

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