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Les orchidées : une ’niche’ peut en cacher une autre

Thaïlande : la maîtrise technique du clonage des orchidées ouvre la voie à de nouvelles productions

Pierre JUDET

09 / 1996

La Thaïlande devient leader dans le domaine horticole ; elle exporte pour US$ 80 millions de fleurs -orchidées pour 90 %-, sans compter les ventes locales estimées à US$ 540 millions. Ces exportations ont connu une croissance soutenue de plus de 60 % en trois ans, la Thaïlande réussissant même à pénétrer le marché d’Hawaï, marché traditionnel des orchidées.

Si les orchidées sont exportées depuis 1950, les affaires n’ont commencé à prospérer qu’au milieu des années 80, avec la multiplication des exploitations autour de Bangkok. La plaine centrale offre en effet un climat idéal pour la culture de la plus populaire des orchidées, les dendrobium. Les dendrobium se reproduisent facilement, se conservent longtemps et fleurissent toute l’année. La Thaïlande a ainsi pu couper l’herbe sous le pied à Singapour, un des leaders du marché mondial de l’orchidée, qui ne bénéficie pas de bonnes conditions climatiques pour développer la production de cette variété.

Cet avantage est particulièrement intéressant à exploiter pour les Thaïlandais, car les qualités propres aux dendrobium en font les plus prisées du marché japonais, le plus grand du monde.

Le Japon est en effet devenu le principal client de la Thaïlande, achetant presque la moitié de ses exportations, alors que 20 à 25 % des exportations se font en direction de l’Europe, -la Thaïlande ne souffrant d’aucune concurrence réelle sur ces marchés- et 15-20 % vers les Etats-Unis. Le marché japonais approchant de la saturation, les regards des Thaïlandais se tournent vers l’Europe (les producteurs ont envoyé récemment une délégation aux Pays-Bas), et les Etats-Unis : si la Thaïlande est le principal fournisseur du marché américain d’orchidées (75 %), ces fleurs ne représenteraient qu’1,5 % des importations horticoles totales. C’est dans l’intention de développer ce marché que le Bangkok Flower Centre vient d’installer au Costa Rica une ferme d’orchidées et d’autres variétés tropicales, espérant répondre, dans les conditions les plus avantageuses, aux concurrences colombienne et mexicaine.

L’essor de l’industrie de l’orchidée a participé à la reconnaissance des savoir-faire des reproducteurs. Si les chercheurs thaïlandais se sont employés à la création de nouvelles variétés, ils ont surtout fait preuve de leur capacité en matière de reproduction des plants (technique du clonage "tissue culture"): de plus en plus de producteurs mondiaux ont désormais recours aux Thaïlandais pour reproduire leurs propres productions horticoles, affirmant le leadership mondial de l’industrie thaïlandaise sur ses rivaux du Japon, de Singapour, de Taïwan, des Etats-Unis ou encore d’Israël...

Ces lauriers n’ont pas arrêté l’effort des Thaïlandais, qui mettent à profit leur maîtrise technique du clonage sur de nouvelles productions : ils deviennent des précurseurs en appliquant ce nouveau type de reproduction à l’agro-alimentaire (asperges, fraises, gingembre, eucalyptus...). C’est ainsi que récemment, l’exportateur thaïlandais Tropical Flora Co. s’est allié au groupe japonais Mineba pour ouvrir le plus grand laboratoire mondial au nord de Bangkok. Ce dernier, qui devrait exporter plus de 80 % de sa production, vient renforcer l’action des 10 à 15 laboratoires commerciaux pré-existants.

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