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A propos de l’articulation administration/industrie au Japon

La politique industrielle, l’augmentation de la productivité, sont décidées par consensus au sein de groupes comprenant l’Etat, des industriels, des universitaires et des employés

Pierre JUDET

09 / 1996

L’article de Ph. Roqueplo date de quelques années mais il est encore utile pour comprendre quelques particularités de la société japonaise.

A propos du rôle du MITI (Ministère de l’Industrie et du Commerce International), par exemple, qui intervient mais indirectement (catalyseur)à travers des relais. Il s’agit de la Japan Industrial Robot Association (JIRA), de la Japan Information Processing Development Center (JIPDEC)ainsi que nombre de comités et sous-comités principalement constitués d’industriels et d’universitaires. Selon le MITI, le travail se fait en souplesse, le Ministère n’impose pas de politique. L’ensemble de ces associations suscitées par le MITI constitue le milieu intermédiaire au sein duquel les stratégies industrielles sont conçues et mises en oeuvre. Ces associations ainsi que d’autres sont situées à la même adresse dans un grand immeuble appartenant au MITI. Le budget de ces associations est largement financé par le MITI ; elles bénéficient également de subventions qui leur permettent de faire des prêts sans intérêt.

. Le rôle de concertation directe entre les industriels au sein d’associations liées au MITI s’avère essentiel. Il ne fait aucun doute que ces associations jouent un rôle primordial dans la politique industrielle japonaise. Elles constituent un lieu de prise de conscience, d’expression mais aussi de négociation, de formation et de diffusion pour les industriels concernés.

Tant au niveau de grandes orientations qu’à celui des stratégies industrielles prises en charge par le MITI, on retrouve ce dispositif de décision collective par concertation conduisant à un consensus qui est un processus à la fois de prise de conscience, d’analyse, de négociation et finalement de mise en oeuvre...

Le consensus japonais ne correspond pas à une absence de conflits mais à une stratégie pour résoudre les conflits par la négociation. Cette stratégie se retrouve, semble-t-il, à tous les niveaux de la hiérarchie, y compris dans la gestion des ateliers où les innombrables "groupes de base" élaborent les conditions concrètes d’un accroissement de la productivité.

Ce consensus productiviste même s’il repose sur des bases traditionnelles et culturelles correspond visiblement à une stratégie volontaire de l’Administration et du Patronat japonais. Il reste que cette opération est possible. Elle l’est probablement parce qu’elle se fonde sur des éléments culturels traditionnels qui rendent possible le fait qu’un pays entier consente à un effort énorme lui permettant non seulement une croissance économique extrêmement rapide mais encore un prodigieux phénomène d’accumulation.

A l’origine de tout cela, il y a un autre peuple, une autre histoire, une autre formation sociale et c’est là un fait auquel nul ne peut rien. Mais il y a aussi une autre administration, d’autres industriels et d’autres rapports entre eux.

Mots-clés

Etat, Etat et société civile, rôle de l’Etat, politique industrielle, concertation, développement industriel, système de valeurs, dimension culturelle du développement


, Japon

Commentaire

Ce texte date de plus de 15 ans et les choses ont évolué depuis 1980 mais pour l’essentiel, l’articulation administration-industrie au Japon demeure une réalité originale qui mérite qu’on s’y attarde.

Source

Articles et dossiers

ROQUEPLO, Philippe in. Le progrès technique, 1988 (France), n°18

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