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dialogues, propositions, histoires pour une citoyenneté mondiale

Les imaginaires en conflits dans la gestion de la santé

Le cas de la zone de santé rurale de Yasa-Bonga, Zaïre

Georges THILL, Jean-Paul LEONIS

06 / 1995

Dans le cadre de la journée organisée par PRELUDE aux Facultés Universitaires de Namur, Belgique, en avril 1989 sur « Ecosanté au Nord et au Sud », l’anthropologue zaïrois Entur Matula a fait part de son point de vue sur le fait que la gestion de la santé en milieu rural se heurte à des obstacles qui, souvent, contrarient son évolution : dispersion des villages, manque de moyens de déplacements adéquats tant pour le malade que pour le médecin de brousse, approvisionnement en médicaments et en matériels de travail. A cela s’ajoute le problème d’interrelations dans la communication entre cultures. C’est ici que les imaginaires entrent en contradiction et en conflit lorsqu’au travers de leur vécu et de leur perçu, médecins, villageois et thérapeutes traditionnels s’expliquent la maladie, la façon de la soigner et la guérison.

La zone de santé rurale de Yasa-Bonga se situe au nord de la zone administrative de Masi-Manimba dans la sous-région du Kwilu, région de Bandundu, à 450 km de Kinshasa et à 180 km de Kikwit. Elle s’étend sur une superficie d’environ 2.637 km2 répartie entre trois collectivités:

- la collectivité de Mokamo (1.039 km2) ;

- la collectivité de Kitoy (1.198 km2) ;

- 1/4 de la collectivité de Kitoy (1.198 km2).

La zone est drainée par cinq rivières (Inzia, Luie, Lukula, Daki et Gobari) ; le climat y est de type tropical (chaud et humide) avec deux saisons principales : une sèche (de mai à août) et une de pluie (de septembre à avril).

Au terme de leurs vagues migratoires du siècle dernier, quatre ethnies ont occupé successivement la région (Yansi, Ngongo, Songo, Mbala). Elles ont toutes organisé un système clanique basé sur la matrilinéarité. Avec 45 habitants au km2, le taux de natalité est estimé à 45 pour 1000 et le taux de mortalité à 16 pour 1000. L’agriculture de subsistance demeure la seule activité économique prédominante. La zone de santé rurale, notre sphère, assure actuellement la continuité d’une infrastructure sanitaire organisée par le FOREAMI, les missions catholiques et la Compagnie du Kasaï avant 1960. Héritage dont le patrimoine humain et matériel se compose d’un hôpital général de référence pour 120.000 habitants avec une capacité de 360 lits et d’un centre de santé-maternité avec quelques dizaines de lits (ancien hôpital de la CKE) à Mokamo.

Les deux imaginaires en lice dans la zone de santé rurale de Yasa-Bonga sont bien campés. Avec une équipe de quatre enquêteurs, ils ont été observés pendant plus d’un an de travail de terrain intensif. Dès à présent, deux aspects particulièrement frappants sont clairement mis en évidence. D’abord, il y a un rapport de forces inégal entre les « médecines parallèles » dont on parle beaucoup et la médecine dite moderne. Les premières sont beaucoup moins importantes. En outre, la seconde voudrait qu’elle la rejoigne. Même l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) préconise la prise en compte des « tradi-praticiens » pour les besoins de sa cause qui pourrait être moins identique à celle des guérisseurs et leurs clients qu’elle ne le présuppose. Ensuite, les scientifiques sont stimulés, y compris par l’OMS, à prendre des échantillons de « médicaments traditionnels » pour en extraire d’éventuels agents actifs, et ce, apparemment sans se soucier outre mesure d’importantes questions déontologiques et ethnologiques - à qui vont profiter ces recherches et trouvailles ? La causalité « médicale traditionnelle » est-elle du même ordre que celle qui sous-tend une certaine bio-médecine moderne ?

Mots-clés

santé, science et société, milieu rural, médecine parallèle


, Zaire, Yasa-Bonga, Bandundu

dossier

Idées, expériences et propositions sur les sciences et la démocratie

Source

Compte rendu de colloque, conférence, séminaire,…

MATULA ATUL, Entur, PRELUDE in. Bulletin Prélude, 1988/09/01 (Belgique), 10-11

Prélude International (Programme de Recherche et de Liaison Universitaires pour le Développement) - Facultés universitaires, 61 rue de Bruxelles, 5000 Namur, BELGIQUE - Tél. 32 81 72 41 13 - Fax 32 81 72 41 18 - Belgique

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