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Etat de santé des populations de l’Oural en 1994

Eléna VOLYNKINA

08 / 1996

Les données concernant l’état de santé des populations de l’Oural et les facteurs qui l’influence laissent apparaître de sérieuses inquiétudes. L’accroissement naturel est négatif dans l’Oural. Malgré une hausse insignifiante de la natalité (8.7 pour 1000), l’évolution des indicateurs médicaux et démographiques montre une augmentation de la mortalité (16.6 pour 1000 en 1994, 14.9 en 1993 et 11.2 en 1990). Les taux les plus élevés sont ceux de la ville de Tavda avec 23 pour 1000 et dans les districts de Vierkhotourchom 22 pour 1000 et Lialinskom 21.5 pour 1000. Une hausse de la mortalité qui touche en particulier la population active dont le taux de mortalité est passé de 7.86 pour 1000 en 1993 à 8.97 en 1994. De même l’espérance de vie chute toujours, à l’heure actuelle les citadins ont une espérance de vie de 56.7 ans pour les hommes et 70 ans pour les femmes, à la campagne la situation est pire avec une espérance moyenne de 68.3 ans pour les femmes et seulement 55.3 ans pour les hommes.

Les causes principales de la mortalité sont les maladies de l’appareil circulatoire, les traumas et intoxications (actions criminelles, accidents sur la voie publique, alcool), les tumeurs (organes respiratoires, estomac, sein), les maladies de l’appareil respiratoire, les infections parasitaires (tuberculose et diphtérie), ainsi que l’encépahlite transmise par les tiques. Le nombre de décès suite à un cancer est en hausse continue passant de 206.5 décès pour 100 000 personnes en 1993 à 207.9 en 1994. Les taux les plus défavorables sont relevés dans des districts à forte concentration industrielle comme Soukholojki 316.3 décès pour 100 000 personnes, Nievianski 277.1 décès ou Alapaïevsk 257.3. Un an après la découverte d’une tumeur maligne la létalité se situait 34.4% pour la région en 1994, pourcentage qui grimpe jusqu’à 64.5% dans les districts de Bieloïarskom et est supérieur à 50% dans les districts de Nievianski, Talinski et quelques autres. On remarque que dans les districts dotés de petites structures et en particulier dans les districts ruraux la létalité est plus élevée.

L’état de santé de la mère et de l’enfant est tout aussi préoccupant. Environ 40 000 femmes ont mené leur grossesse à terme en 1994. Toutefois 32% d’entre elles souffraient d’anémie et 24.7% ont présenté une toxicose sur les derniers mois de leur grossesse. La mauvaise qualité de l’alimentation, les conditions de stress et la surcharge de travail sont en grande partie à l’origine de ces complications. Le taux de mortalité des mères est passé de 60.9 pour 100 000 en 1993 à 85.5 pour 100 000 en 1994. Les chances de survie pour les nourrissons ne s’améliorent pas plus que celle de leur mère : 32.12% des nouveaux nés souffraient d’une maladie en 1994 contre 25.58% en 1993. Les enfants orphelins sont recueillis par différentes institutions qui doivent faire face à une hausse des abandons. Pour y remédier des instituts d’un nouveau type ont été mis en place : des "abris" pour les enfants dont les parents sont dans l’incapacité de subvenir aux besoins. Le nombre des avortements reste supérieur à celui des naissances, sur 1000 femmes vivant dans la région de Sverdlovsk 62 ont subi une IVG. Alors que seulement 22% des femmes en âge de procréer utilisent des moyens de contraception modernes, se sont près de 10 000 femmes de moins de 20 ans qui ont eu recours à une interruption volontaires de grossesse en 1994. L’information sur les moyens de contraception reste sommaire, l’accès libre et discret à des préservatifs n’est pas encore entrer dans les moeurs. Plusieurs programmes d’information sur l’épidémie de SIDA sont en cours d’installation sur la région mais la prise de conscience de la population, comme du corps médical, face à ce problème reste bien faible.

La situation économique , la crise de l’emploi et surtout la remise en cause du système médico-social créent une situation instable pour la majorité de la population qui n’a pas accès aux meilleurs soins et qui pâtit de la mise en place chaotique du nouveau système de sécurité sociale. La dégradation des indicateurs de la santé des populations montre combien l’adaptation est difficile et renforce la nécessité d’une réforme en profondeur du système de santé publique.

Mots-clés

santé publique, conditions de santé, politique de santé, démographie, mortalité, natalité, système de santé


, Russie, Oural

Commentaire

L’Union Soviétique s’enorgueillissait d’offrir à ses citoyens un des meilleurs système de santé du monde. L’héritage reçu par la Russie n’avait rien de glorieux, mais depuis quelques années la situation sanitaire empire dramatiquement. L’espérance de vie est en chute libre, d’anciennes pandémies font leur réapparition comme la diphtérie ou la tuberculose. Les populations des régions l’Oural souffrent en plus d’une exposition à une pollution chronique, qui est à l’origine de nombreuses maladies.

Source

Texte original

BIEKHTIEP, L, Rapport sur la région de l'Oural. mars 1995

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