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Le GATS et le Tourisme

Deux documents contradictoires sur l’Accord général sur le Commerce des Services précisent l’un les avantages, l’autre les risques que représente ce document pour les pays du Sud

Dora VALAYER

08 / 1997

Les effets des accords du Gats concernent directement le secteur touristique. L’Organisation Mondiale du Tourisme a publié un texte qui en définit les aspects positifs. Deux responsables d’organisations militant sur le thème du tourisme et du tiers-monde, l’une suisse, l’autre thaïlandaise, sont moins optimistes

L’OMT souligne qu’après la signature des accords du GATS à Marrakech en avril 1994, aucun secteur ne s’est précipité aussi vite que le secteur touristique pour s’y engager. Pour l’OMT, l’instrument que représente le GATS aura pour effet d’éliminer les pratiques discriminatoires tout en facilitant la circulation du personnel, la gestion des succursales à l’étranger et la circulation des devises, tout en accordant aux pays les moins développés des traitement spéciaux. Par ailleurs le GATS profiterait non seulement aux grands voyagistes et aux chaînes hôtelières, mais aussi aux PME locales, favorisant l’apport de savoir-faire et la création d’emplois. Les prix seront baissés pour les consommateurs, et les commissions augmentées pour les agents de voyages, mais les pays en développement y trouveraient leur compte.

Pour Christine Plüss, de Bâle, les conséquences du GATS sont en effet déjà visibles dans la diminution d’un certain nombre de tarifs des Tour Opérateurs et des tarifs aériens. Mais par ailleurs, la concentration grandissante du secteur entre les mains d’un nombre de plus en plus réduit de sociétés de plus en plus puissantes (2 compagnies se partagent 50 pour cent du marché touristique en Grande-Bretagne)ne peut laisser espérer aux pays les moins développés de pouvoir entrer dans la compétition. Elle souligne par ailleurs la non-rémunération d’une grande partie des ressources des pays d’accueil (paysages, sourires, hospitalité "légendaire"). On peut redouter que les gouvernements locaux ne soient tentés de casser les prix pour avoir ou conserver leur place dans le marché, au détriment des habitants (conditions de travail, rémunérations). Les frais importants pour la mise en place des infrastructures, le remboursement des dettes au FMI ne contribuernt guère à leur laisser une liberté de manoeuvre face aux sociétés étrangères. Quant aux nouvelles technologies de plus en plus performantes et coûteuses, elles deviennent si envahissantes et coûteuses qu’elles laissent peu de place aux considérations d’ordre social ou environnemental. On peut redouter un tranfert de pouvoirs où les populations locales seraient de plus en plus exclues des décisions.

Pour Anita Pleumaron, de Thaïlande, on peut se demander si le tourisme ne représente pas, à travers le GATS, un retour au colonialisme. Il a jusqu’à maintenant favorisé les pays capitalistes du Nord, alors que les populations du Sud en payaient les effets négatifs. Ce sont les grandes sociétés du Nord (lignes aériennes, chaînes hôtelières, tour opérateurs), qui contrôlent tout. Les pays d’accueil ne parviendraient à retenir qu’un tiers des revenus du tourisme. Mais les conséquences les plus graves sont celles qui consistent à détourner au profit du tourisme l’accès aux progrès, soustraits aux populations et à leurs besoins. L’évaluation des coûts et des pertes subies par celles-ci ne sont pas prises en compte. Les petits commerces et les petits emplois locaux sont menacés. Mais surtout le tourisme entraine une érosion du pouvoir local et national qui sont de moins en moins aptes à faire face à leurs responsabilités vis-à-vis de la culture locale, de l’environnement, et du bien-être des habitants.

Mais surtout, les modes de vie du Nord ont commencé à perturber le Sud. Aux économies contrôlées s’ajoutent les économies illégales, à travers la prostitution, les casinos, les jeux, et le tourisme ouvre la porte au blanchiment de l’argent sale. Pour Anita Pleumaron, il serait indispensable et urgent de mener des études, par l’intermédiaire des gouvernements et des organisations populaires du Sud, de telle sorte qu’ils soient amenés à contrôler le tourisme, et que les populations elles-mêmes puissent faire les choix les plus conformes à leurs besoins en vue d’un développement durable. Il s’agit là du seul défi qui puisse être opposé au marché touristique, qui a malheursuement prouvé qu’il pouvait devenir une force très efficace de recolonisation.

Mots-clés

tourisme, globalisation économique, déréglementation, commerce international, multinationale, délocalisation, libre échange, accord international, marché mondial, dépendance économique, concurrence commerciale, mondialisation, commerce international et développement


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Commentaire

L’industrie touristique soulève bien des espoirs, mais aussi bien des inquiétudes. A l’optimiste de l’OMT, quelques chercheurs opposent leurs inquiétudes et administrent la preuve que tous les paramètres n’ont pas été suffisamment examinés pour que les populations du Sud soient assurées de devenir à la fois maîtresses et gestionnaires du tourisme implanté sur leur propre sol.

Notes

Les documents ci-dessus ont été présentés à l’occasion d’une Conférence ministérielle organisée, entre autres, par l’Organisation Mondiale du Tourisme à Singapour en 1996. Le deuxièmes document est rédigé par Christine Plüss, co-responsable de l’Arbeitskreis Tourismus und Entwickung à Bâle, et le second par Anita Pleumaron, chercheur en tourisme à Bangkok.

Source

Document interne ; Rapport

PLÜSS, Christine; PLEUMARON, Anita, OMT=ORGANISATION MONDIALE DU TOURISME, Le Gats et le Tourisme, accord sur le commerce et le tourisme

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