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dialogues, propositions, histoires pour une citoyenneté mondiale

A l’écoute des personnes déprimées

Deprim’Espoir, une association des Monts du Lyonnais

Anne Sophie BOISGALLAIS, Anne Marie VEYRAC

03 / 2000

Le « groupe déprime » des monts du Lyonnais a vu le jour officiellement en février 1995, après de longues réflexions d’une douzaine de personnes sensibilisées par le problème de la dépression, certaines en ayant souffert, d’autres ayant un proche malade, d’autres encore ayant la volonté d’aider les personnes en difficultés. C’est un article paru dans « Unis » au milieu des années 1980 qui avait sensibilisé ces personnes à l’accompagnement des malades et de leur entourage.

Dès le départ, le groupe avait conscience des difficultés : « Le travail est difficile et de longue haleine, il s’avère toujours délicat car il touche à la sensibilité et à la partie secrète des personnes », mais leur triple objectif identifié dès l’origine est toujours d’actualité :

- être à l’écoute des personnes déprimées, dans le respect et l’entière discrétion. Soutenir et déculpabiliser l’entourage souvent désemparé. Accompagner la solitude, insuffler un nouveau goût à la vie par des actions concrètes ;

- rechercher les causes et les vulgariser. Eveiller et éduquer l’opinion pour enlever la honte et le tabou accrochés à la déprime ;

- former et informer. Organiser des réunions de formation et d’information pour tenter de prévenir ce mal de vivre. Coopérer avec les personnes professionnellement compétentes et avec les associations déjà en place, qui ont pour objectif de guérir les personnes en dépression.

Concrètement, le groupe Déprim’espoir assure un accueil téléphonique régulier, deux samedis par mois, pour ceux qui ont envie de parler de leurs difficultés. Les échanges avec des professionnels (médecins, assistants sociaux…)ou, localement, avec de nombreuses personnes leur permettent de détecter les personnes qui ont besoin d’un accompagnement : quelques heures de visite par semaine, des conversations téléphoniques régulières, quelques conseils sur des démarches qui permettent d’améliorer la vie matérielle… Malgré toutes les structures qui existent pour accompagner les personnes en difficultés, beaucoup restent socialement isolées. Ainsi, un jour, une dame a téléphoné au groupe Déprim’Espoir : elle avait envie d’une visite. La visiteuse découvrit une femme dans le plus entier dénuement, dans une pièce où ne subsistait qu’une pierre à évier, un matelas et un téléphone. Une autre association de proximité avec laquelle Déprim’Espoir collabore a permis à cette personne d’acquérir les meubles de son choix et de retrouver, en plus de l’écoute, une certaine aisance matérielle.

Parfois, les personnes qui téléphonent ont « tout », une famille, une maison, une profession…, mais il manque une écoute extérieure que Déprim’Espoir peut apporter, avec discrétion et en préservant leur anonymat.

En plus de ces actions individualisées, le groupe déprime des monts du Lyonnais organise chaque année depuis 1992, une fête de l’amitié au mois de janvier, au moment de la galette des rois, en lien avec d’autres associations de proximité (fédération des malades et des handicapés, Peuples solidaires, Réseau entraide solidarité, fédération des accidentés du travail, Coupe-fin, Vie Libre). Entre 100 et 200 personnes participent à cette fête, où les personnes peuvent venir avec un pique nique, tandis que les organisateurs offrent café et gâteaux. Jeux de cartes ou de société, tombola gratuite, maquillage pour les enfants, chansons et animations… Pour certains participants, ce moment est le seul dans l’année où ils sortent de chez eux dans un but convivial, et où ils peuvent parler, échanger et oublier quelques instants les soucis, petits et grands.

Depuis plusieurs années, le groupe Déprim’Espoir et quelques autres associations, organisent une randonnée chaque vendredi après-midi. C’est un moment de détente qui permet de rompre la solitude, d’échanger et d’apprécier les beautés de la nature environnante. Les itinéraires sont variés et parfois adaptés à des personnes qui ont des difficultés à se déplacer.

Pour avoir quelques repères, les militants de Déprim’espoir organisent très régulièrement des conférences-débats avec des spécialistes (psychologues, spécialistes de l’enfance…)et invitent les personnes intéressées à vivre ces moments de formation et d’information, tout en mettant à disposition de ceux qui ne peuvent participer cassettes audio et textes des conférences.

Parmi les thèmes des conférences, notons : à corps et à cris, être un meilleur compagnon pour soi-même, la tendresse au quotidien, le rôle de l’entourage, le suicide, les fragilités qui amènent à la drogue et à l’alcool, les sectes, l’art d’être heureux, chercher un sens à sa vie, des enfants bien dans leur peau, l’adolescence…

Le travail local en réseau que suppose cette activité militante est très fort, tant auprès des associations d’entraide que des professionnels, et le centre social offre désormais un local pour la centralisation des appels téléphoniques. La reconnaissance locale du groupe n’est plus à faire et la multiplication des sollicitations montre à quel point son objet est adapté au mode de vie moderne.

Mots-clés

santé mentale, accompagnement social, vie associative, diffusion de l’information


, France, Rhône-Alpes

dossier

Des ruraux inventent de nouvelles solidarités : initiatives locales de militants du CMR, Chrétiens dans le monde rural

Commentaire

Cette association présente un double intérêt : d’une part, la volonté de faire tomber un tabou : celui de la dépression en assurant écoute et soutien personnalisés aux personnes souffrant de ce mal lié au mode de vie moderne. D’autre part, elle est attentive aux familles ou proches des malades -trop souvent laissées pour compte- en leur assurant un soutien : cet enjeu est primordial lorsqu’on sait les conséquences que peuvent avoir la non-prise en charge de ces personnes découragées et démunies face à cette maladie. L’intervention de spécialistes, l’organisation de débats et de formations sont un atout supplémentaire.

Le regroupement avec les associations de proximité permet de créer une dynamique locale : il permet à chacune d’entre elles de se faire connaître auprès du public et d’effectuer des animations qui, sans ce regroupement ne pourraient avoir lieu. Accueil, animation, solidarité, relation avec autrui… autant d’actions concrètes qui caractérisent cette dynamique association.

Source

Entretien

Entretien avec Francis et Renée CHAVEROT

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