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Dph et l’Afrique

Capitaliser pour innover

Sidiki Abdoul DAFF

07 / 2002

Quand la RITE (Rencontre Internationale de Travail et d’Echanges du réseau Dph) s’est tenue en 1999 à Abidjan, les organisateurs avaient sans doute pensé que cette initiative pouvait aider à implanter Dph en Afrique. En effet, ce continent était jusqu’alors peu présent dans la base de données Dph, et les fiches écrites par les Africains, peu nombreuses (6 pour cent). Le pari d’alors fut de pousser les Africains à dire eux-mêmes ce qu’ils font, comment et dans quelle optique. C’est en ce sens qu’on nous a confié la création et la gestion d’un centre de ressources avec une base de données africaine Dph (IFRIKIYYA). Mon rôle : être le gardien de la mémoire collective et avoir à coeur de diffuser l’information qui m’arrive. Ce travail, nous l’avons souvent partagé avec Françoise Feugas, gestionnaire de la base de données centrale*.

Accoucheur d’expériences

Dans ce processus, nous avons joué un rôle d’animateur à distance (Internet, téléphone et fax) pour préparer en amont avec les réseaux africains certains événements majeurs tels que, en 2000, la rencontre d’Africité et l’assemblée mondiale des Habitants à Mexico, et en 2001, la rencontre africaine de l’Alliance à Dar Es Salam, la rencontre de Lille et celles du réseau "Gouvernance en Afrique" (Bamako en juillet 2001, la rencontre transfrontière de Dapaong au Togo en novembre 2001 et de Banjul en mars 2002). Dans le travail préparatoire de ces rencontres, il s’agit de pousser les membres de ces réseaux à produire des fiches d’expériences dont la finalisation (mise en forme et réécriture), en dialogue avec les auteurs, nous revient. Nous participons donc à la production des documents préparatoires.

Différents ateliers sur site ont également été organisés afin d’apporter un appui méthodologique dans le recueil d’expériences : en 2000 au Burundi, et en 2001, au Burkina Faso, au Mali et en Gambie.

Mais produire des fiches n’est bien sûr pas un but en soi : l’intérêt est aussi d’en extraire une analyse transversale pertinente. A l’occasion de différentes rencontres, nous avons eu un rôle d’accompagnement dans l’analyse transversale des expériences et la production de documents (Collectif Interafricain des Habitants avec la Charte africaine, La Refondation africaine avec la Caravane africaine, le Réseau Gouvernance avec l’atelier de Bamako). A ce stade, il s’agit de faire dialoguer les expériences entre elles pour dégager les thèmes et les leçons communs d’un ensemble d’expériences apparentées, issues tant des fiches produites à l’occasion de la rencontre, que de celles présentes dans les bases de données IFRIKIYYA et Dph (base centrale).

L’info circule enfin

Le défi ici est de casser le cloisonnement qui existe entre les différents acteurs africains, qui souvent, tout en évoluant sur le même secteur, s’ignorent. C’est une activité de mise en réseau et d’échanges. Il s’agit aussi de briser le "ghetto" informationnel dans lequel sont enfermés les acteurs de terrain en leur fournissant des informations utiles et à temps car elles peuvent influer sur leurs activités. Informations notamment sur les politiques à dimension continentale initiées en Afrique par les Etats (plan Omega, Millenium africain Plan, nouvelle initiative africaine -Nepad-) ou des manifestations internationales (l’Assemblée mondiale des Citoyens de Lille, le Forum Social de Porto Alegre). Actuellement nous animons un débat (par Internet) sur ces politiques et leurs conséquences sur les Africains. Un groupe s’est constitué en Afrique australe (Afrique du Sud, Zimbabwe et Zambie) sur la nouvelle initiative africaine, cela à partir des informations que nous avons fournies.

Ces efforts, déployés depuis plusieurs années, commencent donc à porter leurs fruits : de plus en plus de fiches sont écrites par des Africains, de nombreux documents ont été produits ("La charte africaine du partenariat", la Refondation africaine issue de la Caravane africaine, le document du Réseau gouvernance issu de la rencontre de Bamako de juillet 2001...), et les réseaux s’approprient progressivement la méthodologie Dph.

La base de données Dph est un outil extrêmement précieux car dans le cas de l’Afrique, elle a permis à certains acteurs d’innover dans le domaine de la démocratie. Au Mali, par exemple, une innovation majeure est en cours : l’espace d’interpellation communale. Cette innovation s’est nourrie des expériences contenues dans la base de données Dph (l’espace d’interpellation démocratique, -voir la fiche publiée dans la Lettre Dph 37- et des fiches sur le Budget Participatif). Le croisement de ces deux expériences a poussé certains acteurs (du réseau Gouvernance) à promouvoir au niveau des municipalités maliennes des espaces de rencontres entre élus et populations pour discuter des problèmes afférents à la marche des communes.

Au Bénin, où la décentralisation est en projet, les membres de l’ASSODIV, en recueillant les expériences de décentralisation (Sénégal, Mali, Burkina Faso), sont en train d’élaborer des modules de formation des élus et des populations. Il s’agit de s’appuyer sur l’existant pour essayer d’anticiper et éviter ainsi certains écueils.

Un proverbe peul dit "un danseur sans spectateurs ressemble à un fou, mais quand les applaudissements redoublent, il devient un virtuose". Un animateur ou accompagnateur est paralysé s’il n’y a pas un collectif qui joue le jeu. Ce travail décrit plus haut n’a pu se faire que grâce aux apports des acteurs des réseaux, très motivés pour partager leurs expériences.

Mots-clés

formation, banque de données, formation à distance, réseau d’échange d’expériences


, Afrique

Notes

Pour compléter cette analyse, lire également : "La longue histoire du partenariat de Dph en Afrique... ", fiche de Vladimir Ugarte, mai 2000, site Dph http://www.webdph.net (menu " Echanges / Dépôt et Retraits ").

Avec Françoise Feugas, nous nous sommes rendus compte que la complémentarité culturelle est essentielle dans les ateliers que nous avons organisés ensemble (Lomé, Windhoek et Bujumbura). En effet, si j’interviens avec une touche africaine faite de beaucoup de compromis et de patience (avec ce que cela suppose comme "perte de temps"), par moment c’est elle qui intervient avec une poussière de "cartésianisme" voulue, c’est-à-dire un style direct pour faire avancer. Cette dualité culturelle nous a permis de contribuer à la production des trois documents énumérés plus hauts.

Source

Texte original

Centre de Ressources Interafricain - BP 19347 Guediawaye, SÉNÉGAL - Tél/Fax : (+221) 837 12 10 - Sénégal - sidiki.daff (@) sentoo.sn

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