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Regards sur le partenariat Gret/Enda-Graf

Réflexions sur les conditions et les modalités d’un partenariat équilibré

Elisabeth PAQUOT

02 / 2002

Réalisé dans le cadre du programme de recherche interne au Gret "partenariat et contractualisation" (1998-99), faisant suite au séminaire de Rambouillet consacré au développement institutionnel, ce document tente d’apporter des éléments de réponse aux questions de rentabilité, de choix des critères de réussite, et de pérennité de la mise en place de programmes de partenariat, à travers un exemple concret : l’analyse du partenariat du Gret avec le Groupe de recherche-action-formation (Enda-Graf) au Sénégal.

Ce partenariat a démarré en 1990 par des relations personnelles et a permis la mise en oeuvre conjointe d’actions d’appui aux activités de transformation agroalimentaire. Les deux organisations partagent la même vision du développement, toutes deux sont respectueuses des spécificités sociales et culturelles des groupes sociaux avec qui elles travaillent et sont critiques vis à vis des mécanismes d’exclusion et d’uniformisation au Nord comme au Sud. Elles partagent également une même vision de l’appui aux dynamiques locales, donnent la priorité aux groupes les plus marginalisés et favorisent le renforcement des organisations locales et intermédiaires.

Le Gret et Enda-Graf ont connu quatre phases de partenariat : la première phase, située entre 1986 et 1987 se caractérise par une série de premiers contacts à travers plusieurs missions effectuées entre 1988 et 1989. La seconde phase s’étend entre 1990 et 1993 et voit la naissance d’une équipe faisant la liaison entre Enda-Graf et le Gret; le Gret se situant plutôt en position de sous-traitance envers Graf bien que les deux ONG soient officiellement liées par un partenariat. Progressivent, le Graf devient autonome. La période 1997-1999 se caractérise, pour des raisons financières et stratégiques, par une redéfinition des rôles entre le Gret et le Graf. Une scission s’était en effet réalisée progressivement, les "grafiens" se sentant court-circuités par le Gret sur leur propre terrain. L’avenir du partenariat se trouvait alors compromis. Les difficultés majeures du partenariat ont émergé à cause de l’aspect évolutif de la coopération et son manque de stabilité financière; facteurs, qui ont automatiquement généré des conflits entre le Gret et le Graf .

Le partenariat entre Enda-Graf et le Gret, même s’il a parfois été difficile, a aussi rencontré des succès manifestes. Il a permis au Gret de développer ses connaissances et ses activités au Sénégal, et au Graf de gagner la confiance des bailleurs de fonds étrangers ainsi qu’une solide renommée. Par ailleurs, les approches " marché " et " sociale " des deux ONG bien que non-concordantes, ont apporté malgré tout une certaine richesse et complémentarité au développement des actions entreprises. De plus, le partenariat a permis de mettre en place une structure locale autonome et techniquement à la pointe en matière d’intervention sur la transformation locale des produits agricoles.

Si l’on résume les points de convergence et de divergence de ces deux ONG, en insistant sur ces derniers pour apporter une réponse à la question subsidiaire de l’avenir du partenariat, il est intéressant de noter que la complémentarité se place sur plusieurs niveaux entre le Gret et le Graf et qu’elle pourrait se développer davantage par le biais d’opérations non plus uniquement Nord-Sud mais aussi Sud-Nord. L’approche méthodologique des deux ONG consistant à allier pratique et réflexion concorde. Le Gret et le Graf sont différents et donc complémentaires sur le plan de la gestion de projets (ex. le Gret est plus technique et économique que le Graf est plus créatif et social) et peuvent développer cette donnée pour remédier à leur problème de capitalisation en organisant par exemple des séminaires de présentation de projets.

L’analyse de ce cas concret a pu mettre en lumière certains dangers du partenariat auquel il est urgent de remédier : le manque de transparence tant intellectuelle que financière entre les deux institutions et la polarisation des relations entre celles-ci autour d’une seule personne. En outre, l’absence de stratégie initiale de coopération peut ouvrir la voie à une concurrence déloyale entre les deux organismes. Par ailleurs, le manque de visibilité entre les partenaires peut nuire à leurs images qui peuvent se confondre aux yeux de leurs clients. Le risque d’un tel partenariat " progressif " est de voir le Gret s’éloigner de son rôle initial.

Cet exemple ne peut être pris comme source d’inspiration de par sa singularité, mais il éclaire sur les difficultés engendrées par le manque de stratégie globale générale du partenariat. Si par ailleurs le résultat de ce partenariat est fructueux, puisque le Graf est autonome, il n’en demeure pas moins que le danger de voir les deux ONG se concurrencer persiste. Aussi, une véritable approche basée sur un échange d’idées, sur la connaissance de l’autre et la transparence entre les deux parties, fondée sur un certain nombre de règles initiales visant à prendre en compte tous les paramètres évoqués plus haut, serait indispensable. Cette négociation se situerait sur le plan de la réflexion politique des ONG, sur celui de la définition de ses objectifs sur le long terme et sur la mise en place d’une stratégie de coopération solide, citant les champs de collaboration thématique, géographique et les exclusivités accordées à chacune d’entre elles. Un contrôle progressif des actions et des rôles de chacune des parties s’imposerait enfin comme garant de la solvabilité du partenariat durable.

Mots-clés

gestion des ressources naturelles, coopération Nord Sud, partenariat, analyse, ONG du Nord, ONG du Sud


, Sénégal, France

Source

Document interne

CASTELLANET, Christian, Gret, Direction scientifique, Regards sur le partenariat Gret/ENDA-GRAF, gret , 2000/02 (france), Document de travail n°12 , 20 pages

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