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Portrait d’une jeune association de développement local (ADRP) à Perma (Bénin)

Naissance, renouveau et travail de l’Association pour le Développement

Gervais DASSIKOU, Christophe VADON

11 / 2001

Gervais Dassikou, sociologue, agent du service régional de l’hydraulique et dirigeant de l’Association pour le Développement de la Région de Perma (ADRP) explique ceci : "En 1994, l’ADRP (Association pour le Développement de la Région de Perma), qui avait commencé à exister en 1989, a pu se structurer avec un bureau et des activités précises. La faiblesse et la force des organisations comme la nôtre c’est "qu’ADRP, c’est toute la population !" Ce n’est pas des militants qui adhèrent comme ça par écrit. Les militants, au début, sont tous des cadres conscients des problèmes qui se posent à nous, qui participent à nos réunions. Puis nous faisons notre congrès, nous invitons les gens village par village. Et là ceux qui arrivent en délégation ou individuellement sont tous nos militants. Les chefs de village sont membres d’une structure spécifique dans l’organisation de l’ADRP, ce sont également nos militants. Les cadres politiques et administratifs de Perma sont également nos militants. Ils se sentent en devoir de participer à la bonne marche de l’association. D’ailleurs les hauts cadres sont membres d’office du conseil d’administration de l’ADRP. Lorsque nous avons un problème à Cotonou, je n’ai pas besoin de me déplacer. Nos militants de Cotonou peuvent le résoudre et nous avons juste le compte rendu de leur négociation. La reconnaissance de notre association a été facilitée par leur mobilisation. Habituellement c’est un bureau de 7 à 11 personnes. Depuis on a un peu amélioré la vision et l’action de l’ADRP. On a allégé le bureau, on a défini une politique de développement, on a créé des structures qui appuient le bureau : un conseil d’administration, et au-dessus une assemblée générale de toutes les populations. Ce bureau constitué travaille en partenariat avec tous ceux qui interviennent. Nous sommes, quand même, jeunes ! Nous n’avons pas toute l’expérience requise pour prétendre tout faire tout seul. Nous sommes d’abord des agents qui interviennent ailleurs, qui travaillent quelque part et qui n’ont pas toujours le temps. Donc cela ressemble à tout bénévolat. Tous ces éléments réunis font que l’ADRP, comme toutes les jeunes associations, a souvent de petits problèmes d’organisation en face des gens qui sont déjà dans une association solide et bien organisée. Nous n’avons pas un secrétariat administratif avec un agent permanent. Nous avons une personne qui garde les documents, qui entretient nos archives. Nous avons surtout des secrétariats spécialisés qui travaillent sur le terrain avec tous nos partenaires. Ils sont composés de gens qui ont leur emploi et donc interviennent bénévolement.

Comme toutes les associations locales de développement, c’est souvent des membres disparates au départ qui les constituent. On a, dans un premier temps, intéressé tous ceux qui agissent dans le cadre du développement de la zone qu’il s’agisse des agriculteurs, des éleveurs, des éducateurs, etc. On a dit : "Il faut conjuguer tous nos efforts et créer quelque chose d’homogène." Donc au départ l’ADRP n’a exclu personne. C’était pour tous ceux qui ont le besoin de créer quelque chose pour faire évoluer le milieu. Voilà le mot d’ordre. Le fait qu’on adopte le bénévolat est dû à une réalité du milieu : nous sommes une association de jeunes sans moyens. Je suis convaincu que dans un temps plus ou moins long il va falloir créer un noyau administratif qui gère cela. Mais le temps n’est pas encore mûr et les moyens ne sont pas encore disponibles. En attendant, il faut évoluer comme nous faisons. Ceci dit c’est sûr que dans ce contexte notre souhait serait d’être appuyé matériellement, structurellement. Mais on ne peut pas imposer à nos partenaires ce qu’ils doivent faire. Il est vrai que l’administration béninoise, elle, nous appuie mais pas en termes financiers concrets.

Nos ressources sont simplement les cotisations et les souscriptions ponctuelles réunies pour des actions données. Que régulièrement il y ait des souscriptions qui permettent toutes les forces nécessaires d’intervenir, c’est ça que nous voulons institutionnaliser. Actuellement nous sommes en train de relancer les membres pour qu’ils paient leurs cotisations. Nous utilisons nos ressources pour intervenir dans les cas ponctuels. Dans le cas d’un partenariat, et par exemple lorsque l’association Solidarité France Afrique (SFA) donne quelque chose, notre contrepartie est souvent une ressource financée par nos militants.

Maintenant il faut dépasser le cadre ponctuel pour rentrer dans un autre plus sérieux et plus constructif. Aujourd’hui je ne peux pas dire que l’association est mature mais en tout cas nous avons une somme d’expériences qui nous permet de nous considérer comme des partenaires avec qui des gens peuvent travailler sérieusement et sincèrement. C’est notre souhait de trouver d’autres bailleurs de fonds pour nous appuyer.

Il ne s’agit pas de casser avec la SFA mais de contrebalancer. Le problème ne se pose pas en fonction de doléances rejetées. L’idéal serait qu’on soit associé de façon prospective. Ce qui m’enthousiasme personnellement, c’est que malgré tout, même s’il y a des difficultés de langage, de compréhension, il y a par ailleurs la volonté de faire quelque chose de bien à Perma.

Je dois dire que nous sommes pour l’instant à l’abri des tiraillements car nous avons de fortes têtes. Malgré l’exubérance politique que nous vivons depuis quelques années, les partis politiques agissent mais ne cassent pas le rythme de l’ADRP.

En ce qui concerne la cohésion d’ensemble, il faut dire que l’histoire nous a servis parce que l’ADRP recouvrait une zone homogène il y a quelques années. C’était un seul arrondissement qui a été cassé plus tard mais les esprits sont restés unis. 3 communes sont associées dans l’ADRP. Ce qui fait que nous sentons réellement un bloc monolithique. C’est une sécurité au moment où nous sommes menacés par tous les éclatements possibles.

Si certains pensent que nous utilisons cette stratégie pour " capter l’aide ", c’est nous prêter une grande maturité. Nous avons compris que c’est une bonne chose de faire ce qui se fait actuellement et nous nous battons pour qu’il n’y ait pas d’éclatement. "

Mots-clés

ONG du Sud, agent de développement, histoire, financement des ONG, concertation


, Bénin, Perma

Commentaire

Gervais Dassikou retrace l’historique de son association née en 1989, puis restructurée en 1994 et en 1999. Quelles sont les difficultés qu’elle rencontre : surtout des problèmes de financement. Sur quelles forces s’appuie-t-il pour y remédier : sur la solidarité et la motivation de ses acteurs bénévoles notamment. Et ces acteurs c’est toute la population.

Notes

Voir concernant l’action concertée et individuelle de l’ADRP et de la SFA les fiches issues du même interview.

Entretien avec DASSIKOU, Gervais, réalisé le 26 avril 1999.

Source

Entretien

VADON, Christophe ; GUERIN, Jérémie

GRAD (Groupe de Réalisations et d’Animations pour le Développement) - 228 rue du Manet, 74130 Bonneville, FRANCE - Tel 33(0)4 50 97 08 85 - Fax 33(0) 450 25 69 81 - France - www.grad-france.org - grad.fr (@) grad-france.org

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