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Quand les femmes se mobilisent pour la paix, la citoyenneté, l’égalité des droits

Coordenado por CEDIDELP

07 / 1997

Ce dossier, consacré aux femmes, paraît deux années après la Conférence internationale de Pékin (septembre 1995) dont le but était, à la fois, l’évaluation de deux décennies d’effort international consacrées à la transformation des conditions de vie des femmes à travers le monde et la préparation d’un plan d’action pour le futur. L’Organisation des Nations Unies a, au cours de ces deux décennies, tenté d’impulser un mouvement en faveur de la promotion et de la protection des femmes. Sous les thèmes Egalité, Paix, Développement, des stratégies, des normes et des objectifs visant à l’amélioration des conditions de vie des femmes ont été retenus, sur le plan formel, par l’ensemble des pays. Le chemin entre la théorie et la pratique est long, tortueux et parfois même infiniment douloureux.

Ce dossier n’a pas pour prétention de faire le point sur les avancées ni sur les reculs inquiétants, en divers lieux de la planète, de la condition des femmes. Il représente simplement une première tentative de montrer, à travers des fiches, des femmes prenant en charge leur destin dans un environnement difficile. Il est aussi un appel à contribution, car l’invisibilité dont les actions féminines sont entourées persiste. Généralement discrètes et modestes, les femmes ne se mettent pas en avant et, en conséquence, leur forte implication dans la survie et la production des sociétés demeure ignorée tant elle paraît « naturellement » aller de soi.

Les femmes sont filles de leur temps et du milieu social dans lequel elles vivent, leur destin est donc marqué par les grands mouvements qui secouent le monde. Aujourd’hui, elles sont affrontées à l’internationalisation du modèle économique dominant (et de son habillage) et en subissent tous les contrecoups dont le plus extrême est l’état de guerre.

Les désorganisations des bases matérielles, morales et sociales (en particulier organisationnelles) entraînées par la plongée brutale dans l’économie de compétitivité pour des sociétés (ou des pans de sociétés) qui n’y étaient pas préparées, provoquent anomie, état éruptif et de plus en plus fréquemment conflit civil (contre les civils et entre les civils). Dans ces états de pré, post ou en cours de guerre civile « identitaire », les femmes et les enfants sont très exposés, très vulnérables car le front est partout. Enfants et femmes sont les symboles de la continuité de l’espèce, de la force démographique vitale d’un peuple et, pour ces raisons, ils suscitent une violence, un acharnement particulier (viols, mutilations, tortures, mises à mort) de la part des groupes adverses. Même lorsqu’il n’aboutit pas à la belligérance, le stress économique et social résultant de la déstructuration de la société conduit à un repli-refuge sur un « culturel » étriqué et dépassé, ramenant les femmes à des temps très antérieurs.

Délibérément, le parti a été pris ici de choisir ce qui est porteur d’avenir ; cependant quelques fiches témoignent de la dure réalité vécue par des femmes soumises à la nuit d’un patriarcalisme démesurément obscurantiste. C’est aussi dans des situations extrêmes que les femmes qui en ont la force se mobilisent, enfreignant les tabous, pour se faire entendre et faire écouter leur différence, pour opposer leur résistance de mères à la folie meurtrière et aux errements des pouvoirs guerriers. Elles se mobilisent pour assurer –envers et contre tout- la survie quotidienne, pour se préoccuper des problèmes écologiques, pour réguler et embellir la vie en maintenant tant que c’est possible les liens sociaux, tout en veillant à l’esthétique des choses, pour s’affranchir et se développer. Ces actions paraissent relever de l’habitus féminin où les cultures de protection de la vie et de souci de l’autre occupent une place centrale.

La majorité des activités, malgré les discriminations qui persistent et un déséquilibre toujours défavorable aux femmes dans les relations hommes-femmes, peut être, dans les sociétés reconnaissant des droits humains à tous, assumées indistinctement par les deux sexes. Il est par contre des initiatives impulsées par des femmes courageuses et déterminées, ne craignant pas de s’opposer aux pouvoirs et à une opinion conformiste, qui sont davantage inspirées par cette culture du souci de l’autre et de la protection de la vie. Toutes les expériences relatées dans ce dossier sont traversées par ces « qualités » venant du façonnement des cultures féminines, avec un accent particulier dans les mobilisations pour la paix et l’écologie. Ayant été élevées, dans l’objectif du mariage, à aller vers l’autre, à l’accepter, à s’insérer dans une famille et un groupe étrangers à soi, les femmes qui plaident pour la paix n’hésitent pas, si nécessaire, à rencontrer, pour débloquer la situation, ceux considérés comme ennemis.

La maternité est un apprentissage intime de la diversité car l’être à qui la vie a été transmise et avec lequel les liens d’attachement vont être forts est différent de soi, avec une personnalité qui doit être respectée pour qu’elle puisse s’épanouir. L’acceptation de la diversité est un des fondements de la démocratie qui, elle-même, est au centre de la revendication des mouvements féministes lorsqu’ils plaident pour des relations équilibrées entre hommes et femmes (dont le concept a été popularité par les anglo-saxonnes par le mot « gender » dont la traduction française « genre » est plus qu’imparfaite).

Ce dossier consacre une large part aux handicaps rencontrés et aux luttes menées par des femmes pour affirmer leur citoyenneté ; ce qui signifie qu’en les écartant ouvertement ou insidieusement de l’exercice des responsabilités publiques, les Etats se montrent fort éloignés d’une pratique démocratique. Les mêmes essais de récupération par l’Institution, par le pouvoir habituellement mis en Ĺ“uvre à l’encontre des groupes défavorisés combattant pour la reconnaissance de droits, sont observables à l’égard des organisations de femmes en lutte.

L’essentiel des luttes de femmes est actuellement centré au plan spécifique sur la conquête de leurs droits (y compris toujours et encore dans le monde du travail), de leur autonomie morale et matérielle, de leur expression citoyenne et, au plan plus collectif, sur la paix, sur le bien-être de tous car elles estiment que le rééquilibrage des rapports sociaux hommes-femmes pourrait influencer positivement l’humanisation et la démocratisation de la société, l’écologie, une nouvelle conception de la couverture des besoins de subsistance, un autre mode de développement.

Les voies qui conduisent à ce rééquilibrage des relations hommes/femmes et aux apports qualitatifs indispensables que la « gent » féminine serait susceptible de faire au « changement » du monde, paraissent encore, à l’échelle de la planète, lointaines et chaotiques. A côté d’un progrès indéniable dans le domaine de l’éducation puisque le taux de scolarisation de la population féminine (enseignement primaire et secondaire confondus) est passé au cours des vingt dernières années de 38% à 68% (d’après le journal Libération), il y a les pesanteurs qui demeurent (les femmes en 1996 occupaient dans le monde 10,5% du total des sièges parlementaires et 6,8% des fonctions ministérielles… et, plus inquiétant, 30 à 50 % des femmes seraient toujours victimes, à des degrés divers, de violences familiales). Il y a aussi des statistiques encore plus terrifiantes des Nations Unies qui témoignent de la tragédie des conditions de vie pour les femmes se trouvant en zone de turbulence (sur 1,3 milliard de personnes vivant dans la pauvreté, 70% sont des femmes ; près de 80% des 27 millions de réfugiés recensés dans le monde sont des femmes et des enfants ; beaucoup des victimes des conflits civils sont des femmes et des enfants ; le viol est de plus en plus utilisé comme arme de guerre…).

La recherche et l’information sur la situation et les créations des femmes sont très importantes car, d’une part elles lèvent le voile sur une réalité souvent occultée et, d’autre part elles pourraient permettre, en étant intensifiées, un début de changements qualitatifs dont le monde a le plus urgent besoin.

Annick Miské-Talbot, juillet 1997

49 fiches

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