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Un itinéraire de retour à la terre réussi mais fragile

Le cas d’un couple d’éleveurs de chèvres installés depuis quinze ans en Aveyron

Betty WAMPFLER

05 / 1994

M. et A. sont des "néo-ruraux". D’origine parisienne, ils se sont installés en Aveyron dans la mouvance du mouvement des retours à la terre des années 70. Ils disposaient de peu de capitaux et ont cherché longtemps une terre où s’installer, dans le Sud de la France, pour faire du maraîchage. Finalement, ils n’ont trouvé à acheter qu’une petite ferme très isolée dans l’Est de l’Aveyron.

Le manque d’eau ne permettant pas de faire du maraîchage, ils se sont lancés dans l’élevage de chèvres, en hors sol, les 10 HA achetés avec la maison ne suffisant pas pour nourrir un troupeau.

Les débuts furent difficiles: "étrangers", sans formation agricole, ils sont restés longtemps isolés et n’ont pas obtenu les aides publiques agricoles. Ils ne sont sortis de l’enfermement de la marginalité qu’en 1986, avec l’aide d’une association, l’ADEFPAT (fiche 34)qui leur a permis de réajuster leur projet et de faire une formation sur la fabrication fromagère.

Aujourd’hui, ils produisent 30 000 litres de lait avec un troupeau de 60 chèvres. Ils commercialisent une gamme variée de fromages (de différentes qualités d’affinage), pour partie sur les marchés aveyronnais, pour une autre partie auprès de restaurateurs et de moyennes surfaces locales. Fidéliser une partie de leur clientèle leur a demandé de nombreuses années et n’est jamais définitivement acquis, la concurrence étant de plus en plus rude, surtout sur les marchés. Quant à la grande distribution, ils ne souhaitent pas s’en rendre dépendants, les stratégie de prix qu’elle pratique étant à terme toujours défavorables aux petits producteurs.

Cette forme de commercialisation permet à M. et A. de valoriser le litre de lait à 7frs (livré à une coopérative locale, ce même lait serait payé entre 2,50 et 3frs le litre). Cette bonne valorisation est possible grâce à une qualité de fromage relativement constante, reconnue par les consommateurs et aussi à travers la participation à des concours de fromages. L’entreprise dégage ainsi un revenu de 80 000 frs permettant de subvenir aux besoins de la famille (trois enfants)et, depuis deux ans, d’investir dans le développement de l’exploitation. Ainsi, en 1992, M.et A. ont-ils pu aménager un batiment d’affinage et acheter une voiture frigo. Le projet a été soutenu par des aides agricoles, à travers un PAM (Plan d’Amélioration Matériel)et le Crédit Agricole s’est montré plus confiant, maintenant que l’expérience avait fait ses preuves.

M. et A. prévoient que leurs besoins en revenus vont augmenter , dans un avenir proche, quand les enfants feront leurs études. Mais les moyens d’augmenter ce revenu à partir de leur entreprise sont limités. La taille des batiments disponibles ne permet pas d’augmenter le troupeau; augmenter la production par chèvre entrainerait une forte croissance des charges d’alimentation et donc, une réduction de la valeur ajoutée. Enfin et surtout, au niveau de la commercialisation, les marchés proches sont saturés par la concurrence et n’absorberaient pas une production supplémentaire.

M. et A. ont alors envisagé de prospecter des marchés plus éloignés (Paris, Lyon). Mais ceux-ci supposent un approvisionnement régulier en qualité et en quantité, ainsi qu’une présence physique régulière du producteur pour entretenir la relation avec les clients, toutes choses difficiles à envisager dans leur entreprise actuelle.

Ils ont expérimenté aussi l’idée d’un regroupement de producteurs pour une forme de vente collective sur des marchés éloignés. Là encore, le projet a avorté, faute d’une réelle mobilisation des producteurs intéressés, faute aussi de pouvoir disposer de capitaux suffisants pour une telle entreprise. Chacun des producteurs intéressés a finalement hésité à mettre en jeu un équilibre d’entreprise chèrement acquis, dans un projet collectif à l’avenir incertain et qu’il n’aurait pas maitrisé individuellement. Le problème de revenu de M. et A. reste donc entier.

Palavras-chave

meio rural


, Franca, Aveyron

Comentários

Ce cas est un exemple de retour à la terre réussi, permettant à une famille de vivre dans une zone dépeuplée, où les couples avec des enfants sont rares.

Leur entreprise s’est développée laborieusement, dans un environnement géographique et humain difficile, et l’opiniâtreté a souvent compensé le manque de capitaux et le faible appui institutionnel.

Aujourd’hui, l’entreprise s’avère viable, mais reste très fragile, à divers points de vue: le système de production, en hors sol, dépend fortement des achats extérieurs; la saturation en travail, le manque de capacité d’investissement, la saturation des marchés locaux par une concurrence qui s’intensifie, limitent toute possibilité d’expansion. Des solutions "collectives" envisagées et expérimentées, ont avorté, laissant l’entreprise enfermée dans sa fragilité....

Fonte

Entrevista

ENSAM (Ecole Nationale Supérieure d’Agronomie de Montpellier) - L’ENSAM fait partie depuis janvier 2007 de Montpellier SupAgro qui est née de la fusion de 4 établissements : ENSAM, Centre national d’études agronomiques des régions chaudes (CNEARC), Département industries agroalimentaires régions chaudes de l’École nationale supérieure des industries agricoles et alimentaires (ENSIA-SIARC) et Centre d’expérimentations pédagogiques de Florac (CEP Florac). 2 place Pierre Viala, 34060 Montpellier Cedex 1, FRANCE - Tél. 33 (0)4 99 61 22 00 - Fax 33 (0)4 99 61 29 00 - Franca - www.agro-montpellier.fr - contact (@) supagro.inra.fr

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