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La paix israélo-palestinienne passe aussi par la déconstruction du mythe de l’ennemi - 1

Claire MOUCHARAFIEH

05 / 1994

Né en 1984 dans le but de susciter les conditions d’une réelle coopération entre les peuples israélien et palestinien sur la base de la coexistence, de la solidarité et de l’égalité, le Centre d’Information Alternative produit des informations et des analyses sur la réalité sociale et politique de chacune des deux communautés nationales. L’AIC est une des rares associations israéliennes « mixtes », tant au niveau adhérents que conseil d’administration. Elle édite depuis des années deux bulletins, l’un mensuel « New From Within » (Nouvelles de l’Intérieur), et l’autre hebdomadaire « The Other Front (L’Autre front)plus centré sur le camp de la paix israélien.

Depuis la signature de l’accord cadre israélo-palestinien de septembre 1993, l’AIC, engagé de longue date dans la lutte contre l’occupation, est traversé par un débat de fond sur les conditions de réalisation d’une paix réelle et durable, fondée sur la coopération. Convaincu que la paix ne se réalise pas entre les dirigeants politiques uniquement mais entre les sociétés, l’AIC considère qu’un gros travail reste à faire pour dissoudre les barrières de peur et de haine afin que la « reconnaissance mutuelle » diplomatique s’enracine aux niveaux individuel et communautaire.

Des obstacles importants demeurent : l’ostracisme et l’anxiété des Israéliens sont perpétués par l’éducation et les médias, tandis que la colère et le repli des Palestiniens sont alimentés par chaque nouvelle injustice sur le terrain. Cette double dynamique de défiance renforce les extrémistes dans les deux sociétés. Pour les membres de cette association, le processus actuel s’apparente surtout à une trêve basée sur le pragmatisme politique et l’exclusion.

Une grande partie du mouvement de la paix israélien, plus intéressée par les initiatives exclusivement politiques que par l’éducation à la paix, renforce cette tendance : la séparation des deux peuples, et non leur coexistence, est généralement considérée comme l’unique but du processus de paixen cours. Pour l’AIC, cet « idéal » de paix séparée n’est pas viable à tous points de vues : d’abord parce qu’il se fonde sur l’a-priori que le soupçon et la haine sont indépassables, alors qu’ils perpétuent le conflit; ensuite parce que l’avenir des deux nations est inévitablement entrelacé (partage de la terre, de l’eau et des ressources); enfin, car il tourne le dos aux réalités géopolitiques du XXI ème siècle, lesquelles exigeront une coopération à facettes multiples.

La coopération entre les deux nations sera indispensable, non seulement dans les domaines de l’économie et des infrastructures mais aussi pour promouvoir des alliances éducatives, sociales et culturelles.

A l’heure actuelle, la fragmentation qui caractérise le camp de la paix nuit à l’efficacité du travail. Les groupes souffrent d’éclatement, de cloisonnement et d’absence de stratégies communes: ainsi les groupes implantés dans une région ignorent trop souvent ce qui se fait ailleurs, les groupes de paix constitués sur une base religieuse n’ont pas de contact avec les associations « citoyennes » de dialogue entre jeunes juifs et arabes, etc..

Cette absence d’unité et de coordination empêche toute accumulation d’informations et toute capitalisation d’expériences. Chacun a le sentiment de repartir à zéro, même lorsqu’il ne fait que prolonger des pratiques et expériences antérieures. De plus, les contacts avec les mouvements de paix internationaux sont notoirement insuffisants. Un travail en réseau serait pourtant indispensable, en termes d’ouverture, de partage d’expériences et de confrontation de stratégies, pour enrichir et accroître l’efficacité du camp de la paix et du mouvement de solidarité en Israël/Palestine.

L’AIC a décidé de consacrer une partie de son énergie et son activité à la mise en place d’un projet de recherche, « Construire la paix par la coopération », dont le but est d’améliorer la compréhension de cet « art » de la paix et de développer de nouvelles stratégies. Ce processus de recherche-action vise à accroître l’aptitude du mouvement actuel de la paix à :

  • mettre en question les perceptions destructrices mutuelles pour rompre le cycle de haine et de violence et enrayer la peur et le soupçon mutuels,

  • développer la conscience publique de l’histoire, des cultures et des luttes des deux peuples en travaillant simultanément au rétablissement de l’égalité

  • démontrer aux deux côtés les droits politiques légitimes de l’autre,

  • créer des modèles de coopération basées sur le respect et la vision d’un avenir commun.

L’originalité de ce projet tient notamment à l’importance donnée à l’activité et l’expérience des groupes de femmes israéliennes et palestiniennes, tant pratique que théorique. Depuis des années, les comités de femmes, malgré leur diversité, mettent en pratique l’idée centrale de coexistence. Plus que les autres, elles soulignent l’importance de développer des relations inter-personnelles, à la base, entre Israéliens et Palestiniens, et travaillent concrètement à la déconstruction du mythe de « l’ennemi ». Elles tentent également de redonner un contenant au concept de différence pour qu’il soit compris comme une source potentielle de résistanceet non d’antagonisme, dans la lutte dans l’oppression dans ses formes diverses.

Ce travail de recherche-action, commencé au printemps 1994, doit durer douze à seize mois.

1)Il s’agit d’abord d’accumuler l’information sur tous le s groupes locaux qui ont travaillé pour la coexistence au cours des dix dernières années, afin de dégager les obstacles, les échecs et les progrès accomplis. L’accent sera mis sur les actions visant à transformer les perceptions de l"Autre » dans son propre camp.

2)La deuxième étape (6 mois)consistera à étudier les différents « modèles » d’actions de coexistence, en dégageant notamment l’apport spécifique des femmes (par exemple, The Black Sash en Afrique du Sud, Madre en Amérique Latine et aux Etats-Unis, Belgrade Women in Black etc…). Pour ce faire, des contact seront tissés avec les groupes à l’étranger qui sont actifs dans des processus de réconciliation issus de contextes historiques et politiques diversifiés (Irlande du Nord, Afrique du Sud, Amérique Latine et centrale). Pour faciliter les recherches, le réseau électronique global « PeaceNet » sera également utilisé. La connaissance accumulée et les enseignements tirés seront analysés à la lumière de la réalité israélo-palestinienne, pour déterminer quels savoir-faire et méthodes sont transposables.

3)Les quatre derniers mois seront consacrés à la mise en place d’un « programme » d’actions stratégiques de coexistence et de coopération. Un travail particulier d’élargissement sera fait pour intégrer des groupes, notamment palestiniens, jusque là non impliqués dans cette dynamique.

Palavras-chave

passagem da guerra a paz, educação a paz, sistema de valores, representação do inimigo, prejuizo, reconciliação nacional, rede de cidadãos, solidariedade, arteséao da paz, projeto de desenvolvimento


, Israel, Palestina

dossiê

Construire la paix : éléments de réflexion à partir des pratiques des organisations non gouvernementales et de quelques instances nationales et internationales

Ébauche pour la construction d’un art de la paix : Penser la paix comme stratégie

Fonte

Documento interno

Cette fiche a été rédigée à partir de documents du Centre d’Information Alternative (AIC) présentant le projet et le contexte général dans lequel il se situe. Le CCFD soutient financièrement le projet (bourses d’études).

FPH (Fondation Charles Léopold Mayer pour le Progrès de l’Homme) - 38 rue Saint-Sabin, 75011 Paris, FRANCE - Tél. 33 (0)1 43 14 75 75 - Fax 33 (0)1 43 14 75 99 - Franca - www.fph.ch - paris (@) fph.fr

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