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Des mères du monde entier s’unissent pour défendre la justice

Claire MOUCHARAFIEH

06 / 1994

L’image des Mères de la place de Mai en Argentine, habillées de noir, tournant inlassablement autour du Palais présidentiel pour exiger la vérité sur leurs enfants disparus, est connue du monde entier. Par leur courage, leur quête inébranlable de justice, leur humanité, elles sont devenues un symbole qui dépasse leur cas personnel. 17 ans après avoir osé défié la dictature militaire du général Videla, celles que l’on surnommait les « folles de la place de Mai » sont toujours debout : leur mouvement continue de dénoncer la violence du régime actuel et ses atteintes aux droits humains et d’exiger que les coupables des crimes passés soient sanctionnés. Par delà leur lutte propre, elles sont aujourd’hui engagées dans tous les combats pour la liberté des personnes et des peuples. Suivant leur exemple, d’autres groupes de mères sont nés dans des pays déchirés par la violence sociale ou politique, la répression ou la guerre.

A l’initiative de SOLMA (Solidarité avec les Mères de la Place de Mai)une première rencontre internationale des mères s’est tenue à Paris en mars dernier. Cette expérience unique dans son genre a permis de rassembler 15 groupes de femmes venant des quatre coins du monde (Amérique Latine et centrale, Sahara occidental, Croatie, Serbie, Bosnie, Israël

Palestine, Espagne, Italie): la plupart ont en commun d’avoir perdu ce qui est le plus cher au monde, un enfant, et de s’opposer à la violence, à la terreur et au fascisme, dans une indépendance totale. Nombre d’entre elles ont été progressivement amenées à s’organiser par désespoir ou pour rompre le silence et l’isolement : ni militantes « professionnelles », ni particulièrement préparées à l’action collective, toutes se sont d’abord levées pour défendre leur vie et celles de leurs proches, puis de fil en aiguille une certaine idée de la justice, de la liberté et de la citoyenneté. En Ukraine, leurs familles souffrent des séquelles de la catastrophe de Tchernobyl. Au Brésil, leurs enfants leur ont été arrachées et ont disparu. Au Pérou, au Guatemala, au Honduras, au Sahara occidental, elles affrontent le terrorisme d’Etat. En ex-Yougoslavie, elles manifestent concrètement leur rejet de la guerre et de la violence militariste en aidant les objecteurs de conscience et les victimes de la purification ethnique. En Israël et en Palestine, elles défendent le droit contre l’arbitraire et l’injustice. En Italie, elles luttent contre la mafia, en Espagne contre la drogue et le militarisme.

Pendant quatre jours, ces femmes ont dialogué, confronté leurs expériences et réfléchi ensemble sur les problèmes vitaux qui les mobilisent. Elles ont réaffirmé leur volonté de continuer leur lutte, avec la certitude, cette fois, de ne plus être seules. La naissance de ce réseau de solidarité, encore informel, repose sur des valeurs communes.

« Puisque certains sèment la mort avec une telle efficacité, nous, femmes, nous nous engageons à semer la vie », proclame leur texte commun. Les mères y affirment, pêle-mêle, le rejet de tous les systèmes d’oppression et de discrimination, du militarisme et de la violence, des dérives nationalistes, mais aussi du libéralisme sauvage qui « donne plus d’importance au profit qu’à la vie humaine » et où « la faim et la pollution font autant de victimes que les armes »… Elles s’engagent à défendre les droits de l’homme en toutes circonstances, la liberté d’expression et le droit à l’information, le droit des minorités à préserver leur langue et leur culture, le droit des réfugiés et le devoir d’asile. Toutes proclament la volonté de se battre pour que l’objection de conscience devienne un droit fondamental en temps de paix comme en temps de guerre …

Quelques exemples

  • Au Brésil, les mères d’ACARI ont assisté à l’enlèvement de leurs enfants qui ont été par la suite séquestrés puis abattus par balles par la police (civile ou militaire)ou par des tueurs professionnels. Ce type de crime est devenu courant au Brésil, surtout dans les couches défavorisées de la société. Depuis 1990, ces femmes se battent pour retrouver le corps de leurs enfants, exiger l’ouverture d’une enquête et la punition des assassins. D’autant que la certitude de leur impunité favorise l’apparition de nouveaux groupes de tueurs organisés qui agissent avec une audace toujours plus grande.

  • Au Guatemala, quelques 3500 veuves tentent de s’organiser pour sortir de la misère. Sans ressources ni qualification, elles doivent désormais gagner leur vie seules et trop souvent, élever des enfants nés des viols de soldats. Depuis 1988, la CONVIGUA est devenu un lieu d’entraide mutuelle qui a valu à plusieurs de ses membres d’être victimes à leur tour de la répression. L’objectif de CONVIGUA : obtenir la démilitarisation effective de la société guatémaltèque.

  • « Les Femmes en Noir » regroupe 7 associations de femmes israëliennes qui tentent d’influencer la politique de leur gouvernement en faveur de la paix. Toutes les semaines, vêtues de noir, elles se regroupent silencieusement aux intersections des routes principales dans les grandes villes, portant des pancartes « Non à l’occupation ». Refusant tout encadrement politique, elles organisent tous les ans une conférence nationale de femmes pacifistes.

  • S’inspirant du modèle israëlien, les « femmes en noir » de Belgrade manifestent silencieusement dans les lieux publics contre la guerre, le militarisme, le nationalisme et la violence à l’égard des femmes. Elles ont aussi mis sur pied un « marathon anti-guerre de Belgrade » qui soutenait les hommes s’opposant au service militaire et les déserteurs revenus du front.

  • A l’initiative des mères de Kiev, « Mama-86 » est née en 1990 pour améliorer et protéger la santé des enfants irradiés ou présentant de graves déficiences immunitaires. En 2 ans, 400 enfants ont été aidés (distribution de substances radio-protectrices, séjours en camps de vacances, programme de détection de la radioactivité de l’eau, développement d’un laboratoire en biochimie incandescente, ouverture d’un laboratoire de recherche pour des tests de dépistage gratuits…)

  • En Italie, « les femmes contre la Mafia » rassemblent des mères de famille victimes de la mafia et qui ont trouvé la force de réagir et de lutter. Dénoncer les responsabilités et les complicités, rompre le silence sur les pratiques criminelles de la mafia, éduquer les jeunes aux valeurs de justice et d’honnêteté, sont leurs principales activités. A plusieurs reprises et malgré les menaces, elles se sont constituées partie civile lors de procès contre de gros bonnets.

Palavras-chave

mulher, violência, Estado e sociedade civil, sociedade civil, violação dos direitos humanos, acesso a terra, paz e justiça, sistema de valores, repressão, solidariedade, rede de cidadãos, papel das mulheres


, Argentina, Guatemala, Brasil, Ucrânia, Israel, Itália, Espanha

dossiê

Construire la paix : éléments de réflexion à partir des pratiques des organisations non gouvernementales et de quelques instances nationales et internationales

Ébauche pour la construction d’un art de la paix : Penser la paix comme stratégie

Quand les femmes se mobilisent pour la paix, la citoyenneté, l’égalité des droits

Fonte

Documento interno

Cette fiche a été rédigée à partir d’un dossier réalisé à l’occasion de la Rencontre internationale des Mères à Paris, organisée par SOLMA, à laquelle participait une quinzaine de groupes de femmes venant du monde entier. Des fiches présentant chacun des groupes sont consultables à SOLMA, 18 rue Nollet, 75017 Paris, FRANCE - Tél : (33) 1 43 87 59 00 - Fax : (33) 1 42 94 09 86 - solma@wanadoo.fr

FPH (Fondation Charles Léopold Mayer pour le Progrès de l’Homme) - 38 rue Saint-Sabin, 75011 Paris, FRANCE - Tél. 33 (0)1 43 14 75 75 - Fax 33 (0)1 43 14 75 99 - Franca - www.fph.ch - paris (@) fph.fr

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