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Le rôle de la société civile dans le processus de paix au Guatemala

André JACQUES, Claire MOUCHARAFIEH

10 / 1994

Rapide historique

La guerre civile au Guatemala dure depuis 30 ans. Elle a creusé un fossé très profond entre deux fractions de la population et créé beaucoup de méfiance. A cela s’ajoute le fait que les populations mayas, pourtant numériquement majoritaires, ont été jusqu’à présent totalement marginalisées.

Des pas ont été franchis dans la reprise du dialogue entre le gouvernement (et donc les militaires) d’une part, le commandement de l’Unité Révolutionnaire Nationale Guatémaltèque (URNG) d’autre part. L’accord de Mexico (avril 1991) permet, avec l’aide de la Commission Nationale de Réconciliation (CNR) de marquer les étapes d’une procédure pour la recherche de la paix par des moyens politiques. Le conciliateur, Mgr Quezada Toruno et le représentant des Nations Unies ont participé aux discussions.

Ces étapes ont été marquées par bien des vicissitudes, des ruptures et des retrouvailles. Un pas essentiel vers la pacification du pays a été franchi le 29 mars 1994 avec la signature de l’« Accord global sur les droits de l’homme » et de l’« Accord sur le calendrier des négociations pour une paix ferme et durable au Guatemala ». Les négociations ont fait un pas de plus et sont entrées dans une phase décisive le 23 Juin 1994 à Oslo, avec la signature d’un accord prévoyant une future « Commission de la Vérité » sur les violations réciproques des droits de l’homme. Encore faut-il au préalable un accord de cessez-le feu définitif, puis un accord de paix en bonne et due forme.

Le partenariat

Pour résoudre un problème complexe de société, il est nécessaire de prendre en compte l’ensemble des composantes et de faire place à toutes les forces politiques et sociales - celles qui doivent participer à l’effort de paix, celles également qui sont encore dans l’expectative ou le doute. C’est ainsi que le processus de paix au Guatemala a mobilisé le gouvernement, la Résistance armée (URNG), l’assemblée de la Société Civile, un conciliateur, un observateur des Nations Unies. Il a été également soutenu et encouragé par les Eglises (l’Eglise catholique a délégué Mgr Quezada Toruno) et par les pays amis (observateurs d’Espagne, des Etats Unis, du Mexique, de Norvège, de Suède du Venezuela).

Le rôle déterminant de l’Assemblée de la Société Civile

Aussi bien les gouvernements et les militaires que les partis politiques ont eu tendance à se considérer comme seuls en cause et investis de tous les pouvoirs. C’est pourquoi l’émergence d’un regroupement de toutes les composantes de la société civile a permis à l’opinion, ceux qui sont les premiers concernés, d’entrer de plein pied dans l’histoire et d’y peser.

a) la composition de l’Assemblée : citons, le comité des associations agricoles, commerciales, industrielles et financières (CACIF); le centre d’Etudes et de Recherche; les Institutions des droits de l’homme; les ONG de développement; les organisations de femmes, de paysans, du peuple maya; les organisations religieuses; l’opposition guatémaltèque (TUOG), les syndicats, les universités.

b) l’apport de l’Assemblée : selon Rigoberta MENCHU « son rôle va bien au-delà de l’Accord final », il s’agit de participer à la future gestion d’une société démocratique. L’action actuelle permet d’affirmer l’existence de la totalité des forces qui concourent à la vie du pays et de les former à exprimer leurs besoins, leurs revendications, leurs propositions. La société civile s’adresse aux deux partis (gouvernement et URNG) et par là-même affirme sa représentativité. Il faudra dépasser le rôle d’instrument historique joué pour l’heure par la Haute Assemblée de la Société Civile.

L’Assemblée de la société civile a également permis aux Mayas de s’affirmer comme interlocuteur reconnu sur la scène nationale et politique. Le prix Nobel (Rigoberta Menchu) a beaucoup aidé. Cette présence rappelle la nécessité de changer, dans la future Constitution, les lois « coloniales » et celles qui concernent l’usage de la terre.

c) Les difficultés rencontrées : elles sont de trois ordres. Il s’agit d’abord de vaincre l’absence historique de communication entre les différentes forces de la nation (marginalisation structurelle des Mayas). Puis de mettre sur pied un mécanisme de vérification pouvant aider (et non résoudre) les problèmes concernant les droits de l’homme et leurs violations, autrement dit bâtir un lieu impartial de dénonciation. Enfin, il faut aborder les questions économiques et leurs implications dans la guerre et les atteintes aux droits de l’homme. Ce travail nécessaire, n’a pas été suffisamment développé pour devenir une force de proposition.

Les consultations parallèles et leur rôle

Jusqu’à présent, trois consultations sous les auspices des quatre Conseils des Eglises, notamment du Conseil Oecuménique et du Conseil Latino-américain, ont eu lieu : Washington, Guatemala-City et Oslo (15 septembre 1994). Ces consultations, auxquelles participaient le secteur civil, le gouvernement, le ministère de la défense nationale, l’URNG les observateurs, Rigoberta MENCHU, le représentant des Nations Unies, et les Eglises, forces invitantes, avaient deux objets :

  • faciliter les échanges, les dialogues, les propositions aux négociateurs,

  • exprimer les volontés de paix sous les contraintes de la négociation officielle.

Palavras-chave

passagem da guerra a paz, negociação, acordo de paz, sociedade civil, Estado e sociedade civil, construção da paz, democracia participativa


, Guatemala

dossiê

Ébauche pour la construction d’un art de la paix : Penser la paix comme stratégie

Expériences et réflexions sur la reconstruction nationale et la paix

Notas

L’auteur de la fiche est le président de l’ACAT (Association des chrétiens pour l’abolition de la torture), dont le siège est à Paris, et du SIDH (Service International pour les Droits de l’Homme), dont le siège est à Genève. Il est également responsable de la question des réfugiés au sein du Conseil Oecuménique des Eglises. Il s’agit d’un des meilleurs connaisseurs français d’Amérique Centale, et particulièrement du Guatemala.

Contact SIDH: 1 rue de Varembé, BP 16, CH-1211 Genève 20 CIC, SUISSE - Tel (41 22)733 51 23 - Fax (41 22)733 08 26.

Fiche rédigée à partir d’un document envoyé suite à l’appel international à contribution lancé par la FPH pour l’organisation de la rencontre internationale sur la reconstruction du Rwanda (Kigali, 22-28 octobre 1994) co-organisée par la FPH et le CLADHO (Collectif des Ligues et Associations de défense des Droits de l’HOmme).

Fonte

Texto original

ACAT (Association des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture) - 7 rue Georges Lardennois, 75019 Paris, FRANCE - Tel: 01.40.40.42.43 - Fax : 01.40.40.42.44 - Franca - www.acatfrance.fr - acat (@) acatfrance.fr

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