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Santé mentale et traumatisme au Rwanda après le génocide

Tentative de partenariat ONG/UNICEF/Ministères pour la rédaction d’un syllabus commun de formation

Florence DA SILVA

02 / 1996

C’est dans un objectif d’harmonisation que la Coordination en santé mentale du Ministère rwandais de la Santé a demandé en février 1996 aux ONG travaillant dans le domaine du soutien psychosocial et du traumatisme de parvenir à la rédaction d’un syllabus commun de formation. Le syllabus est un document donnant les lignes directrices de formation en matière de traumatisme. Dans un premier temps les ONG ont craint qu’on ne leur demande d’aboutir à une formation commune et donc qu’on les lèse de leurs approches théoriques et pratiques spécifiques. Mais il sagissait plutôt de mettre d’accord tous les intervenants sur les grandes lignes des formations et sur leur intensité en fonction des publics visés.

L’objectif était ambitieux car les ONG annonçant un projet de soutien psychologique sont nombreuses. Chacune travaillant avec des publics très différents (agents de santé, encadreurs d’enfants non-accompagnés, enseignants, leaders locaux, associations de femmes etc), le contenu de formation est variable et l’approfondissement des divers sujets aussi. Par exemple on comprendrait mal l’utilité de donner des notions de psychologie développementale à des paysans lors d’une causerie éducative. Chaque ONG a aussi ses stratégies de formation : de deux jours à deux mois de formation, alternance des sessions pratiques et théoriques, suivi sur deux mois ou deux ans, autant de facteurs qui rendaient difficile l’élaboration d’un document commun.

Après deux réunions préparatoires convoquées à l’initiative de Médecins Sans Frontières Belgique, deux journées de travail ont été prévues en présence du Coordinateur en santé mentale, des représentants du département trauma de l’UNICEF et du Centre National du Traumatisme (CNT). Pour éviter la suspension des activités de formation liées au traumatisme, les ONG ont voulu que cette réflexion ait lieu rapidement et soit intensive.

La lecture des projets des différentes ONG et des programmes de formation de l’UNICEF a été rassurante : tous allaient globalement dans la même direction et on découvrait même qu’un document semblait avoir déjà servi de référence à la conception de nombreux projets : l’ouvrage " Children in war " de Everett M. RESSLER et alii, en particulier le chapitre " Psychosocial distress ", dont une traduction en français a été proposée par Médecins Du Monde. Mais l’UNICEF s’est senti remis en cause dans cette démarche. En effet, c’est l’UNICEF qui a formé les conseillers préfectoraux en traumatisme du CNT et qui organise des sessions de sensibilisation de deux jours pour le personnel des ONG ou des publics ciblés par ces ONG dans leurs programmes. Pour l’UNICEF, tout le monde travaillait donc déjà de la même façon puisque la grande majorité des ONG avaient fait appel à ses services. Or la réalité est quelque peu différente : les ONG ont souvent complété les formations de l’UNICEF par leurs propres formations, plus intensives, beaucoup ont assisté aux formations UNICEF à titre d’information. Les travaux de l’UNICEF gardent toute leur valeur, mais les autres partenaires veulent approfondir certaines données, toucher d’autres publics, aborder plus en détail l’aspect clinique. Et surtout, il s’agissait de ne plus se cantonner à la notion de traumatisme ni de syndrome post-traumatique : il fallait prendre en compte par exemple une réaction très développée au Rwanda en raison de la culture, la psychosomatisation. Sans compter les problèmes psychologiques et sociaux liés au deuil, à la perte, au veuvage etc.

Finalement les partenaires sont arrivés à l’élaboration d’un document rappelant dans son introduction le contexte socio-historique, les groupes vulnérables, les approches préventives et curatives cliniques et quelques chiffres sur l’ampleur du problème de santé mentale au Rwanda depuis le génocide. La définition de la santé mentale retenue est celle de l’Organisation Mondiale de la Santé. Trois niveaux de formation ont été définis. Le premier est celui de la sensibilisation de masse. C’est le niveau le plus simple où on se contente d’aborder le traumatisme de guerre (définition, causes, signes et moyens simples dans une communauté pour aider une personne traumatisée). Le second niveau est l’approche communautaire. Les formations de ce niveau concernent les personnes-ressources d’une communauté comme les enseignants, les encadreurs des centres d’enfants non-accompagnés. En plus des notions sur le traumatisme, ils seront formés à la psychologie de l’enfant, de l’adolescent et de l’adulte et initiés à des méthodes thérapeutiques simples : les méthodes d’expression (par le dessin, les jeux, la danse etc). Ce n’est qu’au troisième niveau, celui de l’approche clinique, que la formation est très complète. S’adressant principalement à des agents de santé et au personnel paramédical, cette formation aborde en plus la psychopathologie, les méthodes et l’éthique du counselling, la psychothérapie.

L’existence de ce document ne mènera sans doute pas à des modifications dans les méthodes de travail des ONG qui avaient déjà des programmes en cours et de l’UNICEF. Mais il pourra être une référence pour ceux qui veulent monter de nouveaux projets. Ce n’est pour le moment qu’une trame très large qui ne représente aucune contrainte. Ainsi chacun continuera d’enseigner ce qu’il désire dans le chapitre " traumatisme " ou " méthodes de counselling ". Ce document n’aborde pas les différentes approches théoriques. Il est néanmoins un effort louable de la part des partenaires et sa conception a permis de faire connaître le travail de chacun et de mettre le doigt sur des méthodes de travail variées.

Palavras-chave

conflito étnico, traumatismo psíquico, criança, saúde mental, política de saúde, formação, programa de formação


, Ruanda

Notas

Contact personnel Florence DA SILVA : 89-91 rue Pelleport 75020 Paris, France.

Fonte

Outro

Ce texte a été rédigé à partir des réflexions nées des réunions de préparation de ce syllabus commun (7, 15, 25 et 26 mars 1996), des documents de projet et de formation de l'UNICEF et des ONG <Action Nord Sud>, <Trocaire>, <Compassion International>, <MSF Belgique>, <MSF Hollande>, <Croix Rouge de Belgique>, <Médecins du Monde>, <Centre Canadien de recherche et de Coopération Internationale>, <Association italienne des volontaires de solidarité internationale>

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