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L’eau : Une chance pour la paix ?

Odile ALBERT

11 / 1995

L’eau peut être un élément majeur des relations internationales. Le plus souvent elle renforce les rivalités. Mais elle peut aussi jouer un rôle fédérateur favorisant la coopération régionale.

En 1993, les accords de paix entre Israël et la Palestine ont commencé par des négociations pour un développement économique commun et, en particulier, pour partager les accès à l’eau. Les accords qui ont suivi avec la Jordanie, puis les pourparlers avec la Syrie font une large part au partage de l’eau. Malgré une réelle avancée sur cette question, la restitution par Israël des points d’eau (sources du plateau de Golan, nappes phréatiques de Cisjordanie...)reste encore très polémique.

Cependant, les âpres débats pour savoir qui garde quoi semblent faire place à une position plus constructive. Il s’agit de plus en plus de savoir comment globalement ces pays peuvent coopérer pour assurer leur approvisionnement en eau. Des projets communs entre Israël et la Jordanie voient le jour : barrages sur le Jourdain et le Yarmouk (affluent du Jourdain en Jordanie), creusement du canal entre mer Morte et mer Rouge, usine de traitement des eaux saumâtres du Lac de Tibériade).

Malgré tous les efforts actuels, cette région du Proche Orient manquera d’eau à partir de l’an 2000. Toutes les projections le confirment. Aucun de ces pays ne pourra résoudre seul ce problème. Une vaste coopération régionale, incluant tous les pays et en particulier la Turquie, château d’eau de la région, pourrait permettre de faire face aux besoins du prochain siècle. Dès 1988, la Turquie a proposé à ses voisins arabes de leur acheminer de l’eau par un pipe-line, appelé de façon significative "pipe-line de la paix". Si le projet est réalisable techniquement, il est encore politiquement irréalisable car les tensions restent trop vives pour que les pays arabes puissent accepter de dépendre de leur voisin non arabe sur une matière aussi précieuse que l’eau. Mais, peut-être est-ce une solution à venir.

Le Nil est également un cours d’eau dont les eaux sont très convoitées. Avec ses affluents, il possède assez d’eau pour les besoins des dix pays riverains. Cependant, des tensions extrêmement vives perdurent dans cette région. L’Egypte, le pays le plus peuplé et dont le Nil est l’artère vitale, dépend des neuf autres pays. Cette position a entraîné des décennies de disputes diplomatiques et de menaces réciproques (en particulier avec l’Ethiopie). En février 1994, une rencontre entre les ministres responsables des questions de l’eau a eu lieu en Tanzanie. Cette conférence, Nil 2002, a mis en place une commission d’experts pour établir un plan de partage des eaux du Nil. Ce projet a l’ambition d’aboutir en 2002.

Même dans des régions qui ne souffrent pas de la sécheresse, l’aménagement d’un fleuve international suppose une volonté de coopération entre les pays transfrontaliers. A ce titre, il sera intéressant de voir ce qui va se passer pour le Mékong, fleuve que se partagent six pays de l’Asie du Sud-Est (Chine, Birmanie, Thaïlande, Laos, Cambodge et Vietnam). Par suite des décennies de guerre que cette région a connues, très peu de travaux ont été entrepris sur ce fleuve malgré l’existence d’un Comité d’aménagement créé dès 1957. Depuis que la paix est revenue, ce Comité, devenu Commission du Mékong, a repris ses travaux avec pour mission de "promouvoir une utilisation concertée des richesses du fleuve".

Simultanément, avec l’appui du CRDI canadien, s’est créée une organisation non gouvernementale, le Réseau de recherche pour le développement du Mékong, dont le premier objectif est d’être "un nouveau forum pour la coopération entre les pays du Mékong en vue d’en arriver à une meilleure utilisation de ses ressources en eau et à mieux préserver l’écosystème... Les parties ont reconnu que le Mékong est une ressource commune à exploiter collectivement et que cette coopération contribuera à la paix, à la stabilité et à la prospérité de la totalité des pays".

Fort des résultats des travaux réalisés sur de nombreux autres fleuves, le Mékong pourrait se révéler une occasion unique pour réaliser un équitable partage des eaux entre plusieurs pays tout en respectant les populations et l’environnement.

Palavras-chave

água, política da água, acesso à àgua, paz, acordo de paz, recursos hídricos, conflito internacional, cooperação


, Israel, Jordânia, Síria, Palestina, Oriente Próximo, Turquia, Egipto, Etiópia, África Oriental

Fonte

Livro ; Artigos e dossiês

CHESNOT, Christian, La bataille de l'eau au Proche-Orient, L'Harmattan, 1993 (France); Discorde sur le Nil, par Brian Scudder, paru en français dans Courrier international, n° 184, 11 mai 1994, p. 31; - Le Mékong, un fleuve pour six pays, paru dans Explore, avril 1993, pp. 26-27; - Le Comité du Mékong remis à flot, paru dans Le Mékong, n° 25, mai 1995.

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