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La quête de sens d’un coopérant, selon l’expérience de François Greslou, durant 18 années, au Pérou

Bernard LECOMTE

10 / 1996

Quelques extraits du livre de François Greslou illustrent son parcours de travail, dans diverses institutions, et l’évolution irréversible du sens de son engagement.

(1971)"Enfin, je vais partir comme agronome au Pérou et donner un sens à ma vie en la mettant, au moins pendant deux ans, au service de ceux qui sont dans le besoin; les paysans andins."

(1972)"Il me semble qu’un bon moyen pour intéresser les paysans, les amener à écouter et à recevoir l’aide de notre équipe est de leur montrer qu’il est possible de produire plus. Ce sont des paysans, donc des exploitants agricoles, et il faut les "accrocher" à partir de cet aspect vital pour eux : la production. Pour la Mission, le chemin est donc tout tracé : il faut diffuser et faire adopter ces techniques modernes"...

"Comme mes collègues, je m’habitue peu à peu à cette méfiance des paysans. Mais, tout de même, être obligé de supplier, d’inventer toutes sortes d’artifices pour obtenir de paysans si pauvres, si nécessiteux, qu’ils acceptent de nous écouter et veuillent bien recevoir notre aide, c’est dur à digérer ! C’est vraiment le monde à l’envers; mais n’est-on pas là pour les changer ?"

(1973)"C’est l’organisation des paysans qui est devenue la tâche principale. Le plus important consiste à les aider à ouvrir les yeux sur leur situation d’exploités. Il faut susciter en eux un besoin "supérieur" : devenir des hommes, des citoyens à part entière, les organiser politiquement pour qu’ils puissent défendre leurs droits".

(1980)"Inconsciemment, n’a-t-on pas contribué à créer une situation exactement inverse de celle qu’on avait l’intention de générer ? Nos parcelles collectives, nos coopératives, groupes, comités et autres syndicats répondaient à notre préoccupation de contribuer à un développement pour tous et à renforcer la tradition communautaire des populations andines. Non seulement aucune de ces structures n’a résisté, mais il est à craindre que leur mise en place ait contribué à démanteler la communauté paysanne comme telle." ...

"Et les promoteurs paysans, qu’est-ce qu’ils deviennent dans tout cela ? Ne devaient-ils pas prendre le relais ? Dans les faits, le promoteur n’est plus considéré par les membres de sa communauté comme un paysan à part entière car il est au service et même à la solde du projet. Ne reçoit-il pas une petite indemnité ou des avantages en nature ? Il a donc changé de camp".

(1983)"Pourquoi ? Où est la faille ? Même si on tient compte du grand nombre et de la diversité des demandes formulées par la population - ou plus exactement par des groupes informels plus ou moins nombreux de paysans - notre intervention continue à mettre au centre, à choisir comme angle d’attaque nos propositions, nos solutions, nos actions et notre programmation. Et notre objectif d’appui à l’organisation consiste à faire à peu près la même chose qu’avant, c’est-à-dire transmettre nos savoirs à des paysans ignorants".

(1987)"Le projet (de l’agence d’aide)oblige les techniciens à aller sur le terrain, à prendre contact avec les paysans autour de propositions d’activités qui émanent du projet car ce sont les seules qui comptent. Il faut être efficace, il y a une programmation à respecter, des délais à tenir, des objectifs à atteindre. En fait, le projet ne permet pas d’aller sur le terrain pour y vivre sans rien faire, si on considère qu’observer, écouter, dialoguer, être disponible veulent dire : ne rien faire."

(1988)L’équipe essaie de constituer un fichier des savoirs et des savoir-faire des paysans. "La fiche fournit un bon prétexte pour sortir sur le terrain, sans être sous le joug d’une activité précise à exécuter. Elle permet une relation plus vraie, plus "horizontale" entre le technicien et le paysan; relation qui s’établit autour de ce qui intéresse le paysan, ses pratiques, ses savoirs et non plus à partir des propositions ou conseils du technicien. Grâce à la fiche, les rapports directifs "assistants-assistés" ou "savants-ignorants" peuvent être remplacés par une relation d’échanges entre deux "savants". Et quand, au sein d’un projet, tout le personnel ou presque se met à faire des fiches, la démarche de revalorisation des savoirs paysans n’est plus seulement une petite activité annexe, elle finit par avoir des effets sur l’orientation générale, les axes de programmation et les activités du projet".

(1990)"Mon rôle, en tant que "coopérant-colporteur", a été d’apporter (à ce monde arriéré considéré comme un "vide" à remplir)ce qui, à nos yeux, pouvait lui être utile pour, au début, le développer et, par la suite, pour qu’il se développe. Or, derrière le monde andin (qui boude les unes après les autres nos propositions)(...)se cache un monde qui possède un potentiel propre et global. C’est un "plein". (...)Patient, il nous a toujours accueilli, même s’il ne nous a jamais rien demandé. Force est de constater qu’il n’a qu’un souhait, qu’on le laisse tranquille".

(1993)"Alors que devient le volontaire, le coopérant ? Partant du principe que si les deux parties en présence sont des "pleins", elles possèdent chacune des richesses spécifiques qui pourraient être utiles à l’autre. Pour le moment, le Nord est encore trop orgueilleux pour admettre qu’il est malade, bien trop présomptueux pour accepter une coopération qui viendrait du Sud. C’est le rôle de l’ex-coopérant que de contribuer à inverser (le sens)de la coopération. Redonner son vrai sens au terme "coopérer", c’est à dire "opérer ensemble" (...)"

Palavras-chave

camponês, participação camponesa, conhecimento camponês, agricultura camponesa


, Peru

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Sous un titre qui rebute le lecteur potentiel, ce livre apporte une histoire précise, lucide et documentée du renversement de sens qu’un coopérant attentif aux gens peut opérer dans son engagement de vie ... si son exigence intérieure est celle d’un François Greslou !

Fonte

Livro ; Relato de experiencias

GRESLOU, François, FPH=Fondation pour le Progrès de l'Homme, Le coopérant, missionnaire ou médiateur ? Rencontres de cultures et développement dans les Andes : un témoignage, Syros, 1994 (France)

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