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La longue lutte des femmes au Bangladesh

Catherine GAUDARD

1996

Les femmes qui se battent aujourd’hui pour leurs droits politiques, sociaux et économiques dans le sous-continent indien, y compris au Bangladesh, sont les héritières d’une longue histoire de luttes.

Dans cette région du monde au système patriarcal très fort et où les violences contre les femmes sont particulièrement brutales, des résidus du système matriarcal ont longtemps permis, malgré tout, une certaine reconnaissance du rôle de la femme dans la famille et la vie sociale et politique. A commencer par les femmes-dieux et les femmes prêtres du XIVe siècle, époque où les femmes de la dynastie musulmane royale, bien que cloîtrées, avaient accès à l’éducation, l’administration, la politique du Palais et la guerre. Cependant, la majorité des femmes de cette époque vivait dans des conditions sub-humaines.

Il faut attendre le XIXe siècle pour voir des amorces de changement. Des écoles pour les filles apparaissent en 1849 et, en 1901, on compte 725 femmes engagées dans des professions intellectuelles à Calcutta, capitale du Bengale de l’époque. L’éducation permet à une large couche de femmes bengali de participer au mouvement contre le colonisateur britannique. A toutes les étapes de cette résistance (Mouvement du congrès en 1885, Mouvement de non-coopération de Gandhi en 1920, Mouvement de la désobéissance en 1930...), des femmes participent activement. C’est ainsi que, en 1930, des femmes apportaient à Dakha de l’eau salée pour la faire bouillir sur la place publique afin de produire illégalement du sel, au risque de se faire arrêter pour désobéissance par les autorités britanniques. Leur participation à la lutte pour l’indépendance sera l’amorce du mouvement pour leur émancipation.

Le mouvement pour le droit de vote des femmes commence au début du XXe siècle, mené par la Bengal Women’s Society. En 1921, ce mouvement essuie un échec avec le rejet de la proposition de loi en faveur du vote des femmes. Mais, grâce au soutien de nombreux groupes de femmes des villes de la province, la loi, quoique de portée limitée, est approuvée en 1925.

Les femmes bengali participent activement au mouvement révolutionnaire qui est très influencé par le nationalisme conservateur hindou. Dès 1920, alors même qu’elles n’ont pas encore accès à l’éducation, des femmes de la haute société sont les pionnières de la création d’un mouvement syndical, organisant les ouvriers des usines de jute, les balayeurs, les dockers. Ces femmes de l’élite développent ainsi des liens avec la classe ouvrière qui, plus tard, ouvriront la voie à l’établissement du parti communiste. Dans les années 1930, l’idéologie communiste attire de nombreux révolutionnaires. Des femmes s’engagent fortement dans le parti communiste du Bengale, y compris des femmes paysannes, comme Matongini Hazra, devenue une légende vivante. Pendant la famine de 1943, des femmes membres du parti communiste créent la "Mohila Athmarokkha Samity" (Association pour l’autoprotection des femmes)ainsi que de nombreuses cantines, cuisines collectives, écoles pour les enfants des bidonvilles et maisons d’accueil pour femmes divorcées. Cinq mille femmes se rendent au Parlement du Bengale pour remettre une somme d’argent au Premier ministre Fazlul Haque et lui demander de créer des magasins et un système de cartes de rations alimentaires pour les pauvres. Ce système existe encore aujourd’hui. Cette même association obtient l’amendement d’un texte de loi pour punir plus fortement le trafic des enfants et des femmes contre de l’argent qui s’était massivement développé pendant la famine. Dans les années 1940, près de cinquante mille femmes sont membres de cette association.

A la même période, les femmes paysannes s’organisent, y compris les femmes des minorités culturelles. Le mouvement Te-Bhyaga contre l’exploitation féodale et pour la défense des droits des paysans sans terre est lancé par le parti communiste en 1945. Les femmes y contribuent massivement : des milliers de femmes Hajong, Sawtal, Koach, Rajbengshi, armées d’arcs et de flèches, se mobilisent pour revendiquer des terres.

Après la partition du sous-continent et l’absorption du Bangladesh dans le Pakistan, les élites hindoues quittent massivement le pays, laissant dans les écoles de la place que les filles musulmanes s’empressent d’occuper. Elles résistent avec acharnement aux efforts des religieux fondamentalistes de la Ligue musulmane qui, juste après la partition, tentent de fermer les écoles de filles. Elles obtiennent en 1961 une loi musulmane de la famille qui est un progrès remarquable, bien qu’imparfait, dans l’histoire des droits de la femme. Elles participent activement à la lutte pour l’usage du bengali, puis pour l’indépendance du Bangladesh. En 1967, elles se mobilisent massivement et créent les Comités d’action féminine qui deviendront la Bangladesh Mahila Parishad, toujours active aujourd’hui.

Malheureusement, ces femmes qui ont combattu aux côtés des hommes, qui ont permis au mouvement pour l’indépendance d’obtenir de victoires, qui ont été tuées et torturées, ces femmes ne sont pas reconnues dans l’histoire du Bangladesh de cette période où on ne les voit que comme mères, soeurs ou épouses des "Combattants pour la liberté" ou comme victimes de viols. Les mouvements actuels de femmes se mobilisent pour faire reconnaître le rôle actif des femmes dans la révolution.

Depuis l’indépendance du Bangladesh en 1971, la lutte des femmes pour leurs droits n’a pas cessé. Le Parlement compte trente sièges réservés aux femmes. Mais, comme elles sont sélectionnées par le parti majoritaire, leur marge d’indépendance d’opinion et leur rôle dans les décisions du parti sont des plus restreints. Très peu de femmes sont élues en dehors de ces sièges réservés, car elles restent discriminées au sein des partis politiques. Bien que l’on trouve deux femmes à la tête des deux principaux partis, elles ne sont là que comme représentantes de leurs époux ou père assassinés et, loyales au système patriarcal, elles ne font rien pour promouvoir le rôle des femmes. Au contraire, le rôle des femmes dans la vie politique semble reculer, même si leur contribution à l’économie se développe.

Les discriminations contre les femmes sont justifiées par des textes religieux, hindous ou musulmans, anciens mais toujours reconnus par la constitution. Le gouvernement suit des directions contradictoires pour plaire aux pays occidentaux comme aux pays du Moyen-Orient, également grands financeurs du Bangladesh. Ainsi, 10 % des postes gouvernementaux sont réservés aux femmes, mais leurs responsabilités se limitent désormais de plus en plus à un simple travail de bureau.

Palavras-chave

mulher, discriminação das mulheres, organização sindical, organização popular, acesso das mulheres a política, direito das mulheres, religião e política, história, mobilização popular, islã, hinduísmo, organização de mulheres, gênero


, Bangladesh

dossiê

Quand les femmes se mobilisent pour la paix, la citoyenneté, l’égalité des droits

Comentários

De nombreuses ONG, telles BRAC, Proshika, la Grameen Bank, etc., se battent aux côtés des mouvements populaires des femmes pour la défense de leurs droits. Toutefois, le plus important est de leur faire prendre conscience de leur rôle et de leurs droits, une tâche énorme dans un pays où plus de 80 % de la population est illettrée. Les mouvements de femmes et les ONG ont compris que leur développement passe autant par des gains économiques que par la lutte contre le système patriarcal, dans les lois et dans la société.

Fonte

Artigos e dossiês

FALGUNI,Aditi, Women's Political Empowerment : Bangladesh Perspective in. Unnayon Padokkhep, 1995/04 (BANGLADESH), N°2

FDH (Frères des Hommes) - 9 rue de Savoie, 75006 Paris, FRANCE - Tél. : 33 (0)1 55 42 62 62 - Fax : 33 (0)1 43 29 99 77 - Franca - www.france-fdh.org - fdh (@) fdh.org

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