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Contextes socio-économiques des actions de défense des droits en Asie du Sud et du Sud-est

01 / 1996

Malgré la grande diversité des contextes des divers pays d’Asie du Sud et du Sud-Est, les organisations, mouvements sociaux, initiatives spontanées ou institutionnalisées rencontrées lors de ma mission pour Juristes-Solidarités étaient toutes unies dans un même objectif : avec un regard critique mais constructif sur leur société, elles s’investissaient dans un effort permanent pour faire en sorte que ceux qui sont privés tant de la parole que de l’initiative dans la société la prennent. Nombreux parmi les femmes et les hommes que j’ai rencontrés étaient, bien que différents par la langue, le comportement, les vêtements, l’environnement dans lequel ils se trouvaient, porteurs d’un même idéal, d’une même aspiration.

L’existence de nombreux réseaux en Asie ne suffit pas à elle seule à expliquer cette persistance, cette proximité d’analyse et d’action. Cependant elle y contribue sans doute : l’Asie est riche de nombreux réseaux nationaux et régionaux d’organisations et mouvements sociaux, qui permettent dans de multiples domaines des réflexions et des actions coordonnées. Ces réseaux sont le plus souvent rattachés à des réseaux mondiaux. Ceux que j’ai rencontrés, parmi tant d’autres réseaux existants, sont à Bangkok, la Conférence Asiatique pour le Droit au Logement, Asian Regional Resource Center for Human Rights Education (ARRC), et à Hong Kong le Partenariat Asiatique pour le Développement des Peuples (APPD), le Centre for Asian Women (CAW), l’Asia Monitor Resource Centre (AMRC), et le Documentation for Action Groups in Asia (DAGA). Ces réseaux permettent dans des domaines et secteurs très divers de renforcer et d’appuyer les actions entreprises par des organisations nationales, de promouvoir les échanges d’expériences. Toute-fois, le travail remarquable qu’ils effectuent ne couvre généralement pas les questions de pratiques de droit, et chaque initiative demeure souvent très isolée et livrée à elle-même en ce domaine. Les actions au quotidien, rarement documentées, demeurent largement ignorées les uns des autres, et cet isolement est ressenti par leurs protagonistes comme une faiblesse, une limite.

Bien que les systèmes juridiques des différents pays d’Asie, héritage des divers colonisateurs (britanique, hollandais, espagnols et américains)soient très divers, on constate une très grande similitude et proximité dans les analyses et les démarches d’actions liées au(x)droit(s)qui peuvent être résumées à travers deux observations :

Première observation : presque tous les groupes et organisations rencontrés ont une approche critique du droit existant, étant très conscients des véritables fondements des systèmes législatif et judiciaire en place. Cependant, ils ont décidé de les utiliser de manière tactique pour la défense des droits au quotidien, le plus souvent en développant parallèlement d’autres types d’action. Les actions s’appuyant sur le droit existant et le système judiciaire ne sont donc la plupart du temps qu’une petite partie de leurs actions de défense des droits. Mais c’est une partie fondamentale, dans la mesure où elle représente généralement l’occasion de tout un travail d’éducation, de conscientisation des populations privées de droits. C’est par ailleurs un outil précieux de mobilisation et de constitution de groupes de pression sur les autorités. L’action juridique offre enfin un très bon terrain pour légitimer et médiatiser des revendications. Face à des Etats le plus souvent répressifs, qui tolèrent peu ou prou la remise en question des choix économiques, politiques et sociaux qu’ils ont décidés et qui multiplient les lois d’exception pour prévenir de manière totalement arbitraire toute contestation, l’action s’appuyant sur une base juridique, même critique, constitue le moyen qui offre le moins de prise à la répression.

Deuxième observation : malgré la relative unité observée dans les démarches des organisations rencontrées, une différence apparaît, liée à la différence de contexte entre deux grandes catégories de pays (pourtant très différents entre eux): d’une part les pays qui sont sur le terrain, depuis plus ou moins longtemps, d’une croissance économique extrèmement rapide, (Hong Kong, Singapour, et plus récemment Thailande, Malaisie)et où, même si une grande pauvreté subsiste, la course au succès économique semble accessible à tous et domine aussi bien la vie politique, économique et sociale, que les aspirations de la majorité de la population prise par une course individualiste à la réussite. D’autre part des pays comme l’Inde, le Bangladesh, le Sri Lanka et de manière différente, les Philippines, qui, s’ils créent bien aussi des enclaves ou zones de développement industriel, conservent d’immenses poches de pauvreté. Dans ces pays, l’inaccessibilité pour la grande majorité au rêve d’une vie écono-miquement meilleure fait que les initiatives collectives sont le passage obligé de tout espoir d’amélioration des conditions de vie, et qu’il existe par ailleurs davantage d’espace pour une contestation (même réprimée)des choix de société et des inégalités qu’ils génèrent.

Dans la première catégorie de pays, les organisations sont confrontées à un immobi-lisme des populations qui même si elles souffrent de la privation de nombreux droits, ne croient pas dans l’action de revendication et l’initiative collective pour s’approprier ses droits et espèrent toujours pouvoir bénéficier du succès économique. L’accent est donc mis beaucoup plus sur les actions d’éducation, de conscientisation et de services et aide juridique, comme un tremplin pour tenter d’amorcer des actions collectives, que sur les mobilisations revendicatrices de masse. Ces dernières existent néanmoins, et sont d’autant plus impres-sionnantes qu’elles doivent être très fortes et organisées afin de s’imposer et d’accéder à un espace d’expression. Dans la deuxième caté-gorie, la pauvreté et le sentiment d’injustice sont si forts que les mobilisations spontanées ou organisées pour une contestation et une revendication sont presque systématiques dans toute action de revendication de droits. Cela n’exclut cependant pas les actions d’éducation et d’information juridique qui viennent en renfort à ces mobilisations.

Palavras-chave

direito, Estado e sociedade civil, rede de informação, mobilização popular


, Sueste asiático, Ásia do Sul

Fonte

Relatório

GAUDARD, Catherine, Juristes Solidarités, Introduction au rapport de mission Asie, 1994 (France)

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