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Les Cambodgiens face à eux mêmes

Contributions à la construction de la paix au Cambodge

Pierre Yves GUIHENEUF

07 / 1996

L’Asie, depuis un demi-siècle, n’a pas cessé d’être en guerre. Il y a eu les rivalités de partage de zones d’influence suite au second conflit mondial (comme dans le cas de la guerre de Corée), les guerres de décolonisation (Indonésie, Timor, Indochine...), les conflits nationalistes (conflit indo-chinois)ou encore les guerres ethniques (Sri Lanka, Bengladesh, etc.). Depuis les années 80, des guerres d’un nouveau type apparaissent : criminalisation de certains mouvements de contestation, liens étroits avec le trafic de drogue et - plus inquiétant encore - les conflits, souvent inter-ethniques, provoqués par des déséquilibres démographiques. Une analyse géo-politique montre que le conflit cambodgien s’inscrit dans cette histoire et dans les jeux complexes de pouvoir qui s’exercent à l’échelle du continent. Il est donc loin de se résumer à une guerre intérieure : les intérêts défendus dans la région par la Chine, l’Urss et les Etats-Unis conduisirent à une polarisation des tensions et au soutien de divers mouvements de guérilla. Mais depuis l’implosion de l’Urss, le contexte régional s’est détendu et les perspectives d’un apaisement des tensions semblent réelles.

L’analyse des conflits asiatiques montre que le registre militaire est souvent très secondaire dans la tactique des protagonistes. Les Khmers rouges du Cambodge donnent à ce sujet la preuve de leur surprenante capacité d’adaptation. Dès lors, une intervention armée de forces d’intervention ne être qu’insuffisante pour établir une paix durable. Le règlement ne peut être que politique et doit s’accompagner d’une communication entre les acteurs du conflit.

Depuis 1992, c’est sur le terrain économique que se livre la bataille politique du Cambodge. Le conflit s’est "marchandisé" au point que les troupes de Pol Pot achètent des droits de passage à des officiers corrompus ainsi que des voix ou des candidats lors des élections. Une grande importance est donnée par les rebelles à leurs relations avec la population (ils achètent leur nourriture aux paysans, font des cadeaux, rendent de menus services, assurent des fonctions de police ou de justice, etc.). Tout cela coûte cher et a conduit les Khmers rouges à une gestion quasiment capitaliste de leurs ressources naturelles (en particulier la forêt et les pierres précieuses)qui les a mené à mettre sur pied un véritable appareil économique et à établir des échanges avec des milieux d’affaires. Si cette évolution surprenante ne semble pas encore infléchir un discours idéologique qui reste marqué par un refus de la monnaie et du profit, elle a permis aux combattants de développer leurs régions d’implantation et de renforcer leur base sociale. S’ils poursuivent la logique actuelle, les Khmers rouges pourraient ainsi parvenir à unifier certaines des zones sous leur contrôle et obtenir une partition du pays. Dans ce cas, l’exploitation des richesses naturelles de leur pays pourrait n’être que le préalable à la reprise d’une guerre totale.

Le conflit survient dans une société cambodgienne fragile. Trois traits traditionnels concourent à cette fragilité : le respect envers les aînés ou les supérieurs hiérarchiques, qui bloque l’innovation sociale ; la grande superstition et la foi dans les présages, qui traverse toutes les couches de la société ; le système politique monarchique, enfin, contesté par les jeunes générations. dans ce contexte, quel est l’état d’esprit des paysans face aux changements politiques, aux accords de paix ou aux perspectives d’élections ? Les plus âgés, respecteux des hiérarchies et confiants dans leur souverain, continuent de croire en Sihanouk et de penser que la guerre cessera dès qu’il sera de nouveau sur le trône. Les jeunes en revanche, plus émancipés et entreprenants, sont susceptibles de donner leur vote à celui qui saura les séduire. Ce sont parmi eux qu’émergent les opposants à la monarchie, mettant en doute la légitimité et le pouvoir divin de Sihanouk.

Palavras-chave

paz, guerilha, violência, guerra, violência política, passagem da guerra a paz, ONU, acordo de paz, relações internacionais, guerra e economia


, Camboja

Comentários

De ces exposés d’experts français sur la question cambodgienne, on ne voit pas toujours bien quelles pistes pourraient se dessiner pour une recherche de la paix. Pour les auteurs, les dirigeants cambodgiens disposent actuellement (en 1993)d’une importante part de responsabilité dans la reconstruction deleur pays et l’instauration d’une paix durable.

Fonte

Livro

LECHERVY, Christian, PETRIS, Richard, Les amis d'une école de la paix à Grenoble, Les cambodgiens face à eux-mêmes ? , FPH in. Dossier pour un débat, 1993/02 (France), n° 16

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