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Idéologies nationalistes et démocratie en Europe centrale

Claudio CRATCHLEY

04 / 1998

Le nationalisme est une idéologie née dans la première moitié du XIXe siècle et qui présente bien des traits archaïques. En Europe centrale, il peut prendre des formes diverses ; il peut inspirer la croissance moderne d’une société démocratique (Tchécoslovaquie jusqu’en 1938)ou servir à protéger des formes attardées de la vie rurale. Quoi qu’il en soit, la nation a servi au XIXe siècle à intégrer des groupes sociaux hétérogènes, en faisant d’eux citoyens ou sujets des nouveaux États nationaux issus de la Première Guerre mondiale.

Les nationalismes ne mènent pas nécessairement à la violence et à la guerre ; en réalité, ils ont pour but essentiel non pas l’écrasement de leurs adversaires, mais le renforcement du contrôle sur leurs propres partisans. Les dirigeants utilisent le nationalisme dans les guerres, mais elles sont provoquées par d’autres facteurs : les rivalités entre grandes puissances au XIXe siècle, par les idéologies totalitaires au XXe siècle ; et, dans le cas de l’ex-Yougoslavie, par la volonté des communistes de se maintenir au pouvoir en s’abritant derrière l’idéologie grand-serbe et la purification ethnique. Si le nationalisme tua des millions de personnes au XXe siècle, ce ne fut pas par sa nature propre, mais parce qu’il forma avec le totalitarisme soviétique et nazi un mélange détonant. Le nationalisme n’est donc ni spontané, ni naturel. En outre, et contrairement à une idée fort répandue, il serait inexact de parler d’un réveil des nationalités après 1989 : en fait, les nationalismes ont survécu au communisme et n’ont jamais cessé de reparaître chaque fois que les pouvoirs centraux se sont affaiblis.

En 1882, Renan définissait un modèle de nation, valable pour l’Europe de l’époque. En fait, ce qu’il définit ce sont les normes de fonctionnement d’une nation déjà constituée et consolidée. Mais il faut songer aux nations plus modestes, celles d’Europe centrale, paysannes et arriérées, venues tardivement sur la scène politique internationale. L’auteur propose donc une définition plus large. Pour lui, entrer dans une nation, par naissance ou par choix, c’est parler une même langue, partager des valeurs culturelles, participer à une même vision d’une histoire commune ; c’est accepter que l’identité nationale constitue une des plus hautes valeurs de référence dans le domaine du jugement éthique et intellectuel ; c’est s’intégrer dans une communauté mythique qui transcende les classes sociales, les religions, les différences d’éducation. Enfin, sur le plan de l’action quotidienne, c’est entrer dans des réseaux de sociabilité : le nationalisme, ce ne sont pas seulement des idées, mais aussi un mode de vie.

Le dernier chapitre traite sur la protection des minorités. C’est avec les traités de 1919-1920 et la dissolution des empires russe, ottoman et austro-hongrois que les minorités sont devenues un enjeu de politique internationale. Mais leur protection reposa sur des traités internationaux imposés séparément à chacun des nouveaux États et à eux seuls. Elle ne constituait donc pas une règle générale du droit international, bien que le système établi par les traités de paix avait confié à la Société des Nations un droit permanent de contrôle sur les minorités. Dans les années 1930, les traités de protection des minorités seront remis en question par les pays qui avaient été contrains de les signer. Le démantèlement du système de protection internationale a été catastrophique pour toute l’Europe centrale.

En 1945, la protection internationale des minorités n’était pas à l’ordre du jour. La situation restera figée jusqu’à l’effondrement du communisme en Europe.

Palavras-chave

estado nação, nacionalismo, história nacional, identidade nacional, proteção das minorías


, , Europe Centrale

Comentários

L’auteur partage avec d’autres spécialistes du nationalisme tels que Benedic Anderson ou Ernest Gellner l’idée que la nation est une communauté politique "imaginée", car elle repose sur des mythe fondateurs. Aussi, il analyse les "imaginaires" du sang et de l’ethnie, de la langue, de la politique, du sol Or, le mythe participe à la fois du réel et de l’imaginaire, car il est mobilisateur de l’action.

Certes, beaucoup des point de vues de l’auteur sont discutables, mais il ne faut pas oublier qu’il travaille sur une région de l’Europe celle qui s’étend entre l’Allemagne et les frontières de l’ancienne URSS où rien n’est simple, ne serait-ce que par le mélange et l’enchevêtrement des populations, particulièrement dans l’ex Yougoslavie. Les nationalismes, voire les tribus, ont été reconnues coupables des guerres et conflits qui ont ensanglanté dernièrement les Balkans. Lui, au contraire, considère que les nationalismes d’Europe centrale ne sont pas incompatibles avec la démocratie et peuvent beaucoup lui apporter, à condition que l’on sache les reconnaître et les utiliser. Faute d’être forcement partagé, c’est un point de vue qui mérite en tout cas d’être pris en compte

Notas

C.Cratchley est un sociologue chilien, spécialiste des questions touchant les minorités ethniques.

Fonte

Livro

MICHEL, Bernard, Nations et nationalismes en Europe centrale : XIXe-XXe siècle, Aubier, 1995 (France)

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