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L’Union Européenne et la renégociation des Accords de Lomé

La société civile, un acteur oublié à la table des négociations

Ben Abdallah TAOUFIK

01 / 1999

ENDA Syspro 2 est une équipe de l’ONG ENDA Tiers Monde qui travaille dans différents domaines, principalement sur la question de la citoyenneté. Nous n’avons pas actuellement de programmes financés par l’Union Européenne mais le travail que nous menons nous permet de mettre le doigt sur les limites et contradictions de cette institution. J’en parlerai de quelques aspects à partir de notre expérience.

  • Depuis quelque temps déjà, nous sommes engagés dans un processus de mobilisation de la société civile dans le cadre de la renégociation des accords de Lomé.

Nous avons mis en place différents moyens pour cette mobilisation. Tout d’abord, nous organisons avec des acteurs de la société civile sur 8 pays d’Afrique de l’Ouest, des ateliers nationaux auxquels prennent part des acteurs venant d’horizons assez diversifiés (ONG, universités, chercheurs, administrations, etc). L’objectif de ce processus est bien sûr de constituer des groupes de travail qui fassent émerger des propositions cohérentes et de se positionner ainsi comme des interlocuteurs reconnus et pertinents dans le cadre de cette négociation.

Un fait qu’il ne faut pas manquer de signaler: tous les débats menés autour de cette renégociation n’associent quasiment pas la société civile et se passent plus au nord qu’au sud. Ils en restent au niveau des hautes sphères et nous-mêmes, avec tout ce travail qui est mené, nous n’avons pas droit officiellement au chapitre. La Commission n’a même pas acté, ni reconnu notre démarche. Nous essayons donc de manière indirecte d’impliquer des acteurs qui prennent part à la négociation. Par exemple, lorsque nous organisons un atelier, nous invitons des représentants des délégations européennes mais c’est dur. Nous nous apercevons également que lors de ces ateliers, peu de personnes connaissent cette convention de Lomé, ni les enjeux qu’elles représente pour les pays ACP.

  • Ensuite, nous avons constitué un réseau appelé "Forum de la société civile" qui regroupe 5 pays d’Afrique, un des Caraïbes et un du Pacifique. Cette initiative s’inscrit dans la même stratégie que la précédente: créer des forces vives capables d’être des interlocuteurs assis autour de la table des négociations.

Au moment où nous écrivons ce texte, nous savons que des hauts fonctionnaires de la Commission, des politiques, etc vont débarquer ici pour discuter de cette convention. Nous faisons des pieds et des mains pour participer. Nous n’avons rien obtenu encore. Il semblerait que la participation se limite à 4 ONGs pour le Sud.

Par rapport à cela, je voudrais mettre le doigt sur certains aspects de la coopération qui me paraissent véritablement des absurdités et des incohérences totales.

Palavras-chave

cooperação UE ACP, convenção de Lomé


, África Ocidental

dossiê

Mettre la coopération européenne au service des acteurs et des processus de développement

Comentários

  • La Commission n’est pas encore convaincue que la société civile et les organisations qui en émanent soient des interlocuteurs sérieux. Elle les considère comme de simples exécutants d’actions décidées en haut lieu.

  • L’Union européenne parle de la société civile comme d’un partenaire. Mais elle ne reconnaît pas aux organisations le droit ni la légitimité d’avoir une vision, de définir ses objectifs et ses stratégies. Elle lui nie sa spécificité, ses capacités d’actions et de réflexion.

  • La décision d’accorder son crédit à untel plutôt qu’à un autre ne répond pas à une logique qualitative mais , si j’ose dire, à une logique commerciale: on appuie le plus offrant c’est-à-dire celui dont le rapport qualité prix semble le meilleur.

  • La Commission est beaucoup trop enfermée dans une logique de projet. Pas ou peu de place pour la prise en compte des processus. On finance une série d’actions ponctuelles dont on connaît presqu’à coup sûr les résultats. Mais il faudrait aussi accepter de prendre des risques, de financer des erreurs possibles car ce qui est important, ce sont précisément les apprentissages qui peuvent naître au cours d’un processus.

  • Les relations avec l’Union Européenne devraient renforcer les échanges entre les organisations qui travaillent sur un même territoire ou des problématiques identiques. Cela permettrait une construction commune et une plus grande cohérence entre les actions. Mais la Commission, pour des questions de temps et de procédures, négligent cette mise en relation des acteurs au profit d’une gestion contrôlée de chacun pris individuellement pour une action déterminée.

  • Les relations que l’on peut avoir, en tant qu’ONG du Sud, avec l’Union Européenne sont filtrées par deux canaux : soit on doit passer par les Etats et tenter de rentrer par le biais des programmes indicatifs nationaux qui sont de véritables monstres ; soit, on doit se faire reconnaître par une ONG européenne qui devient l’intermédiaire reconnu et exclusif pour l’Union européenne. Nous n’avons pas de possibilité de négociation directe, sauf via la coopération décentralisée, et nous le regrettons .

  • Le discours de la Commission est aussi en proie à des contradictions profondes. Elle fait de la lutte contre la pauvreté son cheval de bataille et des chapitres entiers sont consacrés à ce thème dans les programme indicatif nationaux. Or ces mêmes programmes sont aussi tributaires des mesures d’ajustements structurels imposées par le FMI et la Banque mondiale, mesures qui entraînent de manière massive un appauvrissement des populations. On met alors en place des actions qui visent à masquer un tant soit peu les problèmes sans véritablement s’attaquer aux racines du mal.

Notas

[Fiche produite dans le cadre du débat public "Acteurs et processus de la coopération", appelé à nourrir la prochaine Convention de Lomé (relations Union Européenne/Pays ACP). Lancé à l’initiative de la Commission Coopération et Développement du Parlement Européen et soutenu par la Commission Européenne, ce débat est animé par la FPH.]

Fonte

Texto original

ENDA Syspro 2 (ENDA Système et prospective) - 73 rue Carnot, BP 3370 Dakar, SENEGAL - Tél. : (221) 821 70 37 - Fax : (221) 823 51 57 - Senegal - syspro2 (@) enda.sn

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