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Au risque de naître : maternité et sida

Robert DOUILLET

03 / 2001

Tous les nouveaux nés de mères contaminées par le VIH sont eux-mêmes séropositifs selon les tests de dépistage habituels (ils possèdent tous les anticorps de leur mère) sans pour autant être obligatoirement contaminés.

En France, 80 à 85 % ne seront pas contaminés, mais il faudra attendre pour chacun entre 12 et 18 mois pour en avoir la certitude avec la disparition totale des anticorps maternels. C’est toujours une longue période chargée d’inquiétude et d’angoisses pour la mère, pour la famille proche et pour l’entourage quand celui-ci est au courant et qu’il continue à exister malgré la maladie (ce qui n’est pas toujours le cas, le SIDA ayant un fort pouvoir répulsif...). Pendant cette période, les phases dépressives sont importantes pour les personnes les plus directement concernées.

Si l’enfant est atteint de maladie, celle ci se développe sous deux formes :

- l’une d’évolution très rapide dont le pronostic est sombre (décès avant l’âge de trois ans) touche 10 à 15 % des enfants contaminés ;

- l’autre, d’évolution très lente, voisine de celle observée chez l’adulte. 90 % des enfants peuvent avoir une vie quasiment normale à l’âge de 8 / 10 ans.

Quelle que soit l’évolution, l’annonce de la contamination de l’enfant est toujours traumatisante, entraînant un bouleversement psychique et une désorganisation du mode de vie familial. Heureusement, dans le cas d’une évolution lente de la maladie, la plupart des parents parviennent à surmonter plus ou moins rapidement cette période traumatique de l’annonce du diagnostic.

Mais le cadre troublé de leur mise au monde fait de ces enfants des candidats potentiels à une détresse psychologique intense, ne serait ce que par l’idée traumatisante que leur mère est en sursis, même s’ils ne connaissent pas la réalité de la maladie ou du décès. La mort omniprésente détermine la qualité de la relation parent / enfant.

" L’infection par le VIH ne laisse aucun individu indifférent, car il renvoie chacun de nous à ses propres angoisses, interpelle chacun sur son comportement sexuel et affectif, sur sa relation au plaisir, à l’amour, à la vie et à la mort. Le sida engendre des fantasmes de contamination qui ne sont pas seulement liés à la particule virale elle-même ".

Si ceci se vérifie auprès de l’entourage affectif du malade quelle que soit sa situation personnelle, il s’exprime aussi auprès du personnel soignant, et ce d’autant plus lors d’un accouchement d’une mère séropositive. L’accouchement est vu par les soignants (sages-femmes, infirmières ou docteurs) comme un risque supplémentaire de contamination à cause du sang et du liquide amniotique présents au moment de la naissance ou de l’expulsion du placenta. A cela s’ajoute une incompréhension quasi-générale, une incrédulité et une perplexité vis à vis de ses femmes qui " osent " devenir mères, qui donnent la vie tout en sachant que la leur est fragile et que peut-être elle s’accompagnera d’une mort précoce du nouveau-né ou de l’enfant.

Une telle naissance n’est-elle pas une oeuvre de mort dans l’oeuvre de vie ? Ces femmes ne représentent-elles pas de manière exacerbée l’ambiguïté de la maternité, c’est à dire la force de la pulsion de la vie opposée et liée à celle de la pulsion de mort ?

Cette réaction est d’autant plus fréquente, qu’au yeux d’un certain public, le sida ne frappe encore qu’une frange marginale de la société, dont certains sont coupables de leur maladie (les toxicomanes) d’autres responsables (les homosexuels), même s’il est vrai que certains puissent être innocents (les transfusés, les hémophiles et les enfants)...

Palavras-chave

AIDS, doença, saúde, saúde pública, mulher, criança, psicologia


, Franca

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Marie Cécile Moulinier est sage femme et docteur en psychologie. Cette double compétence lui a permis d’enclencher un travail de recherche auprès de trois femmes atteintes du virus du sida mais qui souhaitaient mener à terme leur grossesse. Elle les a suivies pendant 5 ans, d’abord en milieu hospitalier avant leur accouchement, puis à leur domicile.

L’ouvrage présenté est le résultat de sa recherche auprès de ces trois femmes à l’histoire douloureuse. Avec beaucoup de pudeur, elle évoque leurs craintes et leurs espoirs, leurs désirs et leurs souffrances, mais aussi leur place dans le milieu hospitalier et plus largement dans notre société moderne. Elle analyse ce que peut être le désir d’enfants pour une femme qui se sait séropositive : N’est ce pas naturel de faire des enfants comme les autres femmes, ou comme sa propre mère ? ou est ce un défi adressé à la mort ?

L’ouvrage dans son ensemble est assez facile à lire malgré quelques paragraphes un peu difficiles pour celui qui n’a pas de formation ou de connaissance particulière en psychologie. On sort interpellé de sa lecture, notre regard sur ces femmes étant sûrement plus compréhensif, notre connaissance de la maladie étant plus approfondie en particulier grâce à d’importants apports sur ses conséquences psychologiques sur le malade, son entourage ou ... sur nous même.

Mais malgré son travail de longue haleine, l’auteur n’a pas su nous passionner : la condition humaine de ces trois femmes nous reste encore étrangère, la gravité de l’épidémie n’est pas présentée avec force, les propositions d’actions ou de réflexions semblent bien faibles... Peut être est ce dû en particulier à une charge émotive insuffisante et à une présentation des choses un peu froide.

Fonte

Livro

MOULINIER, Marie-Cécile, Au risque de naître - maternité et sida, Grasset / Le Monde in. Collection Partage du savoir, 10/1998 (FRANCE), 250 p.

GEYSER (Groupe d’Etudes et de Services pour l’Economie des Ressources) - Rue Grande, 04870 Saint Michel l’Observatoire, FRANCE - Franca - www.geyser.asso.fr - geyser (@) geyser.asso.fr

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