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Le projet ’A l’école de la forêt’

Yolanda ZIAKA

07 / 1993

En 1990, le Ministère français de l’Agriculture et de la Forêt lance en collaboration avec le Ministère de l’Education Nationale l’opération "A l’école de la forêt". Cette opération, renouvellée chaque année, s’adresse aux élèves des écoles primaires. Elle vise à la sensibilisation des enfants aux rapports entre la protection de la forêt et sa gestion et, à travers les enfants, la sensibilisation aussi de leurs parents et du grand public. L’acquisition de connaissances sur le fonctionnement de l’écosystème forestier à travers une approche interdisciplinaire est la voie privilegiéée. Les concepteurs considèrent en effet, que l’ensemble des matières enseignées à l’école peut servir de support à une sensibilisation sur la forêt : en dehors de la biologie, on devrait s’appuyer aussi sur l’instruction civique, la géographie, le français etc. Le principe sur lequel repose toute l’opération est que la protection de la forêt passe par une gestion dynamique qui tient compte de tous les intérêts en jeu : écologiques, économiques, paysagers, sociaux etc.

L’opération consiste en : 1)La formation des enseignants des classes primaires (formation initiale ou continue), où les techniciens de la forêt servent de "personnes-ressources", 2)L’inventaire, production, diffusion de matériels pédagogiques adaptés aux conditions locales. A ce propos, une "valise pédagogique" comportant des ouvrages de référence sur la forêt, des films, diapositifs et des logiciels de simulation, a été preparée et diffusée dans les écoles (en 400 exemplaires en 1990-91). 3)Les actions sur le terrain avec les classes. Il peut s’agir de parrainage de forêts, de sentiers éducatifs, de participation des enfants à des travaux forestiers etc. Le compte rendu du projet d’une école maternelle montre que les activités menées consistaient essentiellement en des sorties en forêt à divers moments de l’année. Des jeux sensoriels étaient proposés, afin d’apprendre à écouter sans faire du bruit, exercer l’imagination etc. Les enfants ont produit eux-mêmes des articles, des albums et un jeu de société relatant leurs expériences en forêt. L’apprentissage de la protection se faisait à travers la recompense : des jeux était proposés où un comportement "en accord avec le milieu" était recompensé. On voit qu’on est loin ici des objectifs affichés par les concepteurs du projet : les activités sont plus orientées vers des objectifs éducatifs généraux (comme p.ex. exercice de l’imagination)qu’à une initiation à la gestion forestière.

Au niveau national, un Comité de Pilotage assure la gestion générale de l’opération et l’allocation des crédits. Les projets qui sont financés en priorité doivent : - impliquer plusieurs écoles, - intégrer une problématique à long terme (réalisations "durables" comme p.ex. des plantations), - présenter un intérêt pédagogique (implication active des élèves). Le fonds alloué provient, pour le 40 % du Ministère de l’Agriculture et de la Forêt. Le reste provient de services administratifs (comme les Conseils Généraux), d’associations (p.ex. de parents d’élèves), du Ministère de l’Education Nationale et d’une Fondation créée à l’initiative d’une entreprise de cosmetiques (Fondation Yves Rocher).

Selon un bilan de l’opération, établi début 1993, entre 1990 et 1992 : - 80 stages ont eu lieu auxquels ont participé 1000 enseignants, - 2500 classes ont participé à des projets divers, - des réalisations concrètes de protection ont été effectuées : 70 opérations de plantation, création de 100 sentiers en forêt.

Key words

education, environment, forest, environmental protection, teaching, disciplines decompartmentalization, environmental education, primary education, project building


, France

Comments

Cette opération a le mérite de toucher à une série de représentations fausses ou incomplètes, profondement ancrées dans la pensée commune : 1)Le rôle attribué à la forêt est essentiellement ludique (lieu où on passe nos week-ends). Les fonctions remplies par la forêt, autres que les loisirs, comme les fonctions écologiques et économiques sont absentes de la pensée commune. Pourtant, la forêt est le lieu par excellence où on voit des intérêts économiques s’opposent (lieu de loisirs, ou production du bois, ou tracée d’une autoroute, ou urbanisation). 2)L’homme est perçu comme destructeur et la forêt est à conserver sous cloche : le besoin d’une gestion forestière qui justement assure sa protection (par des plantations ou des coupes)n’est pas compris. Le passage du niveau des objectifs au niveau des réalisations concrètes, se fait pourtant difficilement. La notion de la gestion forestière est pourtant assez complexe pour qu’une réflexion soit menée sur son adaptation à des enfants d’âge différent.

Notes

SOURCES : 1)article de H. DABURON dans "Ecole et médias face aux défis de l’environnement", A. GIORDAN et al (éds), 1991 2)Bulletin "A l’école de la forêt" N° 2, N° 3 3)Article de D. DIOT aux Rencontres Ecole et Nature Ile-de-France, "La Forêt", 1991 4)Entretien avec A. TEXIER, membre du Comité de Pilotage

Source

Grey literature

MINISTERE FRANCAIS DE L'AGRICULTURE ET DE LA FORET; MINISTERE FRANCAIS DE L'EDUCATION NATIONALE

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